L'on retient souvent l’œuvre poétique de l’enfant de Beni Isguen au détriment de son rôle dans la Révolution et dans l’Étoile nord-africaine ; au Parti du peuple algérien et au FLN aux côtés d’Abane Ramdane. Mais sa pensée “libérale” et sa dénonciation d’une mal-gouvernance, affichés ouvertement, auront un prix. Il sera “banni”, car ses idéaux étaient jugés incompatibles avec la direction politique que prenait le pays. Même exilé, le chantre de l’Algérie décolonisée reste préoccupé par sa situation sociopolitique, jusqu’à sa mort en exil en 1977.
Quarante-trois ans depuis la disparition de chantre de la libération, le souvenir de son combat reste encore vivace. Sa verve, sa personnalité, ses convictions patriotiques et son hymne, écrit au plus fort de la guerre en 1955, méritent qu’on s’y attarde, car bien trop souvent ignorés ou minimisés selon les tendances politiques du moment. Moufdi Zakaria, l’enfant de Beni Iseguen à Ghardaïa, aura été l’homme présent sur tous les fronts.
Érudit, poète, militant de la cause nationale et Mozabite, écrivain, journaliste, moudjahid, patriote… autant de casquettes qu’il mettait au service d’une seule cause, celle de sa vie : l’Algérie. Baigné dès son plus jeune âge dans un environnement militant, Moufdi Zakaria, de son vrai nom Slimane Ben Yahia Cheikh el Hadj Slimane ben Hadj Aïssa, acquiert très tôt une conscience politique à dimension nationale et maghrébine aux côtés de son oncle Salah Ben Yahia Cheikh, lorsqu’il est envoyé poursuivre ses études dans le cadre de la Mission mozabite à Tunis.