Une exposition à Paris met en lumière les communautés juives du Maroc aujourd'hui disparues

Vallée de Draa, dans la région de Tikirt : Un homme et un enfant en habits traditionnels (Photo, Sarah Assidon-Pinson Collection © Adagp).
Vallée de Draa, dans la région de Tikirt : Un homme et un enfant en habits traditionnels (Photo, Sarah Assidon-Pinson Collection © Adagp).
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Publié le Dimanche 27 septembre 2020

Une exposition à Paris met en lumière les communautés juives du Maroc aujourd'hui disparues

  • Hannah Assouline raconte l’extraordinaire histoire de la découverte d'une image de son père, alors adolescent, dans la collection de clichés du photographe français des années 1930
  • Juifs du Maroc présente une soixantaine de photographies et de dessins en noir et blanc du regretté photographe et peintre Jean Besancenot, qui a fait plusieurs voyages au Maroc et s'est passionné pour la culture du pays

DUBAÏ: La plus grande population juive qui ait existé dans le monde arabe se trouvait au Maroc abritait, dans les années 1940, plus de 250 000 juifs. Une exposition photographique gratuite, qui se tient au Musée d'art et d'histoire du judaïsme (mahJ) à Paris jusqu'en mai de l'année prochaine, offre un rare aperçu de leur vie là-bas.

Juifs du Maroc présente une soixantaine de photographies et de dessins en noir et blanc du regretté photographe et peintre français Jean Besancenot, qui a fait plusieurs voyages au Maroc et s'est passionné pour la culture du pays.

Les photographies exposées ont été prises entre 1934 et 1937. Elles sont intimes et constituent à la fois une représentation documentaire de la communauté juive du Maroc. Des hommes, des femmes et des enfants posent dans des vêtements élaborés, sur un fond neutre, et d'autres sont photographiés alors qu’ils pratiquent des activités quotidiennes de boulangerie, de brasserie et de lecture. Dans son ensemble, l'exposition conserve et présente «un dossier inestimable sur les communautés juives rurales du Maroc qui n'existent plus», selon un communiqué publié par le musée.

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Erfoud, région de Tafilalet, Rouhama et Sarah Abehassera en costume de mariage, mahJ. (Adagp, Paris, 2020) 

L'un des moteurs des Juifs du Maroc est la cocuratrice Hannah Assouline, une photographe française, née en Algérie et résidant à Paris, et qui a plus de trente ans d'expérience dans ce domaine. Cette exposition a un caractère très personnel pour Mme Assouline. En effet, l'une des photographies exposées est celle de son père, un rabbin alors adolescent, Messaoud Assouline, issu d'une famille démunie. La façon dont elle a découvert cette précieuse photographie est une boucle complète et une incroyable coïncidence.

«J'ai rencontré Jean Besancenot en 1985, lorsque mon intérêt pour la photographie est né», a déclaré Hannah Assouline à Arab News, aidée par son assistant Paul pour la traduction. «Dès que Besancenot m'a vue, il a su d'où je venais. Il m'a dit : “Tu viens de Tafilalet (une région du sud du Maroc) et tu es juive”.»

«Je voulais lui acheter des photos, mais je n'avais pas assez d'argent, je ne pouvais pas en acheter beaucoup», poursuit-elle, ajoutant que Besancenot possède 2 800 photographies représentant la communauté juive du Maroc. «Il m'a montré plus de 100 photos – toutes de juifs, dont de nombreuses filles et jeunes femmes.»

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Goulmima, région de Tafilalet, Jeune femme en blanc, mahJ. (Adagp, Paris, 2020)

Par hasard, la photographe est tombée sur un cliché de 1935 représentant un très jeune couple marié. Elle a remarqué que le garçon ressemblait à un de ses neveux. Intriguée, elle a acheté la photo, ainsi que six autres pour les offrir à ses frères et sœurs et elle était impatiente de les montrer à sa famille.

«Je suis allée chez mes parents pour leur montrer les photos un vendredi soir, c'est-à-dire le soir de Shabbat», dit-elle. «Mon père était très religieux, il ne voulait pas regarder des photos le jour du Shabbat. Quand il a finalement accepté, il a dit en arabe: «C'est moi!» Il n'avait jamais vu cette photo auparavant – il lui a fallu cinquante ans pour la découvrir. Il a traversé l'exil, la guerre, a déménagé dans un nouveau pays avec une nouvelle histoire et, à la fin, il a découvert cette photo!»

Il s’avère que le père d'Hannah Assouline, alors âgé de 13 ans, timide et pieds nus, jouait le rôle d'un marié et a été photographié à Erfoud, un des centres de la vie juive marocaine à l'époque où le pays d'Afrique du Nord était sous protectorat français.

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Erfoud, région du Tafilalet, Messaoud Assouline (Tinghir, 1922 - Jérusalem, 2007), 13 ans, en costume de marié. 

Besancenot a exploré et documenté ces régions fermées à la suite d’une demande du ministère des Affaires étrangères et du Musée de l'Homme à Paris, alors nouvellement construit. Ils lui ont demandé de réaliser un travail ethnographique – à travers des notes détaillées, des films et des dessins en couleur – sur les vêtements traditionnels marocains. Dans la promotion faite autour de l'exposition, le musée note que les costumes et les parures féminines ont un «répertoire parfois commun avec celui des femmes musulmanes».

La présence de femmes juives domine l'œuvre de Besancenot. Leurs imposantes coiffures et leurs volumineuses superpositions de colliers, boucles d'oreilles et bracelets étaient au cœur de leur identité, de leur beauté et, dans certains cas, de leur statut social. «Sur certaines photos, vous verrez des femmes portant des vêtements usés et déchirés, mais elles portent encore tous leurs bijoux», note Mme Assouline.

«J'aime les photos, parce que Besancenot était un véritable humain», a-t-elle déclaré à propos des œuvres du photographe. «Il a pris des photos sans jugement. Elles sont très sensibles et il était très proche des modèles. Il venait souvent au Maroc pour y rencontrer les gens. Ce n’est pas un travail unique, il venait jour après jour pour parler avec tout le monde, et puis il prenait des photos. Le thème de l'exposition se déroule entre 1934 et 1937, mais il a continué de venir au Maroc. Toute sa vie, il a tourné autour de ce pays.»

Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com


«Effroi» du Festival de Cannes après la mort d'une photojournaliste palestinienne

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.  "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film. "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
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  • La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi
  • Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025

PARIS: Le Festival de Cannes a exprimé mercredi "son effroi et sa profonde tristesse" après la mort d'une photojournaliste palestinienne, protagoniste d'un film qui doit être présenté cette année sur la Croisette et de plusieurs membres de sa famille, tués par un missile à Gaza.

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.

"Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP.

Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025. (Elle) est l'une des trop nombreuses victimes de la violence qui embrase la région depuis des mois".

"Le Festival de Cannes souhaite exprimer son effroi et sa profonde tristesse face à cette tragédie qui a ému et choqué le monde entier. Si un film est bien peu de chose face à un tel drame, (sa projection à l'Acid à Cannes le 15 mai) sera, en plus du message du film lui-même, une manière d'honorer la mémoire (de la jeune femme), victime comme tant d'autres de la guerre", a-t-il ajouté.

La réalisatrice Sepideh Farsi a rendu hommage jeudi dernier à la jeune femme, qui lui racontait, par appels vidéo, la vie à Gaza. "Je demande justice pour Fatem (ou Fatima, NDLR) et tous les Palestiniens innocents qui ont péri", a-t-elle écrit.

Reporters sans Frontières avait dénoncé sa mort, regrettant que son nom "s'ajoute aux près de 200 journalistes tués en 18 mois".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 51.266 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre.


La danse des dauphins, vedette des îles Farasan

L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
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  • L'observation de 5 espèces de dauphins met en évidence la biodiversité
  • Il est vital de coexister avec la vie marine, déclare un pêcheur local

RIYADH : L'observation de plus de cinq espèces de dauphins a renforcé la réputation des îles Farasan en tant que lieu de visite incontournable pour les amateurs de nature et d'animaux sauvages, a récemment rapporté l'agence de presse saoudienne.

Parmi les espèces observées, les grands dauphins et les dauphins à long bec volent la vedette. Les dauphins à long bec, connus pour leur nature enjouée, s'approchent souvent des croisières de loisir, ravissant les gens par leur charme.

Le pêcheur saoudien Mohammed Fursani, qui navigue dans ces eaux depuis longtemps, y voit un lien plus profond.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).