«Printemps noir»: il y a 20 ans, la Kabylie défiait le pouvoir dans la rue

La grand-mère de Massinissa Guermah tient sa photo au cours de manifestations de protestation contre le meurtre, le 6 mai 2001 à Béni-Doula (Photo, AFP).
La grand-mère de Massinissa Guermah tient sa photo au cours de manifestations de protestation contre le meurtre, le 6 mai 2001 à Béni-Doula (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 18 avril 2021

«Printemps noir»: il y a 20 ans, la Kabylie défiait le pouvoir dans la rue

  • Le 18 avril 2001, Massinissa Guermah, 18 ans, est grièvement blessé par une rafale de kalachnikov dans la gendarmerie de Béni-Douala, un bourg montagneux près de Tizi Ouzou
  • Les manifestations tournent à l'affrontement avec les forces de l'ordre qui tirent à balles réelles. La répression fera 126 morts et plus de 5 000 blessés

ALGER: Il y a vingt ans éclatait le « Printemps noir » en Kabylie, des émeutes nées de la mort d'un lycéen dans une gendarmerie, réprimées dans le sang par le régime. Une révolte au nom de l'identité berbère, pionnière de la contestation dans la rue.

Le 18 avril 2001, Massinissa Guermah, 18 ans, est grièvement blessé par une rafale de kalachnikov dans la gendarmerie de Béni-Douala, un bourg montagneux près de Tizi Ouzou, à l'est d'Alger. 

Le lycéen avait été interpellé après une banale altercation entre jeunes et gendarmes. Deux jours après, il meurt dans un hôpital à Alger.

La Kabylie, qui s'apprêtait à célébrer le 21e anniversaire du « Printemps berbère » d'avril 1980 -- des manifestations en faveur de la reconnaissance de la culture berbère -- se soulève après les obsèques du jeune homme.

Un peu partout, les habitants descendent dans les rues des bourgs et des villages pour réclamer la fermeture de toutes les brigades de gendarmerie de la région.

Les manifestations tournent à l'affrontement avec les forces de l'ordre qui tirent à balles réelles. La répression fera 126 morts et plus de 5 000 blessés.

« Réaction de colère »

« Personne ne pouvait imaginer qu'un gendarme pouvait tuer de sang-froid un jeune dans sa brigade », se souvient Saïd Sadi, une des figures emblématiques du mouvement identitaire et culturel berbère.

« La réaction de la population était une réaction de colère », affirme-t-il. 

Le « Printemps noir » de 2001 est « l'acte de naissance d'une nouvelle forme de contestation (en Algérie) qui se traduit par l'occupation de la rue », explique Sadi, ex-président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), un parti d'opposition laïc, issu de la mouvance berbère en février 1989.

Depuis, le recours aux défilés est devenu un marqueur du mécontentement populaire quand il s'agit de transmettre un message aux autorités.

Ainsi, les tensions sociales, comme le problème de l'accès à l'eau potable et les difficultés de logement, donnent souvent lieu à des manifestations qui dégénèrent parfois en émeutes.

En 2011, l'année du « Printemps arabe » au Maghreb et au Moyen-Orient, l'Algérie a enregistré plus de 10 000 mouvements sociaux, rappelle Saïd Sadi.

« La quasi-totalité des revendications n'empruntent jamais le chemin de la légalité », observe-t-il. 

Jusqu'au puissant mouvement de protestation populaire du Hirak, qui a obtenu le départ du président Abdelaziz Bouteflika en avril 2019 et qui continue, malgré l'interdiction des rassemblements, d'exiger un changement radical du « système » en place depuis l'indépendance en 1962. 

« Crimes d'Etat »

Il y a vingt ans, le chef du RCD, alors membre de la coalition gouvernementale, avait interpellé Bouteflika, élu en 1999 sur la promesse de ramener la paix dans un pays en proie à une sanglante guerre civile avec les islamistes : « On ne peut pas continuer à siéger dans un gouvernement qui tire sur ses enfants ! ».

Au printemps 2002, le mouvement des « aârchs » (tribus kabyles), une organisation ancestrale devenue le fer de lance de la contestation, obtient le départ de la majorité des brigades de gendarmerie de Kabylie.

Le tamazight, la langue berbère, est également reconnu comme « langue nationale » sur décision de Bouteflika, pourtant réfractaire à toute idée de pluralité.

« Il a accordé le statut de langue nationale au tamazight pour se dédouaner de la responsabilité des crimes d'Etat commis en Kabylie », juge aujourd'hui Saïd Sadi, qui vient de publier le deuxième tome de ses mémoires.

Le tamazight a ensuite été consacré deuxième langue officielle du pays avec l'arabe lors d'une révision de la Constitution en 2016.

Autre avancée : en décembre 2017, Bouteflika a décrété Yennayer, le Nouvel An berbère, jour férié en Algérie « pour conforter l'unité nationale ».

Certes, la reconnaissance de la langue berbère n'a rien changé sur le terrain. Car le fait que son enseignement soit resté facultatif l'a reléguée au rang d'accessoire dans les programmes scolaires.

Mais dans la vie d'une nation qui se construit comme l'Algérie, il n'est pas inutile d'avoir des « référents symboliques », relève Sadi, ajoutant qu'il est « important que le Front de libération nationale (FLN), l'ex-parti unique, qui a stigmatisé cette question (identitaire) pendant des décennies ait été acculé à la reconnaître ».


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".