PARIS: La soeur de Benjamin Brière, un Français détenu depuis un an en Iran, s'est dite lundi "sous le choc" après l'annonce par Téhéran qu'il serait jugé pour "espionnage", réitérant que son frère était "un touriste français lambda pris au piège" d'une affaire aux enjeux politiques.
"On est complètement sous le choc. Voir que des accusations aussi graves se précisent contre lui, ça prend des proportions qu'on ne maîtrise pas et ça nous terrorise", a déclaré Blandine Brière.
Téhéran a confirmé dimanche que M. Brière, détenu depuis un an à Machhad (nord-est) serait jugé pour "espionnage" et "propagande" contre le système politique de la République islamique d'Iran.
Selon son avocat iranien, M. Brière est accusé d'espionnage pour "des photographies de zones interdites" prises avec un drone de loisir dans un parc naturel en Iran. D'après sa soeur, il a été arrêté en mai 2020 alors qu'il traversait l'Iran en touriste, à l'occasion d'un long voyage en van aménagé entamé en 2018.
"On se doute bien que l'enjeu est ailleurs, que ça nous dépasse complètement. Il a été pris au piège. Benjamin n'est pas un espion, c'est un citoyen français lambda, un touriste qui s'est retrouvé pris dans une affaire irréelle", a déclaré Mme Brière, en demandant que son frère "ne soit pas un otage d’une quelconque négociation".
La jeune femme a pu lui parler 4 fois en un an, dont la dernière dimanche 23 mai. "Il allait bien, autant que possible. Ils sont à 13 dans un dortoir, sans aucune intimité. Il apprend le persan et travaille le cuir, ça lui permet de ne pas flancher, même s'il se rend compte dans quel pétrin il est", a-t-elle raconté.
"Il a subi plusieurs interrogatoires mais n'a pas été maltraité, c'est ce qu'il nous dit", a-t-elle ajouté, précisant que "tous ses appels sont enregistrés, traduits, décryptés, donc évidemment on fait attention".
Selon elle, M. Brière a droit tous les deux mois à une visite consulaire et il peut appeler le consul lorsqu'il le souhaite. "Mais les autorités françaises n'ont aucune information concrète à lui apporter, ni à nous", a-t-elle déploré.
"On est en colère, nous n'avons aucune visibilité. On a sagement gardé le silence pendant des mois, comme on nous l'avait demandé, mais ce n'est plus possible, on fait du surplace. On demande de l'aide des autorités françaises, que quelqu'un nous dise: on s'en occupe, on va le sortir de là", a-t-elle ajouté.
Mme Brière avait écrit la semaine dernière une lettre ouverte au président Emmanuel Macron pour l'"implorer" de mettre un terme à cette situation.
L'Iran retient plus d'une douzaine de détenteurs de passeports occidentaux, pour la plupart des binationaux, ce que des ONG condamnent comme une politique de prise d'otages destinée à obtenir des concessions des puissances étrangères.
Au cours des dernières années, la République islamique a procédé à plusieurs échanges de détenus avec des pays étrangers.
A l'occasion des négociations en cours à Vienne -- auxquelles la France participe -- pour tenter de relancer l'accord international sur le nucléaire iranien de 2015, Téhéran a fait savoir qu'elle était toujours ouverte à des échanges de détenus.
Pour l'Iran, l'enjeu de ces pourparlers est d'obtenir la levée des sanctions américaines réimposées ou créées par les Etats-Unis depuis 2018 après la décision de l'ancien président américain Donald Trump de dénoncer unilatéralement cet accord.