KHARTOUM: La justice soudanaise a condamné à mort lundi un commandant de l'organisation paramilitaire des Forces de soutien rapide (RSF) pour le meurtre d'un manifestant lors d'un rassemblement pro-démocratie en juin 2019, selon l'avocat de la partie civile.
Un « tribunal constitué de trois juges a reconnu l'accusé, un commandant des Forces de soutien rapide, coupable (...) d'homicide volontaire et l'a condamné à mort par pendaison », a indiqué Mahmoud al-Cheikh, avocat de la famille de la victime, Hanafi Abdelchakour.
Toutefois, l'accusé, Mohieddine Mohamed Youssef, a encore la possibilité de faire appel de cette décision.
M. Abdelchakour est mort renversé par un véhicule lors d'une manifestation le 3 juin 2019 à Oumdourman, ville jumelle de Khartoum, après la dispersion meurtrière le même jour d'un sit-in devant le quartier général de l'armée dans la capitale.
La répression de ce sit-in a duré plusieurs jours et fait au moins 128 morts, selon des médecins liés au mouvement de protestation.
Des milliers de personnes avaient occupé les lieux pendant plusieurs semaines, demandant le départ du président Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 30 ans.
Après sa destitution par l'armée en avril 2019, ils avaient poursuivi leur action pour réclamer la mise en place d'un pouvoir civil, jusqu'à ce que l'évacuation sanglante y eût mis fin.
Une commission d'enquête a commencé fin 2019 à examiner les conditions du démantèlement meurtrier du campement installé par le mouvement de contestation populaire pour le sit-in devant le QG de l'armée, mais n'a pas encore rendu ses conclusions.
Les généraux au pouvoir à l'époque ont nié avoir ordonné la répression, et les familles des victimes continuent de réclamer justice.
Fin décembre 2020, 29 membres des forces de sécurité et du renseignement ont été condamnées à la peine capitale pour des faits similaires dans l'Etat oriental de Kassala.
Le redoutable groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (RSF) a été créé par le régime Béchir pour combattre les rebelles au Darfour (ouest), conflit qui a duré plusieurs années et a fait environ 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés depuis 2003, selon l'ONU.