QAMICHLI: Des manifestations ont secoué mardi des régions du nord-est de la Syrie pour dénoncer une augmentation des prix du carburant décidées par les autorités kurdes, ont rapporté des correspondants de l'AFP, une ONG faisant état d'un mort dans de violentes échauffourées.
L'administration semi-autonome kurde a annoncé lundi une hausse substantielle des prix qui ont doublé voire triplé dans certains cas. Ce n'est pas la première fois, mais cette augmentation est la plus importante, et elle intervient sur fond de crise économique aiguë et de fermeture des frontières en lien avec le coronavirus.
"L'administration a été contrainte d'augmenter les prix parce qu'ils ne couvraient plus les coûts de production", a justifié Sadek al-Khalaf, un responsable de cette administration.
Des dizaines de personnes se sont rassemblées dans plusieurs localités, notamment à Qamichli où les commerçants ont pris part au mouvement sur le marché de la ville, selon des correspondants de l'AFP.
Dans la localité de Chadadi, des manifestants, dont certains étaient armés, ont pris d'assaut une base appartenant aux forces kurdes, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Des échanges de tirs entre les deux camps ont tué un manifestant et blessé cinq autres, selon l'OSDH.
Dans la ville de Hassaké, où les forces du régime syrien ont une présence limitée, des "manifestants pro-régime" ont pris d'assaut une position des forces de sécurité kurdes, qui ont répliqué avec des tirs de semonce dans les airs, selon la même source. Les échauffourées ont fait trois blessés.
Avec les augmentations, le prix du diesel a bondi de 150 à 400 livres syriennes par litre, et celui de l'essence est passé de 210 à 410 livres. Les bonbonnes de gaz domestique sont elle vendues désormais à 8 000 livres, contre 2 500 auparavant.
Les forces kurdes contrôlent les principaux champs pétroliers en Syrie. Malgré cette richesse, les habitants du secteur vivent depuis des mois au rythme d'une pénurie de fioul, d'essence et de gaz domestique.
La police kurde des Assayech a évoqué des blessés dans un communiqué sans donner leur nombre. Elle a condamné une tentative d'instrumentaliser des "manifestations pacifiques" pour "attaquer" des infrastructures "civiles et militaires" et "semer le chaos".
Avant la guerre, déclenchée en 2011, la Syrie produisait près de 400 000 barils de brut par jour. Mais dix années de conflit ont ravagé la production, les pertes du secteur pétrolier étant estimées à plus de 90 milliards de dollars.