«Quand les États-Unis éternuent, le monde entier attrape un rhume», dit le vieux dicton. Cependant, il est tout aussi vrai que lorsque la Californie ne se sent pas dans son assiette, le reste du pays est également mal en point.
L’économie du Golden State («État en l’or») est si importante qu’elle joue un rôle décisif pour la santé économique des 49 autres États. Si la Californie était un pays, elle se classerait au cinquième rang mondial devant l’Inde, la France ou le Royaume-Uni. Ce qui s’y passe revêt une importance primordiale pour nous tous.
La Californie a une incidence particulière sur l’Arabie saoudite et le reste du Moyen-Orient puisqu’elle fait partie des très gros consommateurs sur les marchés mondiaux du pétrole et du gaz. Elle constitue aussi une destination de choix pour les placements des grands fonds souverains et des riches investisseurs privés de la région dans des secteurs comme la haute technologie et l’immobilier, notamment.
Une visite récente à Los Angeles – la plus grande agglomération de la Californie – et son incroyable étalement urbain montre que l’État se porte plutôt bien, avec cependant quelques symptômes inquiétants qui donnent à réfléchir.
À première vue, la Californie semble s’être remise des restrictions liées à la pandémie de Covid-19. L’aéroport international est bondé de passagers en provenance du monde entier et de visiteurs venus des autres régions des États-Unis.
Les autoroutes sont encombrées avec des embouteillages géants qui semblent purement liés à l’importance du trafic. Le centre-ville est très fréquenté, et les grandes attractions touristiques comme le Hollywood Walk of Fame et Universal Studios font des affaires en or dans ce Los Angeles qui rime avec paillettes et glamour.
Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a annoncé la reprise des activités habituelles à l’intérieur de l’État à la mi-juin, après une longue période de distanciation sociale alliée à une campagne de vaccination rapide. Tout comme le président Joe Biden, le gouverneur semble annoncer la victoire face au coronavirus, qui a fait plus de morts aux États-Unis que dans n’importe quel autre pays. La ville de Los Angeles est ainsi prête à refaire la fête.
«Si la Californie était un pays, elle se classerait au cinquième rang mondial devant l’Inde, la France ou le Royaume-Uni. Ce qui s’y passe revêt une importance primordiale pour nous tous.» Frank Kane
Cette réouverture a néanmoins conduit à une flambée des cas de Covid-19, ce qui a contraint les autorités à imposer de nouveau quelques restrictions, recommandant aux gens de porter le masque dans les lieux publics et les grandes foules, sans pour autant le leur imposer.
«Pas de masque, pas d’entrée», peut-on souvent lire à la porte des boutiques et des restaurants. Heureusement, de nombreuses activités peuvent avoir lieu de manière relativement sûre en plein air grâce au climat tempéré de la Californie.
La durée des restrictions dépendra de l’évolution du variant delta et d’une nouvelle souche, le variant lambda, qui a été détecté dans l’Ouest américain.
La nouvelle mesure préventive que M. Newsom a été contraint d’adopter intervient à un moment crucial pour le gouverneur démocrate de l’État, qui fait face à une élection révocatoire à la mi-septembre. Il pourrait potentiellement être remplacé par un gouverneur républicain. Ironie du sort, M. Newsom s’était retrouvé sous le feu des critiques après avoir participé à un repas d’anniversaire, violant ainsi les restrictions en lien avec la pandémie.
À ce climat d’incertitude viennent s’ajouter les défis énergétiques et environnementaux auxquels fait face la partie sud de la Californie. Elle est aride en été et les incendies ravageurs sont monnaie courante.
Par un après-midi ensoleillé, j’ai été bouleversé de voir une colline s’embraser à trois kilomètres. Les palmiers ont pris feu et les avions bombardiers d’eau tentaient d’éteindre les flammes sur ce secteur situé à proximité du centre-ville.
La Californie est un gros consommateur d’eau et d’énergie. Elle a récemment pris conscience des avantages du dessalement pour répondre aux besoins en eau des industries et des consommateurs. Le plus grand problème auquel l’État est confronté est l’approvisionnement irrégulier en électricité aux heures de pointe, ce qui a poussé certains experts à demander la suspension des projets d’énergie renouvelable, accusés d’être à l’origine des pénuries.
Considérée comme le centre de l’industrie pétrolière américaine, la Californie est parfaitement consciente des défis qui se posent lors de la transition vers des sources d’énergie plus saines.
Rien de tout cela ne semble avoir d’importance pour les clients de l’élégant hôtel Beverly Hills qui se prélassent autour de la piscine. On compte, parmi eux, de nombreux visiteurs venus du Moyen-Orient avec leurs familles.
Indépendamment de la pandémie et des problèmes politiques et environnementaux, la Californie continuera d’être un pôle d’attraction pour les investissements commerciaux aux États-Unis et un lieu où le reste du monde peut se la couler douce.
• Frank Kane est un journaliste économique primé installé à Dubaï.
Twitter: @frankkanedubai
L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com