PARIS : La cour d'appel de Paris a confirmé mardi, selon une source judiciaire, le placement en détention provisoire de Mimi Marchand, patronne de l'agence BestImage, dans l'affaire des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy.
Michèle Marchand, de son vrai nom, contestait son incarcération à Fresnes prononcée le 18 juin par un juge des libertés et de la détention (JLD), qui a révoqué son contrôle judiciaire.
Dans cette enquête, distincte du volet principal de l'affaire et qui porte sur les conditions dans lesquelles l'intermédiaire Ziad Takieddine a retiré depuis Beyrouth à l'automne ses accusations contre Nicolas Sarkozy, Mimi Marchand a été mise en examen début juin pour "subornation de témoin" et "association de malfaiteurs en vue de commettre une escroquerie en bande organisée".
Placée sous contrôle judiciaire, Mimi Marchand a parlé, selon des écoutes téléphoniques, le 9 juin avec une des personnes avec lesquelles le juge lui avait interdit d'entrer en contact: le paparazzi Sébastien Valiela.
Lors d'une audience mardi à la chambre de l'instruction, son avocate Me Caroline Toby a concédé que sa cliente avait "enfreint sans aucun doute" son contrôle judiciaire en parlant à M. Valiela.
Elle a toutefois contesté la version du JLD qui "considère que Mimi Marchand évoquait dans cette discussion le dossier et la version à donner aux enquêteurs" par le photographe lors d'une audition qui s'est déroulée six jours plus tard, le 15 juin.
Selon elle, Mimi Marchand a simplement rappelé M. Valiela après que celui-ci a manifesté auprès de BestImage son souhait d'obtenir des éléments (factures, etc...) relatifs à l'entretien avec Ziad Takieddine, pour lequel il a "touché 4.500 euros", afin de préparer sa défense.
Mimi Marchand, 74 ans, est "une petite vieille sentimentale. Elle traite ses employés et ses photographes qu'elle protège comme ses enfants (...). Elle a eu honte de dire à M. Valiela qu'elle n'avait pas le droit de communiquer avec lui", a défendu Me Toby.
Avec son associé Me Vincent Nioré, elle a demandé le retour à un contrôle judiciaire pour Mimi Marchand, dont "la présence au festival de Cannes est indispensable. Elle a compris son erreur, elle sait aujourd'hui qu'elle a agi comme une imbécile."
"Laissez-la travailler", a-t-elle demandé à la cour.
Dans cette affaire "extrêmement sensible", l'avocate générale a estimé "totalement prématuré de remettre en liberté" Mimi Marchand, qui "n'a pas voulu comprendre (ses) obligations". "Il y a un risque de concertation frauduleuse", a-t-elle mis en garde.