PARIS : La jihadiste Inès Madani, condamnée pour avoir tenté de faire exploser une voiture près de Notre-Dame en septembre 2016, est rejugée en appel à partir de mardi devant la cour d'assises spéciale de Paris.
La jeune femme, âgée aujourd'hui de 24 ans, avait été condamnée en première instance, en octobre 2019, à trente ans de réclusion criminelle, une peine dont elle a interjeté appel.
«C'est une peine inadaptée à la personnalité» d'Inès Madani, qui depuis les faits «a beaucoup évolué», estime l'un de ses avocats, Tewfik Bouzenoune.
Considérée comme le cerveau d'un «commando» de femmes ayant voulu lancer des attaques terroristes en suivant les consignes de Rachid Kassim, propagandiste du groupe État islamique (EI), elle est rejugée sans les autres membres du groupe, qui n'ont pas fait appel et dont les condamnations sont donc définitives.
L'une d'elles, Ornella Gilligmann, sera toutefois entendue comme témoin. Elle a écopé de vingt-cinq ans de réclusion pour avoir tenté, avec Inès Madani, de faire exploser une voiture remplie de bonbonnes de gaz dans la nuit du 3 au 4 septembre 2016, devant des restaurants proches de Notre-Dame.
Lors du premier procès, les deux femmes s'étaient rejeté la responsabilité de l'attaque, avortée du fait d'un mauvais choix de carburant – du gasoil, difficile à enflammer.
Après l'échec de cet attentat, Inès Madani avait trouvé refuge, sur les conseils de Rachid Kassim, dans un appartement à Boussy-Saint-Antoine (Essonne).
Elle avait été interpellée dans un parking le 8 septembre 2016, alors qu'elle se dirigeait, couteau de cuisine à la main, vers un policier, qui a tiré à quatre reprises sur elle et l'a blessée aux jambes.
Également rejugée pour tentative d'assassinat sur une personne dépositaire de l'autorité publique et pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, Inès Madani encourt la réclusion à perpétuité.
Dans un autre dossier, la jeune femme avait été condamnée en avril 2019 par le tribunal correctionnel de Paris à huit ans d'emprisonnement pour avoir incité des candidats au jihad à rejoindre la Syrie ou à commettre des attaques en France et en Belgique, entre mars 2015 et juin 2016.
Elle échangeait avec ces apprentis jihadistes en se dissimulant sous des noms de combattants de l'EI masculins, comme Abou Junayd ou Abou Souleyman. C'est sous ce pseudonyme qu'elle avait enrôlé sur internet Ornella Gilligmann.
Le co-accusé d'Inès Madani, Mohamed Lamine Aberouz, condamné en première instance à trois ans d'emprisonnement, comparaîtra à ses côtés. Il est lui rejugé pour non-dénonciation de crime terroriste.