PARIS : Bien déterminé à se présenter en 2022 sans passer par la case primaires, Xavier Bertrand se pose en rassembleur de la droite, au risque d'engager un bras de fer avec son ancien parti LR.
"Je suis convaincu qu'il n'y aura qu'un candidat de la droite républicaine, qu'il sera qualifié pour le second tour et qu'il remportera cette élection" présidentielle, a affirmé mercredi sur BFMTV le président des Hauts-de-France, au lendemain d'un bureau politique des Républicains qui peinent à trancher sur leur candidat.
Dans ce contexte, "j'ai une responsabilité particulière, à moi de conduire ce rassemblement", "en restant sur une ligne qui est la mienne", a-t-il ajouté.
L'idée est visiblement de prendre de vitesse LR, alors que plusieurs ténors de la droite - Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau et Michel Barnier notamment - ne cachent pas leurs ambitions.
Mais comment les départager? Le parti a fixé le 25 septembre comme date butoir pour s'entendre. "Les uns et les autres ont du bon sens, on va avoir trois mois pour construire ça", a assuré mercredi Christian Jacob sur LCI, en appelant au "sens des responsabilités" pour construire naturellement une "équipe" capable de gagner.
Si cette hypothèse optimiste ne se réalise pas, un congrès décidera à l'automne d'un processus de départage, malgré les réticences de la direction sur la primaire.
Le scenario fait tiquer certains.
"Tout cela va se passer dans des conditions qui m'inquiètent énormément, de divisions et de scission", a affirmé mardi le maire de Meaux Jean-François Copé.
"Plus le temps passe, moins nous maîtrisons notre calendrier" et "le bénéficiaire en sera Xavier Bertrand", a abondé mercredi le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau.
Car "tout l'été, Xavier Bertrand va faire campagne pendant que les autres parleront d'eux et critiqueront le voisin", selon un proche du président des Hauts-de-France.
«Posture»
M. Bertrand a répété mercredi qu'il ne participerait à aucune primaire des Républicains. "Il faut qu'ils comprennent une chose: cette soif d'indépendance, de liberté qui est la mienne", a-t-il expliqué.
"La détermination est un élément essentiel pour gagner mais ça peut enfermer aussi", a averti Christian Jacob, selon qui "Xavier Bertrand a trop d'expérience politique pour savoir que seul, il ne peut pas gagner".
"Je ne pense pas qu'on puisse décréter le rassemblement tout seul, sans discuter avec les autres. Il n'y a pas d'homme providentiel", a affirmé Michel Barnier, candidat potentiel lui aussi, au Talk du Figaro.
Pour le président des Centristes Hervé Morin, Xavier Bertrand a "la posture de quelqu'un qui, au lendemain d’élections régionales, se dit: c'est mon tour".
"Mais en vérité, quelle est sa légitimité supplémentaire par rapport à celle de Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez ou d'autres?", s'est-il interrogé sur France2.
Dans un sondage Ifop-Fiducial pour LCI et le Figaro publié dimanche soir, M. Bertrand était crédité de 18% des intentions de vote, contre 14% à Valérie Pécresse et 13% à Laurent Wauquiez, mais derrière Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
"Il est aujourd'hui le troisième homme", a assuré mercredi sur RTL l'ex-numéro 2 de LR Guillaume Peltier, démis de ses fonctions mardi après diverses prises de position qui ont irrité le parti.
"Nous aurons à la fin le soutien des Républicains", car "le rôle de la droite est d'avoir le courage de dire il y a un candidat naturel, c'est Xavier Bertrand", a assuré M. Peltier.
A la direction de LR, on reste prudent.
"Peut-être que demain il sera notre candidat, il n'y a aucune opposition de principe", a affirmé la nouvelle numéro 2 Annie Genevard. Mais la droite a "plusieurs candidats de qualité" et il faut "un processus, par étapes, de rassemblement".
Une chose est sûre : "S'il y a plus d'un candidat, on ne passera pas le premier tour", comme c'était déjà le cas en 2017, a-t-elle ajouté.
"Après dix ans dans l’opposition, refaire cinq ans c'est vraiment la fin d'une histoire pour notre famille politique" a averti Christian Jacob lors d'un Facebook live mercredi soir.