PARIS: Le sulfureux intermédiaire Ziad Takieddine, qui avait retiré en novembre ses accusations contre Nicolas Sarkozy sur un présumé financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, a de nouveau incriminé l'ancien président lors d'un interrogatoire en janvier.
« Je ne peux pas confirmer qu'il n'y a pas eu de financement. Cela a pu être fait par d'autres moyens que par moi, ce qui est certainement le cas », a assuré en effet l'homme d'affaires franco-libanais devant les juges français venus l'entendre à Beyrouth le 14 janvier.
L'audition s'est déroulée au Liban, où M. Takieddine, 70 ans, s'est enfui l'été dernier après avoir été condamné en juin en France dans le volet financier de l'affaire Karachi.
Elle avait notamment pour but d'éclaircir les raisons pour lesquelles l'homme d'affaires, mis en examen dans cette enquête, avait déclaré dans des entretiens diffusés le 11 novembre par Paris-Match et BFMTV: « M. Sarkozy n'a pas eu un financement libyen pour la campagne présidentielle, ni M. Kadhafi ne pouvait le faire parce qu'il ne le faisait jamais ».
L'ex-chef de l'Etat, mis en examen dans ce dossier en mars 2018 pour « recel de détournement de fonds publics », « corruption passive » et « financement illégal de campagne électorale », puis à la mi-octobre dernier pour « association de malfaiteurs », avait triomphé: « La vérité éclate enfin ».
Mais la volte-face a été de courte durée: tout en confirmant le verbatim issu des rushes des vidéos, M. Takieddine a prétendu en janvier devant les magistrats que ses propos de novembre avaient été « déformés » par Paris-Match...
Connu pour sa versatilité, M. Takieddine a également répété sa conviction que la campagne présidentielle 2007 de M. Sarkozy avait reçu l'apport de fonds libyens.
Il a aussi assuré, dans des explications confuses, pouvoir « livrer dans les 15 jours » un document original « compromettant l'équipe Sarkozy dans sa totalité » et qui mentionnerait une somme de «25 millions » d'euros, différent du « document libyen » publié en 2012 par Mediapart et devenu un élément à charge de l'enquête.
Mais l'intermédiaire a insisté sur un point: lui n'y est pour rien. L'ex-chef de l'État « n'a rien touché venant de moi » ou « par mon intermédiaire », a-t-il insisté.
Contacté, l'entourage de Nicolas Sarkozy n'avait pas répondu mardi en milieu de journée.