Israël/Gaza: la vérité, victime collatérale de la guerre?

La tour abritait les bureaux de l'agence de presse américaine Associated Press, le réseau de la chaîne Al-Jazeera, financée par le Qatar, ainsi que des médias locaux. (AFP)
La tour abritait les bureaux de l'agence de presse américaine Associated Press, le réseau de la chaîne Al-Jazeera, financée par le Qatar, ainsi que des médias locaux. (AFP)
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Publié le Mardi 18 mai 2021

Israël/Gaza: la vérité, victime collatérale de la guerre?

  • Peu après 15h (heure locale) samedi dernier, des roquettes tirées par des drones israéliens se sont abattues sur un gratte-ciel situé au centre de la ville de Gaza
  • Al-Jazeera n'a signalé aucune victime, mais elle affirme que des équipements et des enregistrements de valeur ont été perdus

DUBAÏ: Des scènes d’horreur et de souffrance humaine qui envahissent la bande de Gaza ces derniers jours ressort une série d'images.

Peu après 15h (heure locale) samedi dernier, des roquettes tirées par des drones israéliens se sont abattues sur un gratte-ciel situé au centre de la ville de Gaza. Cinq minutes seulement après cette première frappe, des missiles plus lourds, tirés par des chasseurs-bombardiers israéliens, ont percuté un immeuble de douze étages, selon des témoins. La structure s'est alors effondrée dans un nuage de poussière et de débris.

Israël a par ailleurs détruit d'autres bâtiments à Gaza au cours de la semaine passée, comme il l'avait fait lors de son incursion terrestre de 2014, et il a détruit des tunnels et des maisons susceptibles d’être utilisés par les dirigeants du Hamas, le groupe palestinien qui contrôle le territoire. Mais cette attaque est bien différente.

En effet, la tour en question abritait les bureaux de l'agence de presse américaine Associated Press (AP), le réseau de la chaîne Al-Jazeera, financée par le Qatar, ainsi que des médias locaux.

Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont fait savoir via Twitter qu'elles «ciblaient des armes que le Hamas cachait dans des bâtiments civils à Gaza». Toutefois, cette affirmation reste à prouver. L'AP a précisé que «rien n'indiquait» la présence du Hamas dans ce bâtiment, et qu’il aurait été indispensable que ce soit «soigneusement vérifié» afin d’éviter de mettre les journalistes en danger.

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Ce n'est pas la première fois que les médias se retrouvent dans la ligne de mire des conflits au Moyen-Orient comme cela a été le cas la semaine dernière à Gaza. (AFP)

De son côté, l'AP a fait savoir qu'une douzaine de ses employés et free-lance se trouvaient dans le bâtiment au moment de l'alerte des FDI. Aucun d'entre eux n'a été blessé. Al-Jazeera n'a signalé aucune victime, mais elle affirme que des équipements et des enregistrements de valeur ont été perdus.

La guerre médiatique occupe depuis bien longtemps une place centrale dans le conflit entre Israël et le Hamas. Les deux parties sont conscientes que des images et des récits simples mais puissants sont en mesure d'influencer la communauté internationale plus que ne le feraient des mois de diplomatie officielle ou d'action militaire conventionnelle. Bien souvent, les issues du conflit sont contestées et il est souvent difficile de discerner les événements et les motivations sous-jacentes, qui ne se révèlent qu'après des mois et des années d'enquête.

Ce n'est pas la première fois que les médias se retrouvent dans la ligne de mire des conflits au Moyen-Orient comme cela a été le cas la semaine dernière à Gaza. En 2019, un tribunal américain a attribué au gouvernement du président syrien, Bachar al-Assad, la responsabilité de la mort de Marie Colvin, une correspondante de guerre américaine de 56 ans, au mois de février 2012, dans la ville assiégée de Homs. Elle a trouvé la mort, comme le photographe français Rémi Ochlik, âgé de 28 ans, dans le bombardement qui a touché le bâtiment où ils se trouvaient tous deux.

En 2003, deux journalistes, un caméraman de Reuters et le présentateur d’une chaîne de télévision espagnole, ont péri sous les tirs d'un char américain qui visaient l'hôtel Palestine de Bagdad. Ce bâtiment était le lieu de prédilection des journalistes et des médias qui assuraient alors la couverture de l'invasion menée par les États-Unis.

On compte aussi l'incident de la Flottille de la liberté pour Gaza, en 2010: six bateaux, qui avaient essentiellement à leur bord des Turcs pro-palestiniens, ont tenté de se rendre dans la bande de Gaza mais ils ont été bloqués en mer par des commandos israéliens qui sont descendus à bord en rappel.

