Présidentielle 2022 en France: les candidats potentiels

Le président français, Emmanuel Macron, lors de la cérémonie de la Journée de l'Europe et de la conférence sur l'avenir de l'Europe au Parlement européen à Strasbourg, dans l'est de la France, le 9 mai 2021. (Photo, AFP)
Le président français, Emmanuel Macron, lors de la cérémonie de la Journée de l'Europe et de la conférence sur l'avenir de l'Europe au Parlement européen à Strasbourg, dans l'est de la France, le 9 mai 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 11 mai 2021

Présidentielle 2022 en France: les candidats potentiels

  • Élu en 2017 sur un programme centriste et un crédo «ni droite ni gauche», les ambitions réformatrices d'Emmanuel Macron ont été douchées par une grogne sociale d'abord, avec la crise des «gilets jaunes», puis par la pandémie de Covid-19
  • Marine Le Pen, à ce stade, est l'adversaire numéro 1 d'Emmanuel Macron. Déjà finaliste en 2017, la patronne du Rassemblement national (extrême droite), avait été largement battue, avec 34% des voix contre 66% au futur président

PARIS: Dans un an, les Français sauront qui s'installera au palais de l'Élysée pour le quinquennat 2022-2027. Pas encore officiellement candidat, Emmanuel Macron est parmi les favoris à sa propre succession, mais la patronne de l'extrême droite Marine Le Pen a également ses chances.

Revue non exhaustive à douze mois du scrutin. 

Emmanuel Macron

Élu en 2017 sur un programme centriste et un crédo «ni droite ni gauche», les ambitions réformatrices d'Emmanuel Macron ont été douchées par une grogne sociale d'abord, avec la crise des «gilets jaunes», puis par la pandémie de Covid-19. 

Sa candidature en 2022 est un secret de polichinelle et il serait très surprenant qu'il ne soit pas candidat. 

Il avait toutefois ouvert la porte à cette éventualité en décembre, estimant que certaines réformes pourraient le rendre tellement impopulaire qu'elles l'empêcheraient d'être candidat. 

Marine Le Pen

À ce stade, elle est l'adversaire numéro 1 d'Emmanuel Macron. Déjà finaliste en 2017, la patronne du Rassemblement national (extrême droite), avait été largement battue, avec 34% des voix contre 66% au futur président.

Cette fois, plusieurs sondages donnent un match beaucoup plus serré au second tour et le chef de l'État ne s'y trompe pas en faisant d'elle sa principale rivale et en mettant un coup de barre à droite ces derniers mois. 

La campagne est encore longue, et Marine le Pen avait notamment perdu de gros points dans un débat d'entre deux tours manqué en 2017. 

 

Xavier Bertrand

Il est pour l'instant le principal candidat déclaré de la droite républicaine. 

Ancien ministre et désormais à la tête des Hauts-de-France (nord), l'une des plus grandes régions du pays, il incarne une ligne politique assez proche de celle du président Macron, au centre-droit.

Son objectif est de rallier les déçus de Macron, mais il devra aussi affronter la concurrence dans sa propre famille politique, notamment dans le clan des conservateurs. 

Michel Barnier

À droite toujours, le négociateur européen pour le Brexit Michel Barnier n'a pas encore confirmé son intention de se jeter dans la bataille. 

Mais en avril dernier, dans une interview au Point, il a laissé entendre qu'il y songeait, ajoutant qu'il ferait connaître sa décision à l'automne.

Dans son rôle pour le Brexit, Michel Barnier a gagné le respect de nombreux pro-Européens sur tout le vieux continent, reste à savoir s'il pourra transposer cette aura sur le plan national. 

Edouard Philippe

Premier ministre d'Emmanuel Macron entre 2017 et 2020, Edouard Philippe a quitté le gouvernement en gardant une très forte popularité, fait rare à ce poste. 

Issu des rangs de la droite, osera-t-il défier le président en 2022 ? 

Il reste en tout cas en embuscade: «Je voudrais que personne ne doute de ma loyauté, ni de ma liberté, ni de mon envie de servir le pays», déclarait-il début avril.  

Anne Hidalgo

La maire socialiste de Paris nourrit beaucoup d'espoirs au sein d'une gauche divisée.

Elle incarne pour beaucoup une synthèse entre l'électorat vert et les socialistes plus traditionnels, forte de son bilan à Paris où elle a mis l'accent sur les questions écologiques. Elle doit annoncer à l'automne si elle est candidate ou non. 

