PARIS : Le président Emmanuel Macron a entamé mercredi dans le sud du pays une série de déplacements pour sonder l'humeur des Français après 14 mois de pandémie, une tournée que ses opposants dénoncent comme une précampagne à moins d'un an de la présidentielle.
M. Macron est arrivé dans l'après-midi à Saint-Cirq-Lapopie, un village médiéval de 200 habitants dont le maire est un de ses fervents partisans. Les forces de l'ordre filtraient les entrées du village dont une partie des commerçants ont préféré garder portes closes.
« Ce que je trouve illogique c'est que le président disait vouloir aller à la rencontre des gens, mais après un, puis deux, puis trois barrages et autant de fouilles, ils finissent par faire demi-tour », a regretté Jean-François Vanoy, responsable d'une boutique de produits régionaux.
« C'est un moment très agréable de recevoir le président Macron, moi qui suis son supporter depuis le début », s'est en revanche félicité le maire Gérard Miquel.
Le chef de l'Etat va passer deux jours dans ce département, premier d'une dizaine de déplacements en juin dans tout le pays pour « prendre le pouls » et « renouer le contact », un exercice que le président piaffait de reprendre après 14 mois de restrictions des déplacements.
Un tour de France très politique aussi, à trois semaines des élections régionales et moins d'un an de la présidentielle.
M. Macron, dont la popularité est en hausse selon les sondages, n'a pas encore officialisé sa candidature pour un second mandat et son entourage dément qu'il entre en campagne, mais pour l'opposition il n'y a pas le moindre doute.
« Acceptons l'idée qu'il est en campagne présidentielle », a déclaré mercredi le député de la gauche radicale Alexis Corbière, tandis que la présidente d'Ile-de-France Valérie Pécresse (droite) s'est dite "choquée" par le fait que ce tour de France commence aussi à trois semaines des élections régionales.
« Si aller écouter les citoyens c'est être en campagne, alors il est en campagne depuis le début de son quinquennat », a répliqué l'eurodéputé de la majorité présidentielle Stéphane Séjourné.
Test pour les réformes
Après les habitants de Saint-Cirq-Lapopie, M. Macron rencontrera jeudi matin ceux de Martel, autre village prisé des touristes et terminera par une rencontre avec les élus à la préfecture de Cahors.
Le chef de l'Etat est friand de ces déplacements et débat avec le pays, un exercice auquel il s'était déjà livré en 2018 dans l'est et le nord, ainsi qu'à l'occasion du "Grand débat" national en 2019 qui avait suivi la crise des Gilets jaunes, ce mouvement social qui a ébranlé son quinquennat.
A l'issue de l'exercice, dans la première quinzaine de juillet, le chef de l'Etat pourrait s'exprimer sur le cap qu'il compte fixer aux dix derniers mois avant la présidentielle de 2022.
Parmi les sujets qui restent à trancher figurent notamment le lancement de réformes à long terme, comme celle des retraites et de la dépendance, mises sous le boisseau en raison de la crise sanitaire, ainsi que la création d'une garantie jeune universelle pour aider les 18-25 ans.
La réforme des retraites, sujet toujours inflammable en France, avait déclenché une vaste mobilisation syndicale fin 2019-début 2020. C'était avant que n'éclate la crise de la Covid, qui a fait plus de 110 000 morts en France, et poussé le libéral Macron à mettre en place une politique d'aides économiques et sociales massives pour amortir le choc.
Au moment où une « vie normale » semble de nouveau possible en France, qui sort peu à peu du confinement et où la vaccination s'accélère, le président va profiter de ces visites sur le terrain pour tester sa volonté de réformes, intacte selon lui.
Mais il ne pourra éviter, en particulier lors de sa rencontre avec les élus locaux, d'aborder la question des élections régionales des 20 et 27 juin, dans une région où le Rassemblement national (extrême droite) a progressé ces dernières années.
En Occitanie, la liste RN est donnée favorite au 1er tour avec 30% des voix, devant la présidente sortante socialiste créditée de 26%, suivie de la liste de droite (14%) et de celle de la majorité présidentielle avec 13%, selon un récent sondage Ifop.