PARIS : Emmanuel Macron a accueilli jeudi soir à l'Elysée Edgar Morin pour célébrer le centième anniversaire de ce philosophe et sociologue reconnu, "un homme siècle" qui a "pensé sa vie et vécu sa pensée".
"La République française vous exprime sa reconnaissance et son amitié et vous souhaite un très bel anniversaire", a déclaré le chef de l'Etat en ouvrant la cérémonie organisée le jour même des 100 ans d'Edgar Morin.
Assis au premier rang dans la salle des fêtes de l'Elysée, le philosophe était entouré par une centaine d'invités: des proches dont son épouse Sabah Abouessalam, ainsi que Brigitte Macron, les ministres de la Culture Roselyne Bachelot et de l'Education Jean-Michel Blanquer, l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve et Jack Lang.
Visiblement décontracté et très souriant, Edgar Morin a été longuement applaudi après avoir conclu la cérémonie par une allocution improvisée d'une dizaine de minutes.
"Voilà 100 ans que vous êtes venu au monde. Vous êtes un homme siècle", a déclaré Emmanuel Macron en débutant son discours dans lequel il a relaté les grandes étapes de sa riche vie: sa naissance le 8 juillet 1921, la perte de sa mère lorsqu'il était enfant, la Résistance, l'engagement politique au sein du PCF, les années de recherche sociologique...
"Vous êtes un penseur universel", à "la curiosité tout azimut", qui "a édifié une pensée complexe de toutes les disciplines de l'esprit", a-t-il résumé. "Vous avez toujours été au bon endroit au bon moment" pour devenir "un citoyen du monde" qui "a enjambé toutes les frontières".
Bien que "viscéralement Français, vous avez toujours soutenu le dialogue entre les peuples et les cultures", a ajouté Emmanuel Macron, en insistant aussi sur le caractère joyeux d'Edgar Morin.
"Vous êtes un apôtre du gai savoir" qui "aime manger, boire, chanter, danser…" et qui n'a "jamais" exprimé "la moindre trace de ressentiment ou de cynisme". "Les passions tristes, vous les avez chassées de votre existence", a-t-il insisté en saluant son "sourire qui irradie".
"J'ai passé ma vie à être étudiant", a raconté Edgar Morin en entamant son allocution, dans laquelle il est revenu sur "les leçons de son existence", "cette recherche de vérité" qui "n'a abouti à aucune théorie fermée". "J'ai passé ma vie à penser ce que c'est d'être vivant", a résumé celui qui se dit "humaniste avant tout" et se présente comme "un braconnier du savoir".
À la fois historien, philosophe et scientifique, Edgar Morin a visé, à travers le concept de "pensée complexe", à "relier ce qui, dans notre perception habituelle, ne l'est pas", à identifier "ce qui nous unit comme êtres humains". Docteur honoris causa de 38 universités étrangères, il a écrit une quarantaine d'ouvrages, largement traduits.
Au cours de la cérémonie, quatre personnalités ont rendu hommage au centenaire, dont la physicienne et secrétaire perpétuelle de l'Académie des sciences Catherine Bréchignac, le chef d'orchestre Jordi Savall, et la journaliste et essayiste Laure Adler, qui s'est déclarée "sidérée" par "la jovialité de la vieillesse" d'Edgar Morin.
Les célébrations du centenaire se poursuivent vendredi avec une réception à l'Hôtel de ville de Paris, où la maire socialiste Anne Hidalgo et le philosophe dévoileront une plaque de la Fondation Edgar Morin nouvellement créée au sein de l'Académie du climat.