PARIS : Après le grand succès de Barbès Café, un spectacle qui rendait hommage à des artistes hommes racontant l’Histoire de l’immigration des années 1950 à 1980, Meziane Azaïche, créateur et directeur du Cabaret Sauvage, a eu l’idée de créer un spectacle de chants et de comédie pour célébrer la femme algérienne.
Intitulé Ne me libérez pas, je m’en charge, et placé sous les thématiques de l’immigration et de l’exil au féminin, ce dernier est programmé du 8 au 25 septembre au Cabaret Sauvage, dans le XIXe arrondissement de Paris.
«Je considère ce spectacle comme un Barbès Café au féminin», nous confie Meziane Azaïche lors de notre rencontre. «Je voulais rendre hommage aux femmes en racontant les histoires des femmes en exil, celles de nos mères et grand-mères depuis trente ou quarante ans, et ce à travers la comédie, le chant et des images d’archives. Il s’agissait de souligner que ces femmes, que l’on imaginait avec beaucoup de clichés, comme soumises et illettrées, ont réalisé un travail extraordinaire, celui d’avoir éduqué leurs enfants qui sont devenus, désormais, des Français revendiquant leurs droits au sein de la société et leur appartenance à la France», ajoute-il.
Un spectacle pour exprimer les combats des femmes
Selon le directeur du Cabaret Sauvage, le spectacle relate le combat mené par les femmes immigrées avec ses réalisations et ses désillusions. Pour lui, que cela soit en France ou sur l’autre rive de la Méditerranée, les chansons traditionnelles fredonnées par les femmes, évoquent les souffrances, les espérances et les désenchantements. «Toutes ces chansons traditionnelles, qui font partie du patrimoine culturel de nos sociétés depuis des générations et dont certaines sont interprétées dans ce spectacle, représentent une des façons pour ces femmes d’apporter de la gaieté dans leur quotidien, mais aussi un moyen pour exprimer leurs conditions et leurs attentes dans les sociétés dans lesquelles elles vivent», nous confie Meziane Azaïche.
Des femmes combatives qui ont lutté contre le racisme, la discrimination, mais aussi pour leur émancipation. De la chanson traditionnelle de la Marocaine, Najat Aatabou, à la pionnière du raï algérien, Cheikha Remitti, aux chants kabyles traditionnels, le spectacle Ne me libérez pas, je m’en charge propose au public des chansons faisant partie du patrimoine musical qui seront reprises par les chanteuses et comédiennes Tanina Cheriet, Nadia Ammour et Samia Diar.
Interrogé par Arab News en français sur le choix des artistes, Meziane Azaïche raconte: «J’ai découvert Nadia Ammour alors qu’elle chantait avec ses sœurs des chansons traditionnelles a cappella que les femmes kabyles fredonnaient en exécutant des tâches ménagères quotidiennes ou lors des cérémonies comme les mariages ou les circoncisions, ou encore pendant la saison de la cueillette des olives dans les champs», révèle-t-il. «J’ai été séduit par sa voix et je lui ai proposé de participer à notre événement en interprétant les chansons programmées pour notre spectacle.»
Le directeur du Cabaret Sauvage assure que le spectacle contient aussi des créations nouvelles proposées au public, lesquelles seront interprétées par Nadia Ammour et Samia Diar. «La chanson La Maison de Noura, écrite par Michel Berger, fait aussi partie de la programmation», précise-t-il.
Histoires de femmes
Tanina Cheriet, la fille du chanteur populaire Idir, l’un des grands maîtres de la chanson kabyle, décédé le 2 mai 2020, interprétera l’histoire de sa mère, des chansons qui racontent la guerre d’Algérie, son indépendance ou encore toutes les formes d’injustices que peuvent subir les femmes, notamment les viols. «Le spectacle Ne me libérez pas, je m’en charge raconte les histoires de ces femmes opprimées, des chansons et des textes qui évoquent le Code de la famille en Algérie, qui régit le statut personnel des femmes et concerne aussi les femmes immigrées. Car même si la loi est promulguée en Algérie, elle concerne aussi toutes ces Algériennes qui vivent en France», nous confie l’initiateur du spectacle, précisant que ce dernier est une création artistique engagée. «Ne me libérez pas, je m’en charge représente la voix des immigrées, ces femmes qui revendiquent le droit d’être libres où qu’elles soient», précise-t-il.
Une première réussie
«J’ai été agréablement surpris par l’accueil réservé par le public lors de notre première, le 8 septembre. Les artistes ont été longuement applaudis», se réjouit Meziane Azaïche. «Je n’ai aucun doute sur la qualité de ce spectacle, j’invite le public à venir nombreux découvrir nos artistes. Ne me libérez pas, je m’en charge est programmé au Cabaret Sauvage jusqu’au 25 septembre 2021.»