Sahel: quel rôle pour l'Algérie après le retrait de la France

Depuis 2012 et le déclenchement de rébellions indépendantiste et jihadiste, le Mali est plongé dans une guerre qui a fait des milliers de morts, civils et combattants, malgré l'intervention de Barkhane, de forces de l'ONU (Minusma) et africaines. (AFP)
Depuis 2012 et le déclenchement de rébellions indépendantiste et jihadiste, le Mali est plongé dans une guerre qui a fait des milliers de morts, civils et combattants, malgré l'intervention de Barkhane, de forces de l'ONU (Minusma) et africaines. (AFP)
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Publié le Dimanche 11 juillet 2021

Sahel: quel rôle pour l'Algérie après le retrait de la France

  • «Je n'imagine pas qu'après tout ce temps, les Algériens vont changer leur politique de non-intervention. Le statu quo leur convient»
  • «La solution au Mali sera à 90% algérienne», répète le président Abdelmadjid Tebboune

ALGER: La fin annoncée de l'opération militaire Barkhane menée par la France au Sahel et au Sahara avec des armées alliées relance un débat stratégique en Algérie, deuxième puissance militaire d'Afrique et parrain de l'accord de paix au Mali.

L'Algérie entend jouer un rôle plus actif dans la région, mais ira-t-elle jusqu'à déployer des troupes hors de ses frontières, comme l'y autorise dorénavant sa Constitution?

Le président Emmanuel Macron a annoncé vendredi que la France commencerait son retrait du nord du Mali d'ici la fin de l'année, et Paris ne fait pas mystère de son intérêt à voir l'Algérie s'impliquer davantage dans la région.

Après plus de huit ans d'engagement massif, la force Barkhane -- la plus importante opération extérieure de l'armée française (5 100 hommes) -- va disparaître au profit d'un dispositif resserré, recentré sur les opérations de contre-terrorisme et l'accompagnement au combat des armées locales, autour d'une alliance internationale associant des Européens.

Depuis 2012 et le déclenchement de rébellions indépendantiste et jihadiste, le Mali est plongé dans une guerre qui a fait des milliers de morts, civils et combattants, malgré l'intervention de Barkhane, de forces de l'ONU (Minusma) et africaines.

"La France ne peut plus gérer la situation au Mali", affirme le directeur de l'Institut algérien des études stratégiques et globales (INESG), Abdelaziz Medjahed. 

"Elle a échoué en raison de ses idées d'ex-Etat colonialiste qu'elle prône toujours et de l'impopularité des régimes locaux", estime ce général en retraite.

Le Mali reste le théâtre d'attaques de groupes affiliés à Al-Qaïda (dont certains chefs sont algériens) et à l'Etat islamique, et de violences d'autres acteurs armés, milices d'autodéfense ou bandes de malfaiteurs, qui se sont étendues au Niger et au Burkina Faso voisins.

«Parler avec Alger»
L'Algérie ambitionne de redevenir un acteur clé dans la crise au Mali, son voisin du Sud, avec lequel elle partage 1 400 km de frontières et qu'elle considère comme sa profondeur géostratégique.

"La solution au Mali sera à 90% algérienne", répète le président Abdelmadjid Tebboune.

Privilégiant la carte diplomatique et le dialogue politique, Alger a pris une part très active à l'accord de paix signé en 2015 avec la rébellion indépendantiste pour mettre fin à la guerre au Mali et participe toujours aux réunions du Comité de suivi (CSA).

Le retour aux Affaires étrangères de Ramtane Lamamra, un vétéran de la diplomatie multilatérale, très impliqué en Afrique, signale la volonté d'Alger de reprendre la main après son effacement ces dernières années dans la région.   

Un amendement constitutionnel, adopté en novembre, permet à l'Algérie d'intervenir dans des opérations extérieures, dans le cadre de missions de maintien de la paix multilatérales.

"La Constitution algérienne autorise désormais ce type d’intervention, mais la solution n’est pas là", a tempéré le président Tebboune dans un entretien à l'hebdomadaire Le Point. 

"Pour régler le problème au nord du Mali, il faut y redéployer l’Etat. Via les accords d’Alger, nous sommes là pour aider Bamako", a-t-il plaidé.

«Réseaux»
Pour Mabrouk Kahi, professeur de sciences politiques à l'université de Ouargla (sud), une intervention au Mali est "peu probable" car l'Algérie est "toujours très prudente, a fortiori lorsqu'il s'agira d'envoyer des forces militaires à l'étranger".

"L'activité de la diplomatie algérienne est actuellement gelée. Elle avait beaucoup misé sur (le président de transition) Bao Ndaw mais le putsch a brouillé les cartes", relève M. Kahi.

M. Bao Ndaw a été renversé par un coup d'Etat mené en mai par le nouvel homme fort, le colonel Assimi Goïta.

Reste que l'Algérie conserve une forte influence dans le nord du Mali. 

"Même si, côté sécuritaire, les Algériens ne sont ni trop visibles ni trop impliqués, ils doivent être au courant de tout ce qu'il s'y passe, pour leur propre sécurité", souligne Reda El Yamouni, chercheur à l'Institut néerlandais de relations internationales Clingendael.

"Ils ont des réseaux et des accès", avance-t-il.

De fait, il existe des liens familiaux ou ethniques entre communautés du nord du Mali et du sud de l'Algérie.

Et les Algériens disposent d'un poids économique et commercial dans la région. A Tombouctou, Gao ou Kidal, les marchés dépendent des importations algériennes (sodas, riz, dattes, etc.)

"Je n'imagine pas qu'après tout ce temps, les Algériens vont changer leur politique de non-intervention. Le statu quo leur convient", prédit le chercheur de Clingendael.

Pour autant, "à chaque fois que nous avons eu besoin de l'Algérie, elle a répondu présent", rappelle l'ex-ministre malien des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé. 


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.