PARIS : Le président du mouvement kabyle indépendantiste MAK basé à Paris, Ferhat Mehenni, a dénoncé mercredi « l'obsession » du pouvoir algérien à qualifier l'organisation de terroriste, et s'est interrogé sur les motifs ayant justifié sa brève mise en garde à vue la veille à Paris.
Ferhat Mehenni a été gardé à vue quelques heures dans le cadre d'une enquête pour blanchiment en bande organisée, « une affaire abracadabrantesque à laquelle je ne comprends rien », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Il a été libéré sans poursuites à ce stade, selon le parquet.
« Depuis quelques mois, les autorités algériennes font tout pour nous salir, nous intimider », a lancé M. Mehenni, dénonçant « l'obsession d'Alger à faire du MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie) une organisation terroriste ».
En avril, le MAK, déjà illégal en Algérie, avait été accusé par le pouvoir algérien de projeter des attentats contre les marches du mouvement pro-démocratie du Hirak. Mardi, les autorités algériennes l'ont classé comme « organisation terroriste », ainsi qu'un mouvement islamo-conservateur, Rachad, également basé à l'étranger.
« Mon arrestation le jour même n'est-elle qu'une coïncidence fâcheuse ? », s'est interrogé M. Mehenni, n'excluant « aucune hypothèse ».
Paris et Alger ont signé récemment une convention d'extradition, a-t-il rappelé, tout en se déclarant « serein ».
« Je ne pense pas que la France, un Etat de droit, puisse accéder aux desiderata d'Alger, puisse aller dans ce délire », a-t-il dit.
« Le MAK n'est pas une organisation terroriste et ne commettra jamais d'actes de violence. Si violence il y a ce ne pourra être que le fait des services algériens », a-t-il mis en garde.
« En plus de 20 ans de carrière, je n'ai jamais rencontré un dossier aussi vide », a déclaré à ses côtés son avocat Me Gérald Pandelon, rappelant qu'aucune demande d'extradition ne pouvait être faite sans que des procédures pénales aient été diligentées en amont ou qu'un jugement ait été prononcé.
Né dans le sillage du « Printemps kabyle » de 2001, le MAK est accusé par les autorités algériennes d'avoir des visées « séparatistes » et de racisme anti-arabe.
La Kabylie est une région berbérophone du nord-est de l'Algérie traditionnellement frondeuse vis-à-vis d'un Etat très centralisé. Elle est l'un des fiefs du Hirak.