PARIS : Du rose, beaucoup de rose. Et puis du vert, du blanc, des touches de jaune et de rouge, le brun des troncs, le bleu du ciel derrière le feuillage. C’est une explosion de couleurs vives et saturées qui envahit les murs blancs la Fondation Cartier pour l’Art contemporain à Paris. L’artiste londonien Damien Hirst y a en effet posé 30 cerisiers en fleurs, issus d’une série qui en comportent 107. Des cerisiers grandeur nature, pour que le spectateur s’y perde.
«Je voulais que les peintures soient suffisamment grandes pour que l’on puisse s’y perdre», explique l’artiste dans un documentaire présenté dans les jardins de la Fondation Cartier, en marge de l’exposition, avant de poursuivre: «Je voulais que les gens en aient plein la vue, qu’ils aient l’impression d’être trop près. Dans toutes mes œuvres, je veux qu’il y ait quelque chose d’agressif et d’intrusif. Je veux qu’elles suscitent une réaction physique.»
Après son fameux The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living, soit un requin tigre nageant dans du formol, qui, en 1991, l’avait rendu célèbre du jour au lendemain, la star de l’art contemporain revient à la peinture pour sa première exposition dans une institution en France, à l’invitation d’Hervé Chandès, le directeur de la Fondation Cartier.
«Au début de 2019, j’ai vu deux ou trois images de ses tableaux sur son compte Instagram. Cela m’a immédiatement donné envie de voir les tableaux», se rappelle M. Chandès, qui se rend alors à Londres dans l’atelier du peintre, sur les bords de la Tamise. «Cela a été un éblouissement visuel, un enchantement, quelque chose de très jubilatoire. Immédiatement, je lui ai donné les clés de la Fondation.»
Entre-temps, la pandémie est passée par là, permettant à Damien Hirst d’achever sa série: «La pandémie m’a permis de vivre avec mes peintures et de prendre le temps de les contempler», et finalement l’ouverture de l’exposition le 6 juillet dernier est une «très heureuse coïncidence» selon Hervé Chandès. L’espace conçu par Jean Nouvel est envahi par ces toiles vibrantes et monumentales, comme une floraison printanière.
C’est la première fois que la série est présentée au public, en France mais aussi dans le monde, où l’exposition a vocation à voyager.
«Les Cerisiers en fleurs parlent de beauté, de vie et de mort. Ces œuvres sont excessives, presque vulgaires» estime Damien Hirst. Elles sont surtout un hommage au printemps, qui revient après une année blanche, marquée par la pandémie.
Une exposition à voir jusqu’au 2 janvier 2022.