LE CAIRE : Les ministres arabes des Affaires étrangères ont joints leurs voix mardi aux appels qui exhortent le Conseil de sécurité de l'ONU à intervenir dans le conflit du gigantesque barrage éthiopien, construit sur l'un des principaux affluents du Nil.
C’est ce qui est ressorti de la réunion diplomatique à Doha convoquée par l'Égypte et le Soudan, tous deux situés en aval du Nil.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a déclaré lors d'une conférence de presse que les pays arabes comptent faire pression pour que le temple du multilatéralisme tienne une session urgente sur le différend qui dure depuis dix ans.
La réunion de Doha survient après des années de négociations infructueuses entre l'Éthiopie d’une part, et l'Égypte et le Soudan de l'autre.
Ces deux derniers États ont d’ailleurs tous deux déjà appelé les États-Unis, l'UE et l'ONU à se joindre aux pourparlers comme médiateurs aux côtés de l'Union africaine, qui dirige les efforts dans le but de parvenir à un accord. L'Éthiopie rejette toutefois cette proposition.
Les négociations précédentes, en plus de ne pas avoir été en mesure d’établir un mécanisme pour traiter de futurs différends, ont buté sur le sujet de l’allocation des eaux du Nil pendant les périodes de sécheresse.
L’annonce de mardi ponctue les pressions diplomatiques et politiques exercées par l'Égypte et le Soudan sur l'Éthiopie avant la deuxième phase de remplissage.
«La position arabe est unifiée», a déclaré le ministre des Affaires étrangères du Qatar, Mohammad ben Abderrahmane Al-Thani, lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion qui rassemblait dix-sept ministres des Affaires étrangères de la région. «La sécurité de l'eau est une question de survie pour l'humanité, pour les soudanais, ainsi que pour les égyptiens», affirme-t-il.
Le ministère égyptien des Affaires étrangères a révélé vendredi qu’une lettre qui explique la position du Caire a été envoyée au Conseil de sécurité. La missive accuse l'Éthiopie de ne pas avoir tenté de contribuer à l’élaboration d’un accord «équitable, équilibré et légalement contraignant» lors des négociations chapeautées par l'Union africaine dans le passé.
Les leaders éthiopiens se sont abstenus de commenter.
L'Éthiopie affirme que le barrage, qu'elle a entièrement financé, va contribuer à sortir des millions de ses citoyens de la pauvreté, en plus de faire du pays un exportateur d'électricité majeur.
Le pays situé sur la Corne de l’Afrique compte quelque 110 millions d’habitants.
En avril, quand les trois délégations se sont retrouvées une fois de plus dans l’impasse, le président égyptien Abdel Fattah a-Sissi a prévenu que son pays pourrait envisager «toutes les options» si la moindre goutte d'eau de son pays est affectée par le barrage.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com