Valérie Pécresse, l’espoir de la droite pour 2022

Le président français Emmanuel Macron  salue la candidate à l'élection primaire de droite française Les Républicains (LR) Valérie Pécresse à la maison Emile Zola à Medan, le 26 octobre 2021.
Le président français Emmanuel Macron salue la candidate à l'élection primaire de droite française Les Républicains (LR) Valérie Pécresse à la maison Emile Zola à Medan, le 26 octobre 2021.
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Publié le Mercredi 08 décembre 2021

Valérie Pécresse, l’espoir de la droite pour 2022

Valérie Pécresse, l’espoir de la droite pour 2022
  • Pour Emmanuel Macron, la victoire de Valérie Pécresse est une nouvelle inquiétante, source d’interrogations et d’angoisses
  • Au second tour de la présidentielle, les oppositions intransigeantes, de droite comme de gauche, pourraient se liguer contre le président au nom du «tout sauf Macron» et dérouler le tapis rouge à Pécresse

C’est l’un des énormes frissons de cette campagne présidentielle française. Le parti des Républicains vient, à la suite d’un congrès des militants, de choisir une femme pour le représenter dans la course à l’Élysée. C’est une première. Car ce parti, qui a pour ancêtre le général de Gaulle et pour icônes historiques Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, n’a jamais confié à une femme le premier rôle de son combat politique. 

Et voilà qu’après un congrès interne, où seuls les militants dûment inscrits avaient le droit de vote, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, est choisie pour jouer ce rôle inédit pour une femme sous le ciel des Républicains.

Il faut dire que le choix de Valérie Pécresse, s’il rompt de manière spectaculaire le leadership masculin du parti républicain, traditionnellement sur une ligne du respect de l’ordre et un brin libéral autoritaire, donne aussi la preuve aussi qu’il n’est pas mort politiquement, contrairement à ce qui a été constaté par beaucoup à gauche comme à droite. 

De nombreux défis attendent Valérie Pécresse. Le plus important est de souder sa famille politique autour d’elle pour éviter les dissonances d’ego.

Sa capacité à organiser un congrès avec des élections internes incontestables, les multiples débats télévisés auxquels ont participé ses candidats avec calme et détermination, les multiples propositions politiques qui ont été débattues sans concession, ont montré que la droite classique, celle qu’on appelle «la droite de gouvernement», était encore bien vivante et capable de présenter une offre politique distincte.

Les concurrents de cette droite ne se sont pas trompés sur sa capacité à renaître de ses cendres et à faire oublier la triste et scandaleuse séquence dans laquelle l’épisode François Fillon l’avait plongée. Éric Zemmour comme Marine Le Pen ne ratent aucune occasion de faire des appels du pied à cet électorat de Valérie Pécresse que l’on pense sensible à leurs thèses extrémistes sur l’immigration et le vivre ensemble. 

De nombreux défis attendent Valérie Pécresse. Le plus important est de souder sa famille politique autour d’elle pour éviter les dissonances d’ego et les chausse-trappes dont souffre actuellement la gauche et qui brouillent son horizon immédiat. 

L’unité de son parti, un pari non gagné encore comme le comme l’aigreur de son concurrent du deuxième tour de la primaire, Éric Ciotti. Ce sera même le facteur déterminant pour son échec ou sa victoire. D’ailleurs, un homme comme Éric Zemmour, chasseur d’opportunités, ne s’y est pas trompé en appelant ouvertement les électeurs de «son ami Éric Ciotti» à le rejoindre.

À ce stade de la campagne, une conviction est bien installée: si Valérie Pécresse parvient à se qualifier au second tour de la présidentielle face à Macron, éliminant par conséquent l’extrême droite, rien ne pourra réellement s’opposer à son entrée à l’Élysée

Pour Emmanuel Macron, la victoire de Valérie Pécresse est une nouvelle inquiétante, source d’interrogations et d’angoisses. L’actuel président de la République sait depuis longtemps que le danger qui pourrait le priver d’un second mandat ne viendrait ni d’une extrême droite incarnée  par le duo Le Pen/Zemmour – écrasée par un incassable plafond de verre malgré toutes les gesticulations des uns et des autres – ni d’une gauche moribonde et en miettes incapable de se mettre d’accord sur un programme ou un leadership commun, comme le montrent les écarts idéologiques entre l’écologiste Yannick Jadot, l’insoumis Jean Luc Mélenchon, ou la socialiste et maire de Paris, Anne Hidalgo. 

Emmanuel Macron sait que ce danger viendra de cette droite républicaine, qui vient aux yeux des Français de renaître de ses cendres et de porter pour la première fois une femme à sa tête. Et cette réalité, Emmanuel Macron la connaît depuis le début. Ce qui explique son lourd investissement pour cannibaliser les ressources humaines de cette droite, comme il l’avait fait avec ses deux Premiers ministres Édouard Philippe – actuellement en orbite pour 2027 – et Jean Castex, ou des ministres importants comme Bruno Le Maire, au ministère de l’Économie où Gérald Darmanin à l’Intérieur.

À ce stade de la campagne, une conviction est bien installée: si Valérie Pécresse parvient à se qualifier au second tour de la présidentielle face à Macron, éliminant par conséquent l’extrême droite, rien ne pourra réellement s’opposer à son entrée à l’Élysée.

Elle pourrait selon les réflexions du moment bénéficier de deux facteurs essentiels. Dans leurs oppositions intransigeantes envers Emmanuel Macron, de nombreuses forces politiques, de droite comme de gauche, pourraient se liguer contre le président actuel et dérouler le tapis rouge vers l’Élysée à Valérie Pécresse. Cette démarche s’inscrit dans la logique du «tout sauf Macron et sauf l’extrême droite» pour 2022. La candidate de droite permettrait ainsi de mettre fin à l’ère Macron en échappant au scénario du pire portant l’extrême droite au pouvoir.

Un autre facteur encourageant qui pourrait jouer en faveur de Valérie Pécresse qualifiée au second tour de la présidentielle est la tendance actuelle française à envisager d’offrir le pouvoir suprême à une femme pour la première fois. Ce qui était impossible avec Marine Le Pen, icône de l’extrême droite infréquentable, deviendrait souhaitable avec Valérie Pécresse, porte-drapeau de la droite de gouvernement.

Mustapha Tossa est un journaliste franco-marocain. En plus d’avoir participé au lancement du service arabe de Radio France internationale, il a notamment travaillé pour Monte Carlo Doualiya, TV5 Monde et France 24. Mustapha Tossa tient également deux blogs en français et en arabe où il traite de la politique française et internationale à dominance arabe et maghrébine.  

TWITTER: @tossamus

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.