La marche reste toutefois très haute: dans les récents sondages d'opinion, le bloc de gauche peine à dépasser les 30%, et la seule candidature d'Anne Hidalgo ne franchit jamais la barre des 10%.

Jean-Luc Mélenchon

Le leader de la France Insoumise (gauche radicale) est la personnalité de gauche la mieux placée dans les sondages. Il est officiellement candidat depuis des mois. 

Pour l'instant, la vague de 2017 qui lui avait permis de rassembler 19,5% des voix, échouant à 600 000 voix du second tour, semble loin. Les meilleurs sondages le placent en 4e position avec 12 à 13% d'intentions de vote, deux fois moins qu'Emmanuel Macron et Marine le Pen. 

Les Verts

C'est la grande interrogation de ce scrutin. Après des élections municipales réussies, où les Verts ont réussi à gagner plusieurs grandes villes comme Strasbourg, le parti espère venir jouer les trouble-fêtes du scrutin et s'imposer comme l'alternative à gauche.

Une primaire doit désigner leur candidat en septembre pour départager trois principaux candidats : le chef du parti et ancien directeur des campagnes de Greenpeace Yannick Jadot, le maire de Grenoble Eric Piolle et l'ancienne vice-présidente des Verts Sandrine Rous


Les députés ne voleront pas au secours de Le Pen, qui devra s'en remettre à la justice

(Photo AFP)
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  • Les députés ne voleront pas au secours de Marine Le Pen.
  • aucun groupe, hors extrême droite, ne devrait voter la proposition de Ciotti visant à supprimer l'inéligibilité immédiate, ne laissant à la cheffe de file du RN d'autre choix que de saisir les tribunaux.

PARIS : Les députés ne voleront pas au secours de Marine Le Pen : aucun groupe, hors extrême droite, ne devrait voter la proposition de Ciotti visant à supprimer l'inéligibilité immédiate, ne laissant à la cheffe de file du RN d'autre choix que de saisir les tribunaux pour pouvoir participer à l'élection présidentielle.

Mardi, le député des Alpes-Maritimes a reconnu, à demi-mot, que sa proposition de loi visant à « supprimer l’application immédiate de l’inéligibilité », qui serait débattue lors de la journée réservée à son groupe (UDR) le 26 juin, n'avait plus guère de chances de succès après les dernières prises de position des uns et des autres.

« On voit bien les yoyos politiques », a-t-il déploré, alors que « la semaine dernière, tout le monde semblait adhérer à ce qui relève d'un principe de bon sens ».

Un peu plus tôt, le porte-parole des députés LR, Vincent Jeanbrun, avait exclu de faire « une loi pour Marine Le Pen ».

Dans la foulée du jugement, la proposition d'Éric Ciotti n'avait pourtant pas été écartée d'un revers de main.

Le président du groupe LR, Laurent Wauquiez, avait déclaré vouloir attendre de connaître le contenu du texte. « Les autres pays européens font-ils ça ? Non (...) Donc oui, il y a débat et ce débat doit être ouvert », avait-il jugé.

François Bayrou avait laissé la porte ouverte en estimant que « la réflexion doit être conduite » par les parlementaires à propos de l'exécution provisoire qui « fait que des décisions lourdes et graves ne sont pas susceptibles de recours ».

Jean-Luc Mélenchon avait quant à lui semé le doute en clamant son opposition aux mesures exécutoires et en estimant que « la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple ». 

Mais lundi, le coordinateur de LFI Manuel Bompard a clarifié la position de son groupe, excluant de voter « une loi de confort pour Marine Le Pen », qui n'a « plus de raison de se plaindre » après avoir obtenu la possibilité d'être jugée rapidement en appel.

Aucun suspense non plus du côté des macronistes. « Si tu voles, tu payes, surtout quand on est un responsable politique. Alors non, nous ne voterons pas la proposition de loi de M. Ciotti », a lancé dimanche Gabriel Attal, cherchant à se positionner comme le principal opposant au RN.

Selon un sondage Ifop publié vendredi, 64 % des Français s’opposent à une modification de la loi pour supprimer l'exécution provisoire.

La justice semble donc bien être la seule voie de sortie pour Marine Le Pen, en dépit de l'avalanche de critiques contre l'institution qui secoue son camp depuis une semaine (« tyrannie des juges », « quarteron de magistrats », « juges rouges », etc.).

