L’Arabie saoudite à la COP26: des objectifs climatiques ambitieux

Des délégués dans la zone d'action alors qu'ils assistent à la troisième journée du sommet sur le climat COP26 des Nations unies à Glasgow mercredi. (Photo, AFP)
Des délégués dans la zone d'action alors qu'ils assistent à la troisième journée du sommet sur le climat COP26 des Nations unies à Glasgow mercredi. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 08 novembre 2021

L’Arabie saoudite à la COP26: des objectifs climatiques ambitieux

L’Arabie saoudite à la COP26: des objectifs climatiques ambitieux
  • L’Initiative verte saoudienne prévoit que le Royaume vise la neutralité carbone d’ici à 2060
  • Les mesures environnementales prises par l’Arabie saoudite depuis deux ans placent le pays parmi les leaders mondiaux de la lutte contre le changement climatique

Alors que les dirigeants du monde se réunissent à Glasgow pour un sommet crucial sur le changement climatique, la position de l'Arabie saoudite s'est affinée.

Ces deux dernières années, de nouvelles mesures ont été mises en place par le Royaume, avec l’entrée en fonction du prince Abdelaziz ben Salmane, devenu ministre de l'Énergie. L'Initiative verte saoudienne et sa déclinaison moyen-orientale ont confirmé la volonté de faire des questions vertes une priorité de la politique énergétique du Royaume.  De quoi avoir une image assez précise de la position de l'Arabie saoudite à l'approche des pourparlers de la COP26.

L’Initiative verte saoudienne (SGI) a pris deux engagements cruciaux: doubler la quantité de dioxyde de carbone retiré de l'atmosphère d'ici à 2030 grâce à de nouvelles contributions déterminées au niveau national, et atteindre la neutralité carbone dans l'économie du Royaume en 2060. L'Arabie saoudite a également rejoint le Global Methane Pledge («Engagement mondial sur le méthane) pour réduire considérablement la quantité de ce gaz polluant dans l'atmosphère.

Pour le premier exportateur mondial de pétrole également une force pétrochimique majeure – ce sont là des engagements extraordinaires qui contribuent largement à placer le Royaume parmi les leaders mondiaux de la lutte contre le changement climatique.

Ces objectifs seront atteints dans le cadre de l'économie circulaire du carbone (CCE), le cadre mis au point par l'Arabie saoudite et approuvé l'année dernière par les dirigeants mondiaux lors du sommet du G20. Le grand avantage du CCE est qu'il permet à chaque pays d'aborder le réchauffement climatique à sa manière, à son rythme, en tenant compte de sa situation économique nationale.

Un meilleure option que celle de s’enfermer dans des engagements idéologiques – par exemple, décider d'arrêter tout investissement dans les combustibles fossiles – car elle prend en compte l'évolution de la situation mondiale.
 

«La volonté de l'Arabie saoudite de s'orienter vers la transition énergétique est mieux comprise dans le contexte de la stratégie de la Vision 2030, qui vise à diversifier l'économie en s'éloignant de la dépendance au pétrole.»

Frank Kane


Ainsi, tandis que l'Arabie saoudite vise la neutralité carbone d'ici à 2060, elle est également consciente que son économie dépend des exportations d'hydrocarbures et continuera de le faire pendant de nombreuses décennies. Aussi le Royaume se réserve-t-il le droit d'ajuster son objectif net zéro et ses contributions au niveau national (NDCs) en fonction de la demande mondiale de pétrole, de gaz et d'autres produits dérivés des hydrocarbures. C’est parfaitement logique.    

La volonté de l'Arabie saoudite de s'orienter vers la transition énergétique est mieux comprise dans le contexte de la stratégie de la Vision 2030, qui vise à diversifier l'économie en s'éloignant de la dépendance au pétrole. À mesure que le secteur non pétrolier se développera, il pourra représenter un moteur de croissance plus dynamique. Mais jusqu'à ce qu’il devienne le secteur économique dominant, l'économie pétrolière doit rester saine et productive.

Rappelons également que le Royaume ne sollicite pas l'aide financière du reste du monde pour atteindre la neutralité carbone, comme le font certaines économies émergentes. La transition énergétique saoudienne doit s'autofinancer, ce qui nécessite un secteur pétrolier efficace.

L'autre élément clé de la dynamique verte saoudienne est la technologie. Le Royaume est depuis quelques années pionnier en matière de Recherche et Développement (R&D) et dans les investissements réalisés dans l'efficacité énergétique, les nouvelles technologies en matière de moteurs ainsi que d'autres mesures respectueuses de l'environnement, mais il reconnaît que le moment est venu d'intensifier la marche.

Les technologies de capture, d'utilisation et de stockage du carbone nécessitent de gros investissements, alors que le Graal de la transition énergétique – la capture directe du dioxyde de carbone dans l'air – n'en est encore qu'à ses balbutiements. Si la technologie Direct Air Capture (DAC) peut être perfectionnée et étendue, elle constituerait la meilleure manière de réaliser l’objectif de l'Accord de Paris de maintenir l'augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels.

L'objectif 2060 du Royaume peut également être accéléré par les avancées technologiques. Si les techniques du CCUS (Captage, stockage, transport et valorisation du CO2) et du DAC sont suffisamment améliorées d’ici là, il n'y a alors aucune raison pour que l'Arabie saoudite ne puisse pas être neutre en carbone avant sa date butoir.

En somme, c'est un ensemble de mesures assez complet que le Royaume propose à la COP26. Cela suffira-t-il à satisfaire les sceptiques dont la voix se fera entendre à Glasgow? Nous le saurons au cours des prochaines semaines.

 

Frank Kane est un journaliste spécialisé dans le domaine des affaires, ayant remporté de nombreux prix. Il est basé à Dubaï.  Twitter : @frankkanedubai 

Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.