Mardi, le Conseil des gardiens du régime iranien a éliminé la plupart des candidats à la parodie d’élection présidentielle, à la demande du Guide suprême, Ali Khamenei. Par conséquent, les médias étatiques et les responsables de la faction rivale mettent en garde contre les conséquences de la politique contradictoire du régime.
L’action de Khamenei a confirmé une fois de plus l’affirmation de longue date de l’opposition démocratique iranienne, selon laquelle les élections sous le régime des mollahs ne sont qu’une farce servant de façade à ce régime vicieux.
Khamenei entend faire sortir des urnes le nom de son protégé, Ebrahim Raïssi. Ainsi, il ne pouvait tolérer ses plus proches serviteurs, comme Ali Larijani, l’ancien président du Parlement.
Ebrahim Raïssi a fait son entrée sur la scène politique iranienne après la révolution de 1979 contre la monarchie, comme religieux pro-Khomeini, prêt à exécuter tous les ordres de son mentor. Raïssi est né en 1960. Il a commencé sa formation de clerc au séminaire de Qom à l’âge de 15 ans, et est entré très tôt dans la magistrature du régime clérical, en tant que procureur adjoint à Karaj (à l’ouest de Téhéran), dès l’âge de 19 ans. Un an plus tard, il est devenu procureur du tribunal révolutionnaire de Karaj. Son parcours l’a finalement conduit à devenir chef de l’appareil judiciaire en 2019.
Raïssi, chef adjoint de «l’Assemblée des experts», a été promu au poste de procureur de Téhéran en 1989, après qu'Ali Khamenei est devenu Guide suprême. Il a occupé ce poste pendant cinq ans.
Responsable du massacre de prisonniers politiques en 1988
En 1988, en tant que procureur adjoint de Téhéran, il était l’une des quatre personnes que Khomeini avait désignées pour exécuter sa fameuse fatwa, visant à massacrer des militants emprisonnés de l’Organisation des moudjahidine du peuple d’Iran (Ompi). Au cours de ce massacre, 30 000 prisonniers politiques, principalement affiliés à ce mouvement, ont été sommairement exécutés en quelques mois. Vingt-huit ans après ce massacre, une cassette audio a refait surface à l'été 2016. On y entend Hossein-Ali Montazeri, à l’époque le successeur désigné de Khomeini, s'entretenir avec la «commission de la mort» à Téhéran, y compris avec Raïssi, environ vingt jours après le début de la frénésie meurtrière. Montazeri les avertit lors d’une réunion que ces exécutions seraient considérées comme les «plus grands crimes commis par la République islamique». Il les questionne sur l'exécution de femmes enceintes et de filles âgées de 15 ans. Hossein-Ali Montazeri a ensuite révélé que Raïssi était le membre le plus actif et le plus impitoyable du comité. Fidèle à son habitude, après le tollé public suscité par le massacre de 1988, Raïssi s'est vanté à la télévision d'État, le 2 juin 2020. «Eh bien, ils ne devraient pas avoir de chance ... Ce sont les gens à qui l'imam a dit nous n'aurions pas dû faire preuve de pitié, et l'imam [Khomeini] les connaissait bien.»
Violence perpétrée contre les dissidents
Raïssi, chef adjoint de «l’Assemblée des experts», a été promu au poste de procureur de Téhéran en 1989, après qu'Ali Khamenei est devenu Guide suprême. Il a occupé ce poste pendant cinq ans. Il a ensuite été chef du bureau de l'inspecteur général national pendant une décennie, de 1994 à 2004, et chef adjoint du pouvoir judiciaire, de 2004 à 2014. Khamenei l'a enfin nommé procureur général du tribunal spécial pour le clergé en 2014, poste qu'il a occupé jusqu'en 2015.
Après le décès d'un haut religieux, Abbas Vaez-Tabasi, Khamenei a nommé Raïssi en 2016 à la tête de la fondation Astan-e Qods Razavi, à Mashhad, dans le nord-est de l'Iran, l'un des plus importants conglomérats du régime.
À la suite du soulèvement de décembre 2009, Raïssi aurait déclaré: «Moharebeh («faire la guerre à Dieu») se fait parfois par appartenance à une organisation, comme les Monafeqin (désignation officielle de l’Ompi par le régime). Pour quiconque aide cette organisation, de quelque manière que ce soit – car il s'agit d'un mouvement organisé –, le titre de moharebeh s'applique». Selon la loi sur la punition islamique, la condamnation pour moharebeh est la mort.
Après le décès d'un haut religieux, Abbas Vaez-Tabasi, Khamenei a nommé Raïssi en 2016 à la tête de la fondation Astan-e Qods Razavi, à Mashhad, dans le nord-est de l'Iran, l'un des plus importants conglomérats du régime, contrôlant des actifs massifs: terres, bâtiments et capital.
Khamenei a nommé Raïssi chef de la magistrature en mars 2019. Depuis lors, l’appareil judiciaire a décidé de l'exécution de 251 personnes en 2019, et de 267 personnes en 2020. De nombreuses exécutions ont en outre eu lieu en 2021. Amnesty International a affirmé que «la peine de mort était de plus en plus utilisée comme une arme de répression politique contre les manifestants dissidents, et les minorités ethniques», pendant le mandat de Raïssi. L'exécution brutale du sportif et lutteur iranien, Navid Afkari, a en particulier suscité un tollé international.
Il va entrer se présenter à la présidentielle comme candidat principaliste (faction pro-Khamenei).
Hamid Enayat est un expert de l'Iran et un écrivain basé à Paris, où il a fréquemment écrit sur les questions iraniennes et régionales au cours des trente dernières années.
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.