KHARTOUM: La procureure générale sortante de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a entamé dimanche sa première visite au Darfour, région occidentale du Soudan ravagée par deux décennies de guerre civile et faisant l'objet d'une enquête internationale, selon l'agence officielle Suna.
Après avoir accompli une première visite au Soudan en octobre 2020, Bensouda est la première cheffe de la CPI à se rendre dans cette région meurtrie.
Pour la magistrate citée par Suna, visiter le Darfour est « un rêve qui se réalise ».
Le conflit au Darfour a éclaté en 2003 lorsque des membres de minorités ethnique ont pris les armes contre le régime de Khartoum, dominé par la majorité arabe. Il a fait 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l'ONU.
Fatou Bensouda est arrivée dimanche al-Facher, capitale de l'Etat du Darfour-Nord, après avoir rencontré la veille à Khartoum Minni Minnawi, gouverneur du Darfour et chef d'un ancien groupe rebelle, l'Armée de libération du Soudan (ALS).
« Je salue la résilience et le courage des Darfouris », a déclaré la magistrate dans un tweet de la CPI, qualifiant cette rencontre historique de « productive ».
Selon Suna, la responsable s'est rendue dans des camps de déplacés où elle a rencontré des représentants de victimes du conflit.
En 2009, la CPI a lancé un mandat d'arrêt international contre l'ex-président Omar el-Béchir, qui a dirigé le Soudan d'une main de fer pendant trois décennies avant d'être destitué en avril 2019, l'accusant notamment de génocide.
Reconnu coupable de corruption en décembre 2019, l'ancien autocrate de 76 ans est actuellement emprisonné à Khartoum.
Outre Béchir, deux autres suspects, l'ex-gouverneur de l'Etat du Kordofan-Sud, Ahmed Haroun, et Abdel Rahim Mohamed Hussein, ancien ministre de la Défense, sont recherchés par la CPI pour les mêmes motifs. Tous deux sont détenus au Soudan.
Le 24 mai, Ali Kosheib, chef de la milice janjawid --force supplétive du gouvernement soudanais accusée d'exactions durant le conflit du Darfour--, a été reconnu coupable d'y avoir personnellement commis des meurtres, par les procureurs de la Cour installée à La Haye. Il s'était rendu en juin 2020.
En 2020, le gouvernement soudanais de transition s'était engagé à collaborer avec la Cour pour traduire les responsables en justice. Khartoum est depuis en pourparlers avec la CPI sur les modalités de procès pour Béchir et ses collaborateurs mis en cause dans les exactions au Darfour.
Fatou Bensouda, une Gambienne, va quitter ses fonctions en juin et sera remplacée par l'avocat britannique Karim Khan, spécialiste des droits humains.