DUBAÏ : Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre deux chefs de la milice houthie pro-iranienne impliqués dans la bataille de Marib, ville du nord du Yémen où une offensive de trois mois a aggravé le désastre humanitaire dans ce pays en guerre.
Le conflit oppose les Houthis, une milice terroriste soutenue par l'Iran, et l’armée gouvernementale, soutenue par l'Arabie saoudite, partenaire privilégié des Etats-Unis qui cherchent une issue diplomatique à une guerre dévastatrice de plus de six ans.
« Les Etats-Unis imposeront aujourd'hui des sanctions contre Mohammed Abdelkarim al-Ghamari, chef d'état-major des forces de la milice des Houthis, qui dirige l'offensive sur Marib, ainsi que contre Youssef al-Madani », un important chef militaire, a déclaré Tim Lenderking, émissaire des Etats-Unis pour le Yémen, lors d'un point-presse.
Selon lui, aucune sanction n'aurait été prise par les Etats-Unis « s'il n'y avait pas d'offensive, s'il y avait un engagement en faveur de la paix, si les parties agissaient de manière constructive avec l'envoyé des Nations unies ».
M. Lenderking a regretté l'absence des Houthis lors des récents pourparlers pour obtenir un cessez-le-feu et il a dénoncé la bataille de Marib qui « fait peser une pression énorme sur une situation humanitaire déjà très fragile ».
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a lui affirmé qu'en menant l'attaque contre Marib, Mohammed Abdelkarim al-Ghamari avait accru le danger qui plane sur le million de civils ayant été déplacés.
L'attaque de Marib « menace de submerger une réponse humanitaire déjà sous pression », a-t-il dit dans un communiqué, en affirmant que Youssef al-Madani risquait « de commettre des actes de terrorisme » contre des intérêts et des ressortissants américains.
« Nous appelons les Houthis à cesser immédiatement toutes les attaques et les offensives militaires », a-t-il ajouté.
Les Houthis ont lancé en février une campagne pour arracher ce bastion du gouvernement dans le nord du pays, qu'ils contrôlent, à l'instar de la capitale Sanaa, prise en 2014.
L'Arabie saoudite, à la tête d'une coalition militaire qui intervient depuis 2015 pour appuyer les loyalistes, a proposé un cessez-le-feu en mars. Mais les Houthis l'ont rejeté, exigeant au préalable la levée de l'embargo aérien et maritime imposé par les Saoudiens, et, plus précisément, l’autorisation de vols directs de Sanaa vers Beyrouth, Damas et Téhéran.
Le conflit au Yémen a tué des dizaines de milliers de personnes, selon diverses ONG. Des millions de civils ont été déplacés et, avec les deux tiers des environ 30 millions d'habitants dépendant de l'aide humanitaire, le pays est au bord d'une famine à grande échelle.