En réponse à une question de la chaîne Al Arabiya à la Maison Blanche, mercredi, le président Joe Biden a déclaré que son administration envisageait de remettre la milice houthie soutenue par l'Iran au Yémen sur la liste américaine des organisations terroristes étrangères.
Ce serait une mesure positive, et le plus tôt… serait le mieux. Je dis cela parce que l'actuel président américain est connu pour être extrêmement attentif et réfléchi – parfois peut-être un peu trop.
Dans notre monde en transformation rapide, avec des États malhonnêtes et des groupes malveillants en général, la meilleure réponse est peut-être la plus évidente.
Pour un grand nombre d'entre nous, ici dans le Golfe, l'argument ne pourrait être plus simple. En effet, les États-Unis l’ont déjà eux-mêmes démontré. Dans leurs propres déclarations, il y a quelques jours, condamnant une attaque de drone par les Houthis sur Abu Dhabi, la Maison Blanche et le département d'État ont tous deux qualifié ce qui s'est passé dans l’émirat d’«attaque terroriste». Avec tout le respect que je dois aux conseillers très expérimentés, et sans aucun doute extrêmement intelligents, de l'administration Biden, qui d’autre qu'un terroriste ou un groupe terroriste pourrait potentiellement commettre un acte de terrorisme?
Ce n'est même pas comme si les Houthis avaient affirmé que l'attaque d'Abu Dhabi était une erreur et s’en étaient excusés. Bien au contraire, ils s'en sont vantés.
«Avec tout le respect que je dois aux conseillers très expérimentés, et sans aucun doute extrêmement intelligents de l'administration Biden, qui d’autre qu'un terroriste ou un groupe terroriste commet un acte de terrorisme?»
Faisal J. Abbas
Si l'administration Biden remet en effet les Houthis sur sa liste terroriste, une question demeure: pourquoi en ont-ils été enlevés en premier lieu? En février 2021, douze jours avant que la désignation des Houthis comme organisation terroriste par Donald Trump ne soit entièrement annulée, l'aéroport d'Abha dans le sud-ouest de l'Arabie saoudite – une installation civile comme celle d'Abu Dhabi – était attaqué par des drones et des missiles houthis.
D'autres attaques terroristes contre l'aéroport ont suivi en juillet, août, octobre, novembre et décembre, faisant des blessés et des morts. Loin d'offrir un soutien à leur allié et partenaire face à ces ravages, les États-Unis ont en fait retiré les batteries de défense antimissile Patriot du Royaume. Comme nous l’avons déjà souligné dans nos pages, cela équivaut à refuser à Israël l'accès à la technologie Dôme de fer alors qu'il est attaqué par des missiles du Hamas lancés depuis Gaza.
Il est évident que les politiques étrangères de tout pays, même d'une superpuissance mondiale comme les États-Unis, sont en fin de compte motivées par l'intérêt personnel, ce qui rend d'autant plus inexplicable l’abandon par les États-Unis de ses alliés et partenaires. Plutôt que de faire ce qui est le mieux pour l'Amérique, l'administration Biden se tire presque littéralement une balle dans le pied.
Le slogan des Houthis est «Mort à l'Amérique», et ils sont pour le moins honnêtes. Ils ont attaqué la marine américaine à trois reprises en 2016 sous l'administration Obama et, en novembre de l'année dernière, ils ont pris d'assaut l'enceinte de l'ambassade américaine à Sanaa, et pris en otage le personnel local. Aussi, après l'attaque d'Abu Dhabi cette semaine, plus de 50 000 Américains vivant aux EAU représentent désormais une cible.
Ensuite, il y a le pétrole, dont les EAU et l'Arabie saoudite sont les principaux producteurs. L'administration Biden est sous pression chez elle en raison de la hausse des prix du carburant à la pompe. Ses conseillers croient-ils sérieusement que le prix mondial du pétrole – actuellement à son plus haut niveau en sept ans – n'a aucun lien avec la menace pour la sécurité posée par les Houthis, et notamment les attaques contre les infrastructures énergétiques saoudiennes en 2019?
La vérité simple et claire est que l'Amérique a besoin de ses alliés et amis dans la région tels que l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Israël. Les questions sur lesquelles nous ne sommes pas d'accord avec les États-Unis – comme la manière de traiter avec l'Iran et l’ingérence malveillante de ce dernier dans toute la région par le biais de milices qui le représentent – dépassent largement en nombre les domaines dans lesquels il existe un partenariat authentique et précieux. Il est temps que le président américain et ses conseillers s'en souviennent.
Faisal J. Abbas est le rédacteur en chef d'Arab News. Twitter: @FaisalJAbbas
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Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com