Le discours du roi du Maroc à l’occasion du 46ᶱ anniversaire de la Marche verte fut historique au sens large du terme. Il est de ces discours qui font date et se transforment en repères de l’histoire. Car il vient clôturer une séquence et inaugurer le début d’une autre. Et dresse un bilan politique, économique, diplomatique et sociétal de près d’un demi-siècle de travail, d’investissements et de luttes à tous les niveaux.
D’abord sur la forme. Court, agile, dynamique, ramassé, direct, le roi Mohammed VI a épousé les nouveaux modèles de communication de masse, où les idées doivent être limpides pour être bien comprises, comme des punchlines qui se distinguent dans le brouhaha des réseaux sociaux.
Il s’est exprimé avec une aisance transpirant la détermination, la fermeté, traduisant à merveille une somme de triomphes accomplis au bout de quarante-six ans de lutte nationale et populaire.
Sur le fond, le souverain marocain a livré sa vision d’un Maroc qui a mobilisé depuis des décennies ses ressources pour recouvrer son unité territoriale. Un pays qui a réussi, à la force de travail et d’intelligence, à dompter les vicissitudes de la diplomatie.
Aujourd’hui, avec la reconnaissance internationale de la solution qu’il préconise pour mettre fin à la crise du Sahara occidental, et après le recul et les échecs répétés de milieux qui lui sont hostiles, le Maroc peut lever l’étendard de la victoire. Le droit, l’histoire, et l’implication unanime de tout un peuple lui ont donné une légitimité gravée dans le marbre.
Ce contexte offre au roi la possibilité d’exiger de ses amis et de ses alliés une position claire, sans ambiguïté. Sans doute son discours était-il un message adressé à certaines capitales de l’Europe qui se sont illustrées par un double discours complaisant et une ambivalence opportuniste. Aujourd’hui, le temps est venu de faire tomber les masques et les postures.
Mais l’un des messages coup de poing délivré par Mohammed VI a été quand il a rappelé avec une détermination sans faille qu’au cours de toute l’histoire de ce conflit, il n’a jamais été question de négocier la marocanité du Sahara.
Mustapha Tossa
Et pour arriver à ses fins, le Maroc ne se limitera pas à des déclamations diplomatiques, mais intégrera dans son approche les projets et la coopération économique. Comme si le message envoyé à ces pays à la position gris-claire signifiait en substance: soit vous composez avec le Royaume et toutes ses composantes géographiques, soit il faudra réviser les alliances stratégiques qui nous unissent.
Mais l’un des messages coup de poing délivré par Mohammed VI a été quand il a rappelé avec une détermination sans faille qu’au cours de toute l’histoire de ce conflit, il n’a jamais été question de négocier la marocanité du Sahara. Comme l’a dit très clairement le roi: «Pour le Maroc, son Sahara n’est pas à négocier. Aujourd’hui comme dans le passé, la marocanité du Sahara ne sera jamais à l’ordre du jour d’une quelconque tractation.»
Cette réalité est déjà bien connue des Marocains, mobilisés pour leur cause nationale depuis des décennies, mais le rappel royal en des termes aussi limpides, dans un contexte où la région vit un tournant historique, s’adresse à ceux, notamment en Europe, qui croient encore ou éprouvent une certaine sympathie pour les chimères du séparatisme.
Le Maroc, comme l’a expliqué le roi, avait accepté le principe des négociations sur le Sahara occidental, non pour céder la moindre portion de son territoire, mais pour trouver une issue aux drames humains qui se jouent dans les camps-prisons de Tindouf et qui maintiennent cette région et sa population hors du temps et de l’histoire.
Le rappel royal en des termes aussi limpides, s’adresse à ceux, notamment en Europe, qui croient encore ou éprouvent une certaine sympathie pour les chimères du séparatisme.
Mustapha Tossa
À ceux qui s’attendaient à ce que le roi commente ou réponde à la dernière escalade algérienne contre le Maroc, Mohammed VI s’est montré d’une grande subtilité. Sans jamais nommer les protagonistes de ce conflit, ni faire allusion aux récents échos médiatiques qui entourent cette tension régionale, il a rendu un hommage appuyé aux forces armées royales qui ont agi avec diligence pour que le point de passage d’El Guergarat puisse retrouver son activité normale. Une manière de souligner leur degré de préparation à toutes les éventualités et de louer leur apport dans la protection de la paix et la stabilité régionale.
«Nous rendons un vibrant hommage et exprimons notre considération aux Forces armées royales, à la Gendarmerie royale, à la Sûreté nationale, aux Forces auxiliaires, à l’Administration territoriale et à la Protection civile (…) à défendre l’unité nationale et à préserver la sécurité et la stabilité du pays», a-t-il déclaré.
Mohammed VI a aussi adressé ses vœux et ses souhaits de succès et de prospérité aux cinq peuples du Maghreb. Une manière de souligner que lorsque certains investissent dans les tensions, les ruptures et le chaos, le Maroc n’a d’autres préoccupations que le bonheur et la prospérité des peuples de la région.
Mustapha Tossa est un journaliste franco-marocain. En plus d’avoir participé au lancement du service arabe de Radio France internationale, il a notamment travaillé pour Monte Carlo Doualiya, TV5 Monde et France 24. Mustapha Tossa tient également deux blogs en français et en arabe où il traite de la politique française et internationale à dominance arabe et maghrébine.
Twitter: @tossamus
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.