La cour d'appel de Paris a annoncé qu'elle rendrait sa décision à l'été 2026.

Si Marine Le Pen n'est pas relaxée en appel, alors tout dépendra de la durée de la peine d'inéligibilité qu'elle encourra et de son exécution provisoire ou non.

Si cette inégibilité n'est pas d'application immédiate, alors la députée a déjà indiqué qu'elle irait en cassation. Un tel pourvoi est a priori suspensif, ce qui lui permettrait de se présenter en 2027, vu les délais moyens devant la Cour de cassation.

Toutefois, il y a débat chez les juristes pour savoir si cette suspension s'appliquerait également à l'exécution provisoire.
 


Nouveau cri d'alarme sur l'aide sociale à l'enfance

La députée française et rapporteur de la Commission d'enquête parlementaire sur la protection de l'enfance, Isabelle Santiago (G), aux côtés de la députée française Laure Miller, s'exprime lors de la présentation du rapport de la commission sur la protection de l'enfance, à l'Assemblée nationale à Paris, le 8 avril 2025. (Photo JULIEN DE ROSA / AFP)
La députée française et rapporteur de la Commission d'enquête parlementaire sur la protection de l'enfance, Isabelle Santiago (G), aux côtés de la députée française Laure Miller, s'exprime lors de la présentation du rapport de la commission sur la protection de l'enfance, à l'Assemblée nationale à Paris, le 8 avril 2025. (Photo JULIEN DE ROSA / AFP)
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  • Dans son rapport final publié mardi, la commission d'enquête de l'Assemblée nationale alerte sur la situation de la protection de l'enfance : « Hier à bout de souffle, elle est aujourd’hui dans le gouffre ».
  • les mesures de protection sont en hausse de 44 % depuis 1998, alors que le nombre de personnel sur le terrain est lui en « baisse constante » sur la dernière décennie. 

PARIS : Dans un « cri d'alarme » face à un système « qui craque de toutes parts », une commission d'enquête parlementaire exhorte à « agir vite » pour refonder l'aide sociale à l'enfance, prônant notamment l'adoption d'une loi de programmation et un renforcement des contrôles.

Dans son rapport final publié mardi, la commission d'enquête de l'Assemblée nationale alerte sur la situation de la protection de l'enfance : « Hier à bout de souffle, elle est aujourd’hui dans le gouffre ». Cette commission avait été lancée au printemps 2024, quelques mois après le suicide de Lily, une adolescente de 15 ans placée dans un hôtel.

« Il ne s'agit plus seulement de constater, mais d’agir vite », ajoute-t-elle.

Selon le dernier bilan officiel, 396 900 jeunes sont suivis par la protection de l'enfance en France, compétence des départements depuis les années 1980. Mais sur le terrain, la dynamique s'enraye : les mesures de protection sont en hausse de 44 % depuis 1998, alors que le nombre de personnel sur le terrain est lui en « baisse constante » sur la dernière décennie. 

Résultat : les enfants sont accueillis en « sureffectif », les mesures de placement ne sont pas exécutées faute de place suffisante et les professionnels sont « en perte de sens ».

Pour « sortir de la crise », la commission préconise d'adopter une loi de programmation et de mettre en place un « nouveau fonds de financement » de la protection de l’enfance.

Face à des demandes de placement en déshérence, la commission recommande également d'augmenter le nombre de juges et de greffiers afin de permettre un suivi efficace.

Elle appelle par ailleurs à créer une commission de réparation pour les enfants placés ayant été victimes de maltraitance dans les institutions, et à renforcer les contrôles, avec « au moins une inspection tous les deux ans » pour les établissements et les assistants familiaux.

Écartant l'option d'une recentralisation, elle recommande plutôt la mise en place sans délai d'un comité de pilotage réunissant l'État, les départements et des associations, afin de relancer une stratégie ministérielle. 

« Scandale d'État »

« Les rapports ne peuvent plus se permettre de prendre la poussière, on est face à une urgence absolue », déclare à l'AFP la rapporteure de la commission, la députée socialiste Isabelle Santiago.

« Nous sommes face à un enjeu de santé publique, notre action aura un impact sur le devenir de centaines de milliers d'enfants », ajoute-t-elle, évoquant les conséquences « dramatiques » de la situation sur la santé physique et mentale des jeunes ainsi que sur leur parcours scolaire. « C'est un scandale d'État, il faut passer à l'action maintenant. »

S'exprimant avant la publication du rapport, la ministre des Familles, Catherine Vautrin, a présenté dimanche des pistes pour améliorer la protection de l'enfance (prévention, réflexion sur l'adoption, santé, etc.), mais sans s'avancer sur les moyens financiers, admettant une situation budgétaire « difficile ». 

