Un an après la conclusion des accords d’Abraham, Israël a complètement renoncé à la paix avec les Palestiniens, ce qui nous amène à nous demander si Tel-Aviv est vraiment capable de parvenir à une paix véritable ou s’il ne fait qu’utiliser le discours de la paix pour obtenir ce qu’il veut.
Le mois dernier, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, s’est entretenu avec le président palestinien, Mahmoud Abbas. Nombreux sont ceux qui ont vu dans cette rencontre la possibilité d’une issue après une longue période d’impasse alimentée par l’obstination arrogante du précédent gouvernement israélien, dirigé par Benjamin Netanyahou, inculpé au pénal.
Cette rencontre était la première entre Palestiniens et Israéliens depuis de nombreuses années, fait étonnant pour un pays qui prétend désirer une paix véritable; elle avait donc beaucoup de sens.
Cependant, l’illusion de paix méticuleusement fabriquée par Israël a été brisée cette semaine par le discours haineux habituel de la responsable antiarabe Ayelet Shaked, qui occupe actuellement le poste de ministre de l’Intérieur dans le gouvernement du successeur de Benjamin Netanyahou, Naftali Bennett, le Premier ministre d’Israël. Mme Shaked et M. Bennett, qui sont depuis longtemps des alliés de la droite, ont lancé une campagne qui a pour objectif de diaboliser les Palestiniens, Mahmoud Abbas en particulier.
Depuis que M. Bennett est devenu Premier ministre, au mois de juin dernier, Mme Shaked et lui ont estimé que le président palestinien ne pouvait être tenu pour un partenaire de la paix avec Israël, plutôt que formuler des espoirs sur ce sujet. Mme Shaked est apparue particulièrement brutale lorsqu’elle a déclaré mardi à un public de droite à l’université Reichman à Herzilya : «Abou Mazen [Abbas] verse de l’argent aux terroristes qui assassinent des Juifs et il intente des procès à La Haye contre des soldats de l’Armée de défense d’Israël. Ce n’est pas un partenaire.»
L’illusion de paix méticuleusement fabriquée par Israël a été brisée cette semaine par le discours haineux habituel de la responsable antiarabe Ayelet Shaked.
Ray Hanania
Ce à quoi elle fait référence, mais en travestissant la réalité, c’est que les Palestiniens paient des familles qui ont été brutalisées et décimées par la sanction collective illégale d’Israël. Comme le définit la quatrième convention de Genève, cette punition collective constitue un crime de guerre qui inclut la destruction des biens de civils innocents dont un proche est accusé d’un acte criminel.
Lorsqu’Israël accuse un Palestinien de commettre un crime, qu’il assimile généralement à du «terrorisme», les Israéliens ne se contentent pas de le punir – souvent, ils tuent le suspect —, mais ils étendent cette punition aux proches du suspect en détruisant leurs maisons, et même d’autres, de manière collective.
Il s’agit d’une violation véritablement inhumaine des droits de l’homme de personnes innocentes, qui n’ont absolument rien à voir avec le crime présumé. Leur maison détruite, ces membres de la famille sont jetés à la rue.
L’Autorité palestinienne (AP) intervient pour aider ces familles dont les droits ont été bafoués par le mépris total d’Israël pour les droits de l’homme et l’État de droit international.
Usant de sa puissance auprès des grands médias internationaux, Israël définit cette tentative de l’AP de fournir une aide humanitaire à ces familles comme une façon de «payer les terroristes».
Tout le monde sait que le discours israélien est fondé sur des mensonges, mais il est accepté pour que soit instaurée une fausse paix.
Ayelet Shaked et Naftali Bennett, ainsi que la plupart des Israéliens qui approuvent ouvertement les violations des droits de l’homme comme les punitions collectives, ont également qualifié Mahmoud Abbas et tous les Palestiniens qu’il représente de «terroristes» parce que l’AP s’est tournée vers l’institution qui a offert à Israël son affirmation internationale, l’ONU (Organisation des nations unies, NDLR), pour obtenir son soutien.
M. Abbas s’est adressé à la Cour internationale de justice des nations unies, dont le siège se situe à La Haye, afin d’obtenir justice pour les crimes de guerre commis par Israël dans la bande de Gaza et ses violations des droits de l’homme dans les territoires occupés. Bien sûr, cela est de nature à contrarier tout Israélien de droite et hostile à la paix, comme Mme Shaked et M. Bennett.
Pourtant, en dépit de toutes leurs violations flagrantes des droits de l’homme et des droits civils, leur rejet de l’État de droit international et même leur absence de désir fondamental de paix, certains pensent encore que des dirigeants israéliens comme M. Netanyahou et M. Bennett peuvent apporter la paix.
Tant qu’Israël peut se cacher derrière le mince voile de son discours pacifiste, il peut violer toutes sortes de lois internationales et diaboliser les Palestiniens, tout en prétendant, de manière mensongère, être un artisan de la paix.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur plusieurs fois primé de la mairie de Chicago. Il peut être contacté sur son site Internet personnel à l'adresse www.Hanania.com. Twitter: @RayHanania
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com