PARIS : Les cas de tous les Afghans qui sollicitent les autorités françaises pour demander à être exfiltrés de leur pays tombé aux mains des talibans sont examinés, a assuré le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
"Tous les cas qui se sont manifestés -et leur nombre s'allonge de jour en jour avec des centaines de noms- sont instruits", a déclaré le ministre dans le Journal du Dimanche (JDD).
Depuis l'instauration du pont aérien mis en place après la chute de Kaboul dimanche, l'Armée de l'Air a déjà transporté jusqu'à Paris plus de 600 personnes sur quatre vols, dont une très large majorité d'Afghans, auxquels s'ajoutent 625 personnes qui avaient été transférés entre mai et juillet en prévision de la prise de pouvoir des talibans.
Mais de nombreuses personnes disant avoir travaillé pour des structures françaises ou des membres de la société civile ont demandé à être exfiltrées, alors que la situation à Kaboul est tendue, que l'ambassade s'est repliée sur l'aéroport, cerné d'une foule d'Afghans qui voudrait être exfiltrés.
Cinquième rotation du pont aérien, une centaine d'exfiltrés de Kaboul à Paris
Une cinquième rotation du pont aérien mis en place par l'armée française pour exfiltrer les Français et certains Afghans de Kaboul a permis l'arrivée samedi soir à Paris d'une centaine de personnes, a annoncé l'Etat-major.
"Ce soir, le 5ème vol en provenance d'Abou Dabi s'est posé à Paris. A son bord, plus de 100 ressortissants français et afghans évacués de Kaboul par les armées françaises et désormais en sécurité", a tweeté l'Etat-major français.
Le pont aérien français transporte les exfiltrés de Kaboul à Abou Dhabi, sur une base militaire française, puis jusqu'à Paris.
Le premier vol arrivant à Paris a ramené mardi 41 personnes, principalement des Français, mercredi 209 personnes, principalement des Afghans, jeudi 206, vendredi une centaine.
Les Afghans exfiltrés pourront effectuer une demande d'asile en France s'ils le souhaitent.
Organiser les rotations du pont aérien représente "un effort rendu très complexe par la situation de chaos".
"Notre seul problème, c'est l'accès jusqu'à l'aéroport, avec les check-points talibans, puis l'entrée dans l'aéroport où c'est le chaos avec plus d'une dizaine de milliers de personnes qui se pressent à ses portes", a déclaré le ministre.
Dans ces conditions, "tant que l'aéroport reste ouvert, tant que nos personnels y sont en sécurité, nous restons. Notre responsabilité morale collective est de faire en sorte que les Afghans menacés en raison de leurs engagements antérieurs soient évacués", a-t-il estimé.
A cet égard, il a exhorté les Etats-Unis, qui tiennent l'aéroport, à poursuivre leur opération. "Je leur ai demandé, avec beaucoup de mes collègues, qu'ils prennent leurs responsabilités en faisant en sorte de permettre et de faciliter l'évacuation de l'ensemble des ressortissants et des auxiliaires afghans mais aussi, au même niveau, de l'ensemble des Afghans dont la vie est menacée. Et que la coordination avec les alliés s'opère de façon plus efficace et plus renforcée. Ceci suppose que l'opération en cours se poursuive le temps nécessaire".
Sur le front diplomatique, il a répété attendre que les talibans remplissent certaines conditions avant de pouvoir prétendre à une reconnaissance internationale, "faute de quoi, l'Afghanistan deviendrait un Etat-paria".