Elle a notamment évoqué des mesures visant à mieux prévenir le placement des enfants, à aider les assistants familiaux ou à mieux suivre leur santé.

Si ces mesures constituent « des premiers pas », Isabelle Santiago a déploré, mardi lors d'une conférence de presse, qu'on ne dise pas « comment, où et avec quel budget ».

Avant la commission d'enquête, des dizaines de rapports (Cour des comptes, Conseil économique, social et environnemental, Défenseure des droits, etc.) et d'alertes (Unicef, syndicat de magistrats, associations, etc.) se sont succédé ces dernières années.

Tout en reconnaissant les défaillances du système actuel, le gouvernement et les départements se renvoient régulièrement la balle, les seconds estimant ne plus être en mesure d'assurer leur mission en raison des coupes budgétaires et de la hausse du nombre de mineurs étrangers non accompagnés. 

Mardi, une dizaine d'anciens enfants placés ont brandi des pancartes et organisé une manifestation près de l'Assemblée nationale afin d'appeler l'État à reconnaître « ses défaillances » et à agir sans délai.

« L'urgence est d'apporter une bonne fois pour toutes du crédit aux rapports », estime Deborah, ancienne enfant de l'Ase et travailleuse sociale. « On se contente de répéter des constats accablants, et pendant ce temps-là, quel avenir pour ces enfants ? »

Face aux « promesses non tenues », un appel à la mobilisation nationale a par ailleurs été lancé par le « collectif des 400 000 », qui réunit une soixantaine d'associations et de fédérations.


Face aux taxes douanières de Trump, l'industrie française se concerte ce mardi

vue extérieure du ministère de l'Economie et des Finances, le 05 avril 2000, rue de Bercy à Paris. (Photo by LAURENT HUET / AFP)
vue extérieure du ministère de l'Economie et des Finances, le 05 avril 2000, rue de Bercy à Paris. (Photo by LAURENT HUET / AFP)
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  • Les industriels français se réunissent ce mardi à Bercy autour du ministre Marc Ferracci, afin d'élaborer une position commune dans la riposte européenne à la crise commerciale mondiale
  • l'Union européenne a proposé lundi aux États-Unis une exemption totale de droits de douane pour les produits industriels

PARIS : Les industriels français se réunissent ce mardi à Bercy autour du ministre Marc Ferracci, afin d'élaborer une position commune dans la riposte européenne à la crise commerciale mondiale déclenchée par la hausse des droits de douane américains.

Alors que l'Union européenne a proposé lundi aux États-Unis une exemption totale de droits de douane pour les produits industriels dans le but de tenter d'éviter une guerre commerciale dévastatrice, le ministre va consulter « l'ensemble des filières et les représentants des employeurs et des salariés » français sur la réponse à apporter.

Les marchés ont plongé pour le troisième jour consécutif lundi, suite à l'offensive protectionniste américaine sans équivalent depuis les années 1930, avec l'annonce par le président américain Donald Trump, mercredi, d'une série de droits de douane supplémentaires à hauteur de 20 % sur les produits en provenance de l'Union européenne. 

La Bourse de Paris, qui n'avait pas connu une chute pareille depuis mars 2022, a dévissé de 4,78 % lundi. La Bourse de New York est parvenue pour sa part à limiter ses pertes.

En France, le président Emmanuel Macron avait appelé la semaine dernière les industriels français à suspendre leurs investissements aux États-Unis, dans le cadre d'une riposte européenne qu'il souhaite « proportionnée » afin de laisser sa chance à la négociation avec les Américains.

Dans cette période de turbulences, il est important « d'éviter l'escalade », avait ajouté vendredi Marc Ferracci à Toulouse.

« Nous allons procéder à une analyse extrêmement fine. Nous attendons que toutes les filières industrielles nous fassent remonter leurs analyses sur le niveau de réponse approprié. Le mot d'ordre, c'est l'unité et le travail collectif pour établir le diagnostic », a-t-il ajouté. 

Le 10 avril, le commissaire européen à l'Industrie, Stéphane Séjourné, doit également rencontrer les principales filières industrielles européennes afin de trouver le bon dosage de réponse à Washington.