Algérie: référendum sur une révision contestée de la Constitution le 1er novembre

Une femme portant un drapeau algérien sur les épaules, lors d'une manifestation devant les bureaux des Nations Unies à Genève, contre les "arrestations arbitraires" en Algérie, le 23 août 2020. (Fabrice COFFRINI/AFP)
Une femme portant un drapeau algérien sur les épaules, lors d'une manifestation devant les bureaux des Nations Unies à Genève, contre les "arrestations arbitraires" en Algérie, le 23 août 2020. (Fabrice COFFRINI/AFP)
Short Url
Publié le Lundi 24 août 2020

Algérie: référendum sur une révision contestée de la Constitution le 1er novembre

  • Le président Tebboune s'était engagé à réviser la loi fondamentale de l'Algérie, modifiée à plusieurs reprises depuis l'indépendance et retaillée sur mesure pour son prédécesseur déchu Abdelaziz Bouteflika
  • Cette initiative avait pour objectif de tendre la main au « Hirak », le soulèvement populaire inédit et pacifique qui a entraîné la démission de M. Bouteflika en avril 2019, afin de « bâtir une Algérie nouvelle »

ALGER: Les Algériens se prononceront par référendum le 1er novembre sur une révision de leur Constitution, prônée par le président Abdelmadjid Tebboune et censée répondre au puissant mouvement de protestation qui réclame un profond changement de « système » politique.

« Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu ce jour M. Mohamed Chorfi, président de l'Autorité nationale indépendante des élections, qui lui a présenté un exposé sur les préparatifs en cours pour l'organisation des échéances électorales programmées, à commencer par le référendum sur le projet de révision de la Constitution », a indiqué lundi soir un communiqué de la présidence. 

« À la lumière des consultations du président de la République avec les parties concernées, il a été décidé de fixer la date du 1er novembre 2020 pour la tenue du référendum sur le projet de révision de la Constitution », précise le texte.

Le 1er novembre est le jour anniversaire du début de la guerre d'indépendance de l'Algérie (1954-1962). M. Tebboune a par ailleurs prévu d'inaugurer ce jour là la Grande Mosquée d'Alger, Djamaa El Djazaïr, la troisième plus vaste du monde, un chantier colossal critiqué pour son coût.

Dans une première réaction, lundi soir, la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH) a critiqué le choix de cette date et fustigé « un référendum du fait accompli ».

« Visiblement, le pouvoir par son entêtement et en s'accrochant à son processus autoritaire anti-populaire, a opté pour le pire », a estimé le vice-président de la LADDH, Saïd Salhi sur sa page Facebook.

Lors de son investiture, en décembre, au lendemain d'une élection marquée par une abstention record, le président Tebboune s'était engagé à réviser la loi fondamentale de l'Algérie, modifiée à plusieurs reprises depuis l'indépendance et retaillée sur mesure pour son prédécesseur déchu Abdelaziz Bouteflika.

Cette initiative avait pour objectif de tendre la main au « Hirak », le soulèvement populaire inédit et pacifique qui a entraîné la démission de M. Bouteflika en avril 2019, afin de « bâtir une Algérie nouvelle ».

M. Tebboune a ainsi promis que la Constitution amendée « garantira la séparation des pouvoirs », « renforcera la lutte contre la corruption et protégera la liberté de manifester ».

Il avait désigné, en janvier, une commission d'experts chargée de formuler des propositions pour réviser la loi fondamentale.

Cette commission a remis ses travaux fin mars mais la première mouture des propositions n'a été rendue publique que début mai en raison de l'épidémie de nouveau coronavirus.

« Toilettage »

Le document comporte 73 recommandations réparties en six grands axes, dont « le renforcement de la séparation des pouvoirs », qui concerne les prérogatives du président, du chef du gouvernement et du Parlement, mais aussi le pouvoir judiciaire et la lutte contre la corruption.

L'un des aspects controversés du texte ouvre la voie à un possible déploiement de l'armée algérienne à l'étranger, faisant craindre un changement de doctrine militaire du pays, qui écarte actuellement toute intervention hors de ses frontières.

L'avant-projet a ensuite été distribué aux partis politiques, aux syndicats et à des représentants de la société civile, pour consultations.

M. Tebboune a également reçu plusieurs figures politiques -- certaines considérées comme proches de la contestation -- afin de recueillir leur avis en vue d'une « Constitution consensuelle ».

Mais, préparé dans un contexte à la fois de pandémie et de répression visant des opposants politiques, des journalistes, blogueurs et des militants « Hirak », le projet de révision constitutionnelle est loin d'avoir fait consensus.

Le texte a d'ores et déjà été rejeté par une plateforme de partis et d'associations liés au « Hirak », regroupés au sein du Pacte pour l'alternative démocratique (PAD). 

« La crise de légitimité qui frappe le régime depuis l'indépendance ne peut être réglée par des mesures de replâtrage », a dénoncé le PAD.

Du côté des juristes, des experts en droit constitutionnel ont évoqué un « toilettage » de la Constitution présidentialiste héritée de l'ère Bouteflika, sans véritable remise en cause des pouvoirs du président.

Elu au suffrage universel direct, ce dernier détient le pouvoir de nomination au sein des institutions: du Premier ministre, aux organes sécuritaires en passant par les chefs de l'armée.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".