KHARTOUM: Des milliers de manifestants se sont rassemblés jeudi à Khartoum afin de réclamer une nouvelle fois justice pour les manifestants tués dans la répression de rassemblements antigouvernementaux ayant conduit en 2019 à la chute de l'ancien président soudanais Omar el-Béchir.
Les manifestants se sont réunis à l'occasion du deuxième anniversaire de la dispersion violente, en juin 2019, d'un sit-in organisé dans la capitale soudanaise, devant le quartier général de l'armée. La répression de ce rassemblement avait fait au moins 128 morts, selon des médecins liés au mouvement de protestation.
« Nous sommes venus ici pour commémorer le massacre du sit-in et le fait que, même après la destitution de Béchir, les gens souffrent », a affirmé Eman Babiker, 24 ans, déplorant le taux de chômage galopant dans le pays.
Les manifestants ont défilé devant l'immeuble du gouvernement et le bureau du procureur général en arborant le drapeau soudanais et des banderoles demandant justice, a constaté un correspondant.
« Nous voulons envoyer le message au gouvernement que nous pouvons toujours prendre la rue s'ils ne peuvent rendre justice à ceux qui ont été tués », a dit Walid Shazli, un autre manifestant.
Les autorités soudanaises avaient barré les principales rues menant au quartier général de l'armée, appelant les manifestants à rester à distance du site.
Le mois dernier, deux personnes avaient été tuées dans la dispersion par les forces de sécurité d'un rassemblement similaire.
Après trois décennies au pouvoir, l'autocrate Omar el-Béchir a été évincé en avril 2019 après un soulèvement populaire inédit. Les manifestants étaient toutefois restés pendant des semaines devant le quartier général de l'armée pour obtenir un transfert du pouvoir aux civils, avant la répression qui avait duré plusieurs jours.
Depuis, les familles des victimes ne cessent de réclamer justice. Les généraux au pouvoir à l'époque continuent de nier avoir ordonné cette dispersion sanglante.
Le Soudan est dirigé depuis août 2019 par des autorités de transition à majorité civile, qui ont promis de rendre justice aux victimes du mouvement de contestation et à leurs familles.
Fin 2019, une commission a lancé une enquête indépendante sur les meurtres de protestataires, mais ses conclusions n'ont pas encore été rendues.