CLAMECY: L'ancien ministre socialiste du Redressement productif Arnaud Montebourg a déclaré samedi à Clamecy (Nièvre) sa candidature à la présidence de la République afin d'impulser une "remontada" de la France, s'estimant "légitime" malgré l'offre pléthorique de candidats à gauche.
Arnaud Montebourg rajoute son nom à la longue liste de candidats déclarés ou putatifs de ce côté de l'échiquier politique, parmi lesquels l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, la socialiste Anne Hidalgo, le communiste Fabien Roussel ou encore le candidat issu de la primaire écologiste.
Pour se démarquer, il a choisi de se déclarer, le jour anniversaire de la proclamation de la IIIe République en 1870, dans sa ville natale de Clamecy dans la Nièvre. L'une de ces "sous-préfectures" dont il veut se faire le défenseur, à travers la "remontada", la remontée en plusieurs chantiers thématiques d'une France selon lui en déclin.
"C'est pour cette tâche difficile mais magnifique (...) que j'ai décidé de présenter aujourd'hui aux Français ma candidature à la présidence de la République", a clamé Arnaud Montebourg, appuyé sur le pupitre d'une scène à peine surélevée, dans la modeste salle de réception de la mairie.
Dans une ambiance chauffée par plusieurs centaines de partisans, Arnaud Montebourg, 58 ans, a confié "éprouver de la légitimité à porter au pouvoir" les "idées, combats et projets (qu'il dit avoir) portés dans le passé" et aujourd'hui devenus selon lui "le centre de gravité des convictions des Français", comme la lutte contre la mondialisation néolibérale, ou la réindustralisation et la VIe République.
Se disant "homme de gauche", il a néanmoins affirmé vouloir s'affranchir du clivage gauche-droite: "Les partis de droite ne savent pas vous protéger contre les injustices, les partis de gauche ne savent pas vous protéger contre l'insécurité".
Sa "remontada" serait industrielle, avec des alliances public-privé et une règlementation protectionniste; écologique avec une "France sans pétrole d'ici 20 ans"; démocratique avec la VIe République par référendum; "territoriale" afin de répondre à la "chute des services publics" dans les campagnes; sécuritaire avec une "sévérité républicaine" contre la "submersion de territoires par la délinquance"...
«Rupture ordonnée»
La "remontada" peut aussi être vue comme une manière d'associer les attentes des Français à son propre parcours personnel. Car au-delà de son programme, Arnaud Montebourg, devenu entrepreneur producteur de miel et de glaces, part de loin.
Sans soutien d'un parti, sans troupes autres que les 4 500 adhérents libres de son mouvement "L'Engagement", avec des sondages le créditant entre 2 et 5%: certains à gauche questionnent la possibilité qu'il "aille au bout" de sa candidature.
"Il pense qu'Emmanuel Macron a su faire, et donc que tout est possible", observe Christophe Clergeau, membre de la direction du Parti socialiste. "Mais il n'est pas raisonnable d'aborder la présidentielle via une pure aventure individuelle. Les candidats doivent être adossés à des formations politiques qui concluent un accord de coalition".
Le sénateur socialiste Mickaël Vallet, soutien de la première heure de M. Montebourg, s'exclame: "Ils n'ont donc rien appris de Macron? Montebourg est un homme de gauche, entrepreneur, qui parle à tous les Français, son but n'est pas de parler à des adhérents".
François Cocq, ancien proche de Jean-Luc Mélenchon, voit dans le positionnement de l'ancien ministre "le prolongement de la dynamique populaire de Mélenchon en 2017", qui avait permis à l'Insoumis de réaliser 19,6% des voix.
"Contrairement à lui, Arnaud Montebourg incarne une rupture ordonnée. Car les gens ne sont pas prêts à un saut dans le vide", ajoute M. Cocq, venu à Clamecy comme le démographe Emmanuel Todd, l'économiste Liêm Hoang-Ngoc et d'autres déçus de Jean-Luc Mélenchon.
Pourtant, Christophe Clergeau décrit un Arnaud Montebourg "plus proche du PS que de LFI. Il parle de bloc populaire, pas du peuple contre les élites". Le cadre socialiste espère un ralliement à Anne Hidalgo à l'automne.
Chez les Verts, le porte-parole du parti Alain Coulombel avertit: "Une campagne de petit calibre, sans beaucoup de moyens financiers et militants, on savait faire chez EELV dans le passé: ça ne gagne pas une présidentielle".