PARIS: La candidate LR à la présidentielle Valérie Pécresse a estimé lundi que le ralliement à Eric Zemmour de l'ex-numéro 2 de LR Guillaume Peltier était "un non-événement" car "cela fait des mois qu'il nous avait quittés dans sa tête".
Le député du Loir-et-Cher "voulait faire un coup de 'com'" après avoir soutenu Xavier Bertrand, puis Eric Ciotti lors de la dernière semaine de la primaire de la droite mais "plus personne n'avait confiance en lui", a-t-elle ajouté sur franceinfo.
L'ancien numéro 2 de LR, déchu de toute fonction de direction en mai dernier, "était terriblement isolé" et "ceux qui soutiennent Guillaume Peltier ne gagnent jamais les élections", a-t-elle lancé.
Interrogée sur la possibilité d'un ralliement à Emmanuel Macron, comme prédit par Guillaume Peltier, elle a assuré que "ce scenario ne se produira pas car je serai au deuxième tour et je vais gagner cette élection présidentielle".
"La vraie droite c'est moi", a-t-elle assuré, "pas un commentateur qui ne sera pas au deuxième tour". Quant à Marine Le Pen, "personne ne pense sérieusement qu'elle peut diriger la France", selon elle.
Valérie Pécresse a toutefois estimé que "toute personne qui représente un véritable courant de pensée doit pouvoir se présenter" à la présidentielle, "c'est évidemment le cas d'Eric Zemmour".
Mais un maire LR soutenant Eric Zemmour "s'exclut de lui même" du parti, a-t-elle averti.
Alors que le texte sur le pass vaccinal va arriver mardi devant le Sénat, celui-ci "va le modifier" pour "le limiter strictement dans le temps" une fois que la pandémie baissera, a-t-elle promis.
Vilipendant de nouveau "l'exercice solitaire du pouvoir" d'Emmanuel Macron qualifié de "pyromane", l'ancienne ministre l'a assuré: sur le régalien "je reprends le flambeau de la droite qui sera dure avec les puissants, les caïds, les voyous".
Alors que "pratiquement un quart des détenus sont étrangers", elle a souhaité "qu'on passe des accords avec les pays d'origine pour qu'ils puissent y exécuter leur peine".
Guillaume Peltier, le transfuge de LR passé chez Zemmour
Guillaume Peltier, ancien numéro 2 de LR rallié à Eric Zemmour, est un défenseur de la "droite sociale" et de la fermeté régalienne passé par l'extrême droite, et progressivement tombé en disgrâce chez LR au fil de ses sorties iconoclastes.
"J’ai toujours été un esprit libre", affirmait dimanche le député du Loir-et-Cher en expliquant son départ tonitruant pour le camp Zemmour, "seul candidat fidèle aux valeurs du RPR".
L'objectif est clair pour le futur directeur de campagne d'Eric Zemmour: faire "l'union de tous les électeurs de droite". "C'est le début d'une vague montante" car "énormément d'adhérents LR veulent que ça change", a-t-il affirmé, en invoquant les "40% qui ont voté" pour Eric Ciotti à la primaire.
Un appel du pied tombé à plat: "Peltier c'est comme la migration des gnous, il revient à son point de départ", a ironisé Eric Ciotti, à l'unisson des réactions acides chez LR rappelant le parcours sinueux de l'ancien dirigeant.
"Opportunisme", "trahison", "pipeau total"... les langues se sont déliées envers celui qui, au sein du parti, était considéré comme "bon orateur" et un "homme de talent" mais enclin à faire "cavalier seul, ce qui en politique n'est jamais bon".
Soutien avant la primaire de Xavier Bertrand, puis d'Eric Ciotti, Guillaume Peltier avait déjà été écarté des instances dirigeants de LR en décembre après un tweet laudateur envers Eric Zemmour.
Avant cela, il avait perdu sa place de numéro 2 pour avoir assuré "porter les mêmes convictions" que le maire de Béziers Robert Ménard, proche du RN, et appelé à rétablir une Cour de sûreté, sans possibilité d'appel, pour les dossiers de terrorisme.
"Il est intelligent, très charmant dans les relations quotidiennes. Mais c'est contredit par des échappées solitaires permanentes", regrettait alors un député LR, en avançant une hypothèse: "Il pense qu'il a un rôle à jouer, veut en être".
Choisi par Nicolas Sarkozy comme porte-parole de sa campagne en 2012, Guillaume Peltier, 45 ans, a depuis fondé plusieurs mouvements, notamment "la droite forte" en 2012 avec Geoffroy Didier, aujourd'hui directeur de la communication de Valérie Pécresse.
Ancien porte-parole des Républicains (2016), puis vice-président du parti sous Laurent Wauquiez, ce père de deux enfants, amateur de balades en nature et de littérature du XVIIe siècle, ne cache pas son admiration pour Edmond Rostand. Mais il revendique aussi une culture populaire, de Johnny Hallyday à Andre Rieu.
Impasse
Séduit dans sa jeunesse par Philippe Seguin, Guillaume Peltier a commencé sa carrière politique au Front national de la Jeunesse, où il milite avec Nicolas Bay.
"Une impasse", écrira-t-il en 2019. Après un passage auprès de Bruno Mégret, le jeune professeur d'histoire devient numéro 2 du Mouvement pour la France du souverainiste Philippe de Villiers.
Changement de cap en 2009 lorsque Xavier Bertrand l'incite à rejoindre l'UMP.
Ce fils d'une laborantine et d'un commis de chantier, qui a grandi dans le quartier populaire de la porte de Vanves à Paris et qui revendique n'être ni énarque ni haut fonctionnaire, prône une droite "sociale, populaire, juste" autour de "valeurs essentielles" que sont "le travail, l'ordre, l'écologie positive".
Chez LR, Guillaume Peltier a fait régulièrement fait grincer des dents, en proposant d'augmenter de 20% les salaires via la suppriession de toute cotisation sociale, de fixer à la dette Covid une "échéance à 100 ans" ou d'évoquer des "points communs" qu'il a vus avec l'ex-ministre socialiste Arnaud Montebourg.
"La prochaine élection présidentielle doit poser les bases d'une contre-révolution du bon sens, du patriotisme", affirmait en mai dernier l'ancien maire de Neung-sur-Beuvron (Loir-et-Cher), qui avait renoncé à se lancer lui-même dans la course des régionales où les sondages donnaient la droite distancée.