RIYAD: Il est facile de négliger l’importance du fort Masmak et de son rôle dans l’unification des provinces qui sont devenues l’Arabie saoudite en 1932. Cependant, trois décennies plus tôt, la reconquête de l’imposante citadelle de Riyad par le futur roi Abdelaziz et 63 hommes fut essentielle pour le futur du Royaume.
«Le roi Abdelaziz a failli mourir lors de cette bataille, mais il l’a finalement remportée. L’unification du pays a commencé après sa victoire», explique Saleh S. Binsaif, directeur du musée Al-Masmak, à Arab News. «S’il avait été capturé et tué lors de cette bataille, l’Arabie saoudite n’aurait jamais existé, ou du moins, elle n’existerait pas sous sa forme actuelle. Je pense qu’elle aurait une forme complètement différente.»
Symbole de l’unification de l’Arabie saoudite, le fort Masmak a été le théâtre d’une bataille historique qui a fait pencher la balance du côté de la dynastie Al-Saoud, et a ouvert la voie à l’Arabie saoudite moderne.
Construit en 1865 pendant le second État saoudien, le fort a été baptisé «Masmak», mot arabe qui désigne un bâtiment haut et fort aux murs épais. Il a été la principale base de défense de Riyad, abritant les garnisons qui protégeaient la ville et leurs magasins de munitions.
Le règne de la dynastie Al-Saoud sur le second État saoudien n’a duré que seize ans. Lorsqu’il s’est effondré en 1881, et que la famille Al-Rachid a pris le contrôle, l’ancienne famille régnante a été contrainte de s’exiler au Koweït.
Elle y est restée jusqu’à ce que, aux premières heures du 15 janvier 1902, Abdelaziz ben Abdel Rahmane al-Saoud arrive à Riyad accompagné de 63 hommes. Il demande alors à 23 d’entre eux d’attendre à la frontière au cas où la mission échouerait, puis entre dans la capitale avec les autres pour tenter de reprendre le fort et, en même temps, la ville.
Le groupe saisit sa chance lorsque le gouverneur Rachidi Ajlan, qui occupait le fort à l’époque, sort pour voir ses chevaux. Alors qu’Abdelaziz lance son attaque, les gardes d’Ajlan arrivent, et tentent de le ramener à l’intérieur.
Lors des combats, Fahad ben Jalawi ben Turki, le cousin d’Abdelaziz, jette une lance en direction d’Ajlan, mais celle-ci manque sa cible, et s’enfonce dans la porte du fort. La pointe de la lance y demeure à ce jour et constitue un célèbre symbole de la bataille.
Alors que les combats se poursuivent, les hommes d’Abdelaziz pénètrent dans l’enceinte, et la bataille progresse à l’intérieur de la forteresse. Ajlan est tué et ses hommes se rendent.
Bien que la bataille elle-même puisse être considérée comme brutale et sanglante, Abdelaziz connaissait un grand nombre des soldats qui gardaient le fort, car ils avaient auparavant servi sa famille. Ils ne faisaient que leur devoir en servant Ajlan après que sa famille a pris le contrôle, mais une fois qu’Abdelaziz a reconquis le fort, ils se sont immédiatement rendus et sont retournés servir la famille Al-Saoud.
Un des hommes d’Abdelaziz finit par grimper au sommet de la forteresse, et annonce aux habitants de Riyad qu’Abdelaziz est de retour, et qu’il est désormais émir de Riyad.
Cet événement a marqué le début de son mouvement d’unification dans la péninsule Arabique qui a abouti trente ans plus tard à la fondation du royaume d’Arabie saoudite.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com