Dans les années cinquante et soixante, le Liban comptait 16 synagogues. Le Liban était alors le seul pays du monde arabe où le nombre de Juifs avait augmenté après 1948. Néanmoins, la guerre des Six-Jours de 1967, ainsi que la longue guerre civile débutée en 1975, ont poussé les Juifs libanais à quitter le pays.
Aujourd’hui, 29 Juifs seulement vivent toujours au Liban et cachent leur identité. Car les Juifs du Liban ont quitté leur pays à regret, contrairement à leurs coreligionnaires dans d’autres pays arabes. Ils se sont retrouvés pris en étau dans une guerre meurtrière, et n’ont pas eu d’autre choix que de fuir.
Cependant, cette communauté n’a pas oublié le Liban. Loin de là. Il suffit de se promener par exemple autour de la région de Gravesend à Brooklyn, aux Etats-Unis, pour retrouver un petit Liban, celui qu’ils ont emporté avec eux.
Il y a quelques mois, Arab News en français a recherché des membres de la communauté juive libanaise dans la diaspora, et a recueilli leurs témoignages, jusque-là restés inédits. « Mes parents ont veillé à ce que nous sachions qui nous étions, confie ainsi Marcel, à Brooklyn. Nous avons grandi dans une maison libanaise. Nous ne mangeons que de la nourriture libanaise : manakish, knefeh, baklavas. Nous ne cuisinons ni hamburgers ni pizzas. Nous connaissons toutes les chansons libanaises par cœur. Dans notre synagogue, nous chantons des prières juives sur les airs de Fairouz. »
Notre enquête coïncide également avec la publication prochaine d'un livre de l'historien Nagi Zeidan, qui documente la présence de chaque famille juive qui a vécu au Liban. Cette aventure, qui s’étale sur vingt-cinq ans, incarne l’histoire de l’ascension et de la chute d’une communauté. Zeidan confie également à Arab News en français comment il a souscrit au départ aux discours antisémites propagés par le parti social nationaliste syrien, et comment les circonstances de la vie et la maturité l’ont amené à porter un autre regard sur la communauté et à l’aimer.
« Je suis devenu un autre homme, raconte-t-il. Tous mes amis juifs me respectent et je les respecte. Dans quelques semaines mon livre sur l’histoire des Juifs du Liban sera publié en France, ce sera l’aboutissement de vingt-cinq années de recherches. J’espère que mon témoignage laissera des traces et démontrera qu’il existe des ponts entre les hommes, entre les communautés, et qu’un dialogue est possible ».
Pour lire son témoignage et bien d’autres, plongez dans notre enquête exclusive sur les juifs du Liban et leur histoire si singulière.