La drôle de campagne de Marine Le Pen

La leader du Rassemblement national (RN) d'extrême droite et candidate à l'élection présidentielle Marine Le Pen  répond aux questions des journalistes lors d'une visite de campagne à La Tour Du Pin, le 21 septembre 2021 (Photo, AFP)
La leader du Rassemblement national (RN) d'extrême droite et candidate à l'élection présidentielle Marine Le Pen répond aux questions des journalistes lors d'une visite de campagne à La Tour Du Pin, le 21 septembre 2021 (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mardi 21 septembre 2021

La drôle de campagne de Marine Le Pen

La leader du Rassemblement national (RN) d'extrême droite et candidate à l'élection présidentielle Marine Le Pen  répond aux questions des journalistes lors d'une visite de campagne à La Tour Du Pin, le 21 septembre 2021 (Photo, AFP)
  • Désireuse de «prendre le temps» d'expliquer son projet, elle avait évoqué des déplacements de deux-trois jours, précisant qu'il n'y aurait pas forcément toute la presse
  • Il s'agit pour Marine Le Pen de «montrer aux Français qu'elle est capable de parler de sujets techniques sur lesquels elle avait largement trébuché en 2017» lors de son débat face à Emmanuel Macron

PARIS: Les routiers, la filière bois. Après un été déjà discret, Marine Le Pen a entamé une drôle de campagne présidentielle, sans presse ou très peu, sur des thèmes spécialisés, ce qui laisse de la place à son potentiel rival Eric Zemmour. 

« On va aller sur le terrain, beaucoup » pour « faire connaître aux Français les mesures que je vais leur soumettre », avait assuré la candidate à l'Elysée en marge de sa rentrée à Fréjus (Var) le 11 septembre. 

Désireuse de « prendre le temps » d'expliquer son projet, elle avait évoqué des déplacements de deux-trois jours, précisant qu'il n'y aurait pas forcément toute la presse. « Mon objectif ce n'est pas le barnum », avait justifié la responsable d'extrême droite. 

Marine Le Pen s'est ainsi rendue mardi dans l'Isère avec des médias locaux et régionaux, pour déambuler sur un marché, partager un déjeuner avec la presse, puis visiter une scierie afin de mettre en lumière la filière bois, « filière profondément écologique ». 

« Il faut aller au plus près des Français » notamment ceux « qui n'intéressent plus la classe politique », explique Marine Le Pen, dont le parti a subi aux élections régionales une forte abstention. 

Mardi dernier, celle qui se présente comme « la candidate des solutions concrètes » avait visité le salon du Transport et de la Logistique (Sitl), avec le seul hebdomadaire spécialisé L'Usine Nouvelle, et promis un « crédit d'impôt péage » aux routiers français, après avoir proposé en 2017 de taxer les camions étrangers. 

Chats 

Il s'agit pour Marine Le Pen de « montrer aux Français qu'elle est capable de parler de sujets techniques sur lesquels elle avait largement trébuché en 2017 » lors de son débat face à Emmanuel Macron, explique le politologue Jean-Yves Camus. 

En outre, « pourquoi jeter ses forces dans la bataille alors que le paysage politique n'est pas complètement sécurisé », ajoute ce spécialiste du RN. Marine Le Pen « ne sait pas encore qui elle va affronter. L'espace médiatique est mangé par le suspense autour de la candidature d'Eric Zemmour, LR n'a pas choisi encore son candidat et la primaire des Verts n'est pas terminée ». 

C'est aussi « un peu le moment médiatique d'Eric Zemmour », admettait récemment le porte-parole du RN Sébastien Chenu. 

Mais un élu du parti considère lui que Marine Le Pen « est dans le déni » de la candidature du polémiste identitaire et qu'« il faut se réveiller » au lieu de faire des « déplacements confidentiels ». 

Pour le candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui doit débattre jeudi soir avec Eric Zemmour, se pose la question de l'envie de Marine Le Pen. « Elle considère que ses chats sont plus importants que la vie politique », a-t-il raillé lundi soir sur LCI. 

Médias  

Difficile de faire aussi une grosse campagne quand les finances du parti sont encore dans le rouge et la dette à 22,9 millions d'euros (en 2019), ce qui limite les possibilités pour le Rassemblement national de trouver des prêts auprès des banques. 

Marine Le Pen a récemment « alerté » Emmanuel Macron sur les difficultés de financement de la campagne présidentielle, où le candidat ne peut plus emprunter d'argent à des banques non européennes --comme le RN en Russie en 2014--, ni à des entreprises privées. 

La discrétion de la candidate du RN contraste avec la couverture médiatique d'Eric Zemmour, qui n'a pas annoncé sa décision pour la présidentielle mais dont une conférence samedi à Nice a pris l'allure d'un meeting politique. 

Crédité de 7 à 11% des intentions de vote, il pourrait faire perdre des points à Marine Le Pen, même si cette dernière est toujours donnée au second tour face à Emmanuel Macron, comme en 2017. 

« C'est mon intérêt de faire durer l'ambiguïté » sur ma candidature, assume le polémiste identitaire, en ironisant sur ses « amis journalistes » qu'il raille pourtant souvent dans ses discours. 

Privé d'émission sur CNews après la décision du CSA de décompter son temps de parole, Eric Zemmour est devenu « candidat au débat » et aux plateaux télévisés. 


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

Short Url
  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Short Url
  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Short Url
  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé.