Macron demande plus fermeté face aux "comportements inadmissibles" d'Ankara

La présidence turque a aussitôt répliqué contre le président français, ironisant sur le "prétendu Napoléon et sa campagne méditerranéenne" (Photo, Reuters)
La présidence turque a aussitôt répliqué contre le président français, ironisant sur le "prétendu Napoléon et sa campagne méditerranéenne" (Photo, Reuters)
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Publié le Vendredi 11 septembre 2020

Macron demande plus fermeté face aux "comportements inadmissibles" d'Ankara

  • "L'Europe doit avoir une voix plus unie et plus claire" face à la Turquie, a insisté Emmanuel Macron avant le sommet, appelant à la "fermeté" face à des "comportements inadmissibles"
  • La France a clairement affiché son soutien à la Grèce en déployant des navires de guerre et des avions de combat dans la région

PORTICCIO: Le président français Emmanuel Macron et ses six homologues du sud de l'UE ont exhorté jeudi la Turquie à cesser sa politique de "confrontation" en Méditerranée orientale, agitant le spectre de sanctions européennes si Ankara continue à contester les droits d'exploration gazière de la Grèce et de Chypre dans la zone.

"Nous soutenons que si la Turquie ne progresse pas sur la voie du dialogue et ne met pas un terme à ses activités unilatérales, l'UE est prête à élaborer une liste de mesures restrictives supplémentaires qui pourraient être évoquées lors du Conseil européen des 24 et 25 septembre 2020", ont convenu les sept dirigeants dans la déclaration finale du sommet du Med7 (France, Grèce, Italie, Espagne, Chypre, Malte, Espagne, Portugal) qui s'est tenu sur l'île française de Corse.

Les dirigeants européens n'auront "pas d'autre choix" que d'imposer des "sanctions significatives" à la Turquie si celle-ci "refuse d'entendre raison", avait déjà martelé le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis avant le sommet.

La Grèce et Chypre sont en première ligne face à la Turquie, qui revendique le droit d'exploiter des gisements d'hydrocarbures dans une zone maritime qu'Athènes estime relever de sa souveraineté, affirmant, avec ses homologues, qu'Ankara viole le droit.

Ces dernières semaines, ces pays ont montré leurs muscles à coups de déclarations martiales, de manœuvres militaires et d'envois de navires sur zone.

"Pax Mediterranea"

La France a clairement affiché son soutien à la Grèce en déployant des navires de guerre et des avions de combat dans la région, une initiative vivement dénoncée par le président turc.

Citant la Turquie mais aussi la Russie, le président Macron a une nouvelle fois dénoncé jeudi le "jeu hégémonique de puissances historiques" en Méditerranée, de la Libye à la Syrie, et plaidé pour une "Pax Mediterranea".

Il y a de "vrais risques de déstabilisation de la Méditerranée en raison des menaces de la Turquie", a renchéri son homologue chypriote Nicos Anastasiades, appelant l'UE à "utiliser tous les moyens" dont elle dispose pour "éviter un conflit catastrophique pour toute la région".

La France, particulièrement offensive face à la Turquie, tout comme la Grèce doivent encore convaincre des partenaires européens parfois frileux sur l'opportunité d'une riposte alors qu'Ankara menace régulièrement d'utiliser le levier migratoire à l'encontre de l'UE.

"L'Europe doit avoir une voix plus unie et plus claire" face à la Turquie, a insisté Emmanuel Macron avant le sommet, appelant à la "fermeté" face à des "comportements inadmissibles".

La Turquie "n'est plus un partenaire dans cette région", a-t-il ajouté, tout en soulignant son "souhait profond" de "réengager un dialogue fécond".

La France assure bénéficier d'un soutien "croissant" au sein de l'UE face à la Turquie, après s'être retrouvée assez isolée sur ce dossier à l'Otan.

Renouer le dialogue

La présidence turque a aussitôt répliqué contre le président français, ironisant sur le "prétendu Napoléon et sa campagne méditerranéenne" dans un tweet de son directeur de la communication.

Le ministère turc des Affaires étrangères a dénoncé pour sa part les "déclarations arrogantes, dans un vieux réflexe colonialiste" du président français, l'accusant de "mettre en péril" les intérêts de l'Europe.

D'ici le sommet des 24-25 septembre, les Européens espèrent pousser la Turquie à discuter les termes d'un accord avec la Grèce sous médiation allemande.

"Nous voulons envoyer un message clair pour un dialogue véritable. Nous pensons que ce dialogue authentique est possible, nous pensons qu'il est possible de suivre la voie de la désescalade", a déclaré le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, dans une main tendue à Ankara.

"Ces négociations n'ont pas pu reprendre fin août puisque les Turcs ne sont pas revenus à la table des négociations", a souligné l'Elysée.

Les discussions doivent notamment porter sur la délimination des zones exclusives en Méditerranée orientale.

La Turquie exhorte pour sa part l'UE à rester "impartiale", assurant que la menace de sanctions n'aidera "pas à résoudre le problème".

 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".