PARIS: La candidate de LR à la présidentielle favorable au pass vaccinal, mais des députés de son parti divisés: la droite, si elle est parvenue à embarrasser le gouvernement, est elle-même sur un fil après avoir fait dérailler l'examen du projet de loi.
La ligne semblait claire. Valérie Pécresse avait répété être favorable à la vaccination contre la Covid-19, et son soutien Eric Ciotti avait indiqué qu'il voterait pour le projet de loi instituant le pass vaccinal, nouvel outil de lutte contre la Covid-19 prévu pour le 15 janvier.
Au Palais Bourbon lundi, l'orateur du groupe LR Ian Boucard a déclaré que "la tentation est grande de transformer le vote" en référendum sur la gestion de la crise par l'exécutif. Mais face à la remontée en flèche de l'épidémie, les députés LR feront le choix de "la responsabilité", avait-il promis.
Le patron des députés LR Damien Abad avait assuré que son groupe ne s'opposerait pas au projet de loi: "Nous ne voulons pas tomber, ni dans les thèses complotistes, ni dans les thèses anti-vax, nous laissons ça aux extrêmes".
Las, une partie des troupes n'a pas suivi la consigne. Trente-deux députés LR sur les 36 présents dans l'hémicycle ont voté en faveur des amendements de suppression de l'article 1er clé du projet de loi. Le groupe compte au total 103 membres.
Le Premier ministre Jean Castex ne s'est pas privé de pointer la contradiction, disant devant les députés ne pas comprendre "qu'après qu'un certain nombre de responsables de votre parti se soient prononcés pour le pass vaccinal, qu'hier soir 32 députés aient voté contre".
Après la suspension surprise de la séance dans la nuit de lundi à mardi, lors d'un vote réunissant ces opposants de droite et la gauche, la majorité est tombée à bras raccourcis sur Valérie Pécresse, à ce jour la principale rivale d'Emmanuel Macron pour la présidentielle à en croire les sondages, et qui serait "lâchée" par les députés LR.
"Il y a des divergences assez profondes qui traversent le groupe des LR. Les galonnés autour de Mme Pécresse veulent afficher leur responsabilité mais les troupes font exactement l’inverse de ce que les chefs commandent", a taclé le chef de file des députés Modem, Patrick Mignola.
"Soit Valérie Pécresse a menti en disant qu'elle soutenait le pass vaccinal (...), soit elle disait la vérité (...), mais à ce moment-là, ses troupes ne la suivent pas", selon le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
«Recadrage»
La candidate à l'Elysée et ancienne députée a répliqué en fustigeant "un gouvernement qui n'arrive pas à faire voter un texte essentiel pour lui".
"La droite est une grande famille avec beaucoup de positions, Celle du groupe LR est connue, nous sommes un parti de gouvernement, nous allons gouverner la France dans quelques mois, nous ne nous opposerons pas à ce texte", a ensuite insisté Mme Pécresse devant des journalistes.
"La position de la candidate n'a pas changé. Il faut un débat au Parlement, que le périmètre du pass soit clairement défini et qu'il soit temporaire avec éventuellement une clause de revoyure", abonde l'entourage de la candidate.
"La position est d'ailleurs unanimement partagée par tous les candidats à la primaire", complète la même source, comme pour évacuer la petite musique de la division du camp Pécresse alimentée par l'exécutif.
Aurélien Pradié notamment, secrétaire général des Républicains, fait valoir la "cohérence" de ses votes contre le pass sanitaire puis le pass vaccinal: "Mes convictions, parce que moi, j’en ai, je les assume" face à la majorité.
Selon un participant, il y a cependant eu "une opération de recadrage", lors du comité stratégique du parti mardi.
Damien Abad relativise ces voix discordantes: "On n'est pas un groupe caporalisé" et "quelques-uns attachés aux libertés publiques s’opposeront mais c’est une minorité", assure-t-il.
Le pass vaccinal chez les adolescents continue de hérisser une partie des troupes, confirment les députés Pierre-Henri Dumont et Philippe Gosselin.
Pour M. Abad, "tout est fait par le ministre de la Santé pour provoquer les nôtres car il voudrait qu’au final on s’oppose à ce texte, mais on ne lui fera pas ce cadeau-là".