Amnesty International dénonce la maltraitance des prisonniers par les Houthis

Amnesty International a accusé les Houthis d’avoir arrêté arbitrairement des centaines de journalistes, de défenseurs des droits humains et de membres de minorités religieuses, et de les détenir à l’isolement dans des prisons insalubres. (Fichier/AFP)
Amnesty International a accusé les Houthis d’avoir arrêté arbitrairement des centaines de journalistes, de défenseurs des droits humains et de membres de minorités religieuses, et de les détenir à l’isolement dans des prisons insalubres. (Fichier/AFP)
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Publié le Samedi 29 mai 2021

Amnesty International dénonce la maltraitance des prisonniers par les Houthis

  • L’ONU doit «montrer du doigt» les Houthis à la suite de ces abus, déclare un militant des droits de l’homme à Arab News
  • Les détenus sont soumis à des passages à tabac et des aveux forcés sous la torture

AL-MUKALLA: Amnesty International a accusé la milice houthie soutenue par l’Iran d’avoir arrêté arbitrairement des centaines de journalistes, de défenseurs des droits humains et membres de minorités religieuses, et de les détenir à l’isolement dans des prisons insalubres, de les torturer et de les utiliser comme levier lors des pourparlers de paix.

Dans un rapport de 34 pages publié jeudi, le groupe international de défense des droits humains indique que, depuis le début de 2015, les Houthis ont arrêté de façon arbitraire des centaines de journalistes, d’opposants politiques et de membres de la minorité religieuse bahá’íe, qu’ils ont jetés dans de petites prisons insalubres où ils sont torturés physiquement et psychologiquement.

Le rapport affirme que les prisonniers se sont vu refuser des médicaments et une nourriture suffisante et qu’ils n’avaient pas le droit de contacter leur famille.

Le rapport graphique est basé sur des entretiens avec douze anciens détenus libérés l’année dernière à la suite d’un échange de prisonniers réussi entre le gouvernement yéménite et les Houthis. «Les détenus n’avaient pas un accès correct à la nourriture, aux soins médicaux, à l’eau potable, aux installations sanitaires, le tout dans des locaux inadaptés et insalubres. Certains ont été soumis à l’isolement pendant vingt jours, uniquement pour avoir réclamé davantage de nourriture et entamé une grève de la faim», indique le rapport.

Un ancien détenu déclare à l’organisation internationale que le Bureau de la sécurité politique dirigé par les Houthis l’a retenu pendant cinq mois alors qu’il avait promis lors de son arrestation que l’interrogatoire ne durerait que quelques heures.

«Lorsque les agents du Bureau de la sécurité politique ont frappé à ma porte et m’ont demandé de les accompagner pour un certain nombre de questions, formalité qui durerait quelques heures, je n’ai pas pensé à dire au revoir à ma famille. Je ne savais pas que je ne leur parlerais à nouveau qu’après cinq mois», déclare dans le rapport le détenu, resté anonyme.

Le rapport met en évidence plusieurs centres de détention informels et formels contrôlés par les Houthis tels que le Bureau des enquêtes criminelles et de la sécurité politique, le Bureau de la sécurité nationale et le poste de police de Hasaba, le centre de détention provisoire d’Al-Thawra dans la capitale, la prison de Saref à Beni Hashish dans la province de Sanaa et la prison de Shamlan à Hodeidah.

Les miliciens ont battu les détenus à l’intérieur des prisons ou pendant les enquêtes pour les forcer à admettre avoir commis des crimes tels que collaborer avec Israël ou la coalition arabe.

Un membre de la communauté bahá’íe du Yémen déclare que les enquêteurs houthis et les forces de sécurité l’ont cogné avec des barres d’acier, un fusil AK-47 et d’autres objets contondants.

«Ils me battaient sans arrêt jusqu’à ce que je ne puisse plus crier. Parfois, ils me réveillaient pour une nouvelle série de questions. Je me suis évanoui deux fois pendant l’interrogatoire, principalement parce que j’étais psychologiquement fatigué et affamé», raconte le membre bahá’í.

«Nous avons été torturés à plusieurs reprises uniquement pour avoir demandé de l’eau et de la nourriture. Ils avaient l’habitude de couper l’électricité la nuit et de nous garder dans l’obscurité en guise de punition, ou ils venaient dans la cellule et nous frappaient avec des câbles.

Selon le rapport, les Houthis ont utilisé les autorités judiciaires dans les zones sous leur contrôle pour condamner leurs opposants lors de longs procès où les accusés n’avaient qu’eux-mêmes pour se défendre.

Les personnes enlevées victimes de cette répression et les avocats interrogés décrivent les procès de la Cour pénale spécialisée et de la Cour d’appel de Sanaa comme une mascarade judiciaire à des fins politiques, affirmant que les juges avaient ignoré les demandes de représentation des avocats. Ils ajoutent que les juges ont négligé d’enquêter sur les actes de torture et que les aveux ont été extorqués sous la contrainte.

Toujours selon le rapport, peu de temps après les avoir libérés à la suite d’un accord, les Houthis ont immédiatement expulsé les anciens détenus de leurs territoires et envoyé les bahá’ís en exil, rejetant les demandes de certains de pouvoir rendre visite à leurs familles dans le nord du Yémen.

«Les autorités [houthies] nous ont permis d’appeler nos familles lorsque nous sommes arrivés à l’aéroport. Je les ai suppliés de m’autoriser à voir mon père, mais ils ont refusé. Il a 80 ans et je ne pourrai plus le revoir. Cela a été la chose la plus difficile de ma vie, laisser mon père derrière moi», déclare un membre de la communauté bahá’íe.

L’organisation de défense des droits humains a mis en garde les Houthis contre l’utilisation de milliers d’opposants politiques actuellement incarcérés comme monnaie d’échange lors de toute négociation avec le gouvernement yéménite.

«Dans le contexte des négociations en cours, Amnesty International exhorte les autorités houthies à ne pas utiliser les détenus à des fins politiques et à libérer immédiatement toutes les personnes arrêtées arbitrairement en raison de leur opinion, leur affiliation politique et leurs convictions», souligne l’organisation.

Des militants des droits humains et des responsables yéménites précisent que le rapport d’Amnesty International confirme des informations bien connues sur les violations des droits humains commises par les Houthis.

Fatehia al-Mamarie, directrice du bureau provincial du ministère des Droits de l’homme dans la province occidentale de Hodeidah, a demandé à la communauté internationale et à l’ONU de condamner les agissements des Houthis et de faire pression sur eux pour qu’ils libèrent les détenus.

«C’est une étape positive vers la dénonciation des crimes des Houthis et la révélation de leur vrai visage auprès de la communauté internationale», a déclaré Mme Al-Mamarie jeudi à Arab News.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".