POINTE-A-PITRE : Le département français de la Guadeloupe, dans les Caraïbes, a accueilli dimanche des renforts policiers partis de la métropole pour faire face à des violences ayant pour origine la contestation de l'obligation vaccinale des soignants, qui a dégénéré en crise sociale d'ampleur.
Aussitôt arrivés, les renforts, comprenant des unités d'élite du GIGN et du Raid, ont participé au démantèlement des barricades formées d'objets hétéroclites et tenues par des groupes de "15 à 50 personnes", selon un responsable de la gendarmerie de Pointe-à-Pitre, le colonel Jean Pierre.
"Grâce aux forces de l’ordre présentes et aux réquisitions de la préfecture, nous avons pu dégager les axes avec des moyens plus importants", a expliqué à l'AFP Eric Dethelot, cadre de Route de Guadeloupe.
Mais la poursuite "des violences urbaines, exactions et autres entraves à la circulation", a conduit le rectorat à suspendre lundi l'accueil des élèves "dans les écoles, collèges et lycées" de la Guadeloupe continentale. "La situation reste incertaine concernant le trafic routier et la possibilité pour les personnels et les élèves de se déplacer sans encombres et en toute sécurité semble compromise à ce stade", indique-t-il dans un communiqué.
Trente personnes seront jugées lundi en comparution immédiate à Pointe-à-Pitre, soupçonnées d'avoir participé aux violences urbaines qui agitent l'île depuis une semaine, a indiqué dimanche soir le procureur de la République, Patrick Desjardins.
Comme la veille, la nuit de samedi à dimanche avait été agitée, entre barrages routiers, incendies et pillages qui ont débouché sur 38 interpellations et fait deux blessés chez les forces de l'ordre.
Ces incidents ont eu lieu malgré un couvre-feu nocturne décrété par le préfet de ce département d'environ 400.000 habitants, situé 600 km au nord-est des côtes d'Amérique du Sud.
"Une nouvelle fois, les forces de police et gendarmerie, mais aussi les sapeurs-pompiers (...) ont fait l'objet de plusieurs tirs d'armes à feu", a dénoncé la préfecture de Guadeloupe, selon qui "des bandes organisées recherchent désormais le chaos".
Des magasins alimentaires et des pharmacies ont été pillés. "A chaque fois, une barricade placée en amont nous empêchait d'avancer", ont indiqué les gendarmes français, qui évoquent aussi des soupçons de "faux appels pour nous attirer ailleurs".
Un poste de police a été incendié à Morne-à-l'Eau (nord).
Le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a qualifié dimanche la situation d'"intolérable et inacceptable", assurant que la réponse de l'Etat serait celle de la "fermeté".
Le Premier ministre Jean Castex doit recevoir lundi soir des élus de l'île pour qu'ils puissent "exposer leur analyse de la situation" et permettre "un dialogue sur les conséquences de l'obligation de vaccination pour les soignants et les pompiers", selon le bureau du Premier ministre.
L'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), syndicat en pointe de la contestation, a appelé samedi "à poursuivre la mobilisation et à renforcer les piquets de revendications populaires".
Au 16 novembre, 46,4% des personnes de plus de 18 ans avaient reçu au moins une injection en Guadeloupe, selon les autorités, un taux largement inférieur à la France métropolitaine.
Un appel à la grève générale en Martinique, l'île française voisine des Antilles, a par ailleurs été lancé pour lundi.