L'objectif des militants était de montrer que la bande de Gaza était – et est toujours – isolée du monde extérieur dans la mesure où Israël en contrôle l'accès et où les Palestiniens qui vivent sur ce territoire sont assiégés; ils ne connaissent que de rares perspectives économiques, voire aucune. Les activistes prétendaient être des humanitaires, même si certains d'entre eux bénéficiaient du soutien d'équipes de médias et de télévision qui disposaient de matériel professionnel.

Ce jour-là, Israël a annoncé que des partisans de la ligne dure, résolus à engager une confrontation, s'étaient mêlés aux manifestants plus pacifiques. Ces perturbateurs se sont rassemblés à bord de l'un des six bateaux et ils ont provoqué de incidents violents lorsqu'ils ont voulu s'emparer des armes des soldats. Neuf personnes au moins ont perdu la vie dans cet incident.

Aux yeux des défenseurs d'Israël, les actions de ces commandos témoignent de leur compétence militaire et de leur bravoure.

Leurs détracteurs, quant à eux, les perçoivent comme des troupes prêtes à appuyer sur la gâchette pour défendre le blocus illégal.

Concernant l’incident plus récent, Israël a affirmé que la tour en question, située dans la ville de Gaza, abritait, indépendamment des journalistes et des résidents qui y vivaient, un service de renseignement du Hamas. Israël accuse souvent les militants palestiniens de se servir de citoyens et de bâtiments civils pour couvrir leurs activités.

«C'est une cible tout à fait légitime», a déclaré dimanche le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, après la destruction de la tour. Ses défenseurs ont aussitôt brandi un article de Matti Friedman, ancien journaliste d'AP, publié dans le magazine The Atlantic en 2014, au lendemain de l'incursion sanglante d'Israël dans la bande de Gaza. Friedman explique avoir observé que le bâtiment était également utilisé par le Hamas.

«Le Hamas a compris qu'il était possible, au besoin, d'intimider les reporters sans que ces derniers ne signalent ces intimidations. Le personnel de l'AP dans la ville de Gaza a pu ainsi constater que des roquettes lancées tout près de son bureau mettaient en danger les reporters et les civils des environs sans que l'AP ne le signale, pas même dans ses articles qui relaient les affirmations d'Israël selon lesquelles le Hamas lançait des roquettes depuis des zones résidentielles», avait écrit Friedman.

Nous refusons catégoriquement cette interprétation. Le président et directeur général de l'AP, Gary Pruitt, a déclaré dimanche dernier dans un communiqué que son agence exerçait ses activités dans la tour Al-Jalaa depuis quinze ans. «Aucune indication ne nous a laissé penser que le Hamas était présent ou actif dans l'immeuble», a-t-il fait savoir, avant d'ajouter: «Nous ne mettrons jamais délibérément nos journalistes en danger.»

L'autre locataire du bâtiment, Al-Jazeera, est depuis longtemps la bête noire du gouvernement israélien. En 2017, Israël a interdit cette chaîne de télévision au motif qu'elle entretenait des relations trop étroites avec le Hamas.

Avigdor Lieberman, alors ministre israélien de la Défense – et partisan de la ligne dure –, avait apparenté certains reportages diffusés par la chaîne d’une propagande digne de «l'Allemagne nazie». La chaîne a souvent été accusée par d'autres pays arabes de véhiculer les opinions du Qatar et des Frères musulmans, proches du Hamas.

Les défenseurs d'Al-Jazeera soutiennent que la chaîne raconte l'histoire telle qu'elle est perçue par les deux parties de tout conflit et qu'elle veille à obtenir des commentaires provenant des porte-parole d'Israël. C’est en outre la première chaîne qui a couvert des zones auparavant inconnues et dangereuses telles que Gaza et l'Afghanistan; elle a permis de faire entendre la voix de ceux qui étaient marginalisés jusque-là.

Selon les défenseurs d'Al-Jazeera, le gouvernement israélien nationaliste, dirigé par Netanyahou, cherche en réalité à supprimer toute vérité gênante et à détourner l'attention des activités qu'il mène, notamment de la construction de colonies considérées comme illégales par la quasi-totalité de la communauté internationale.

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Le monde sait que les journalistes sont souvent pris dans le feu croisé de ces opinions divergentes, littéralement comme métaphoriquement. (AFP)

S'adressant à Arab News sous couvert d’anonymat, un ancien journaliste d'Al-Jazeera affirme cependant: «Si vous suivez de près la façon dont Al-Jazeera couvre les troubles qui secouent le Moyen-Orient depuis des décennies, que ce soit l'invasion et l'insurrection de l'Irak, le renversement du gouvernement islamiste en Égypte ou les guerres d'Israël contre le Hamas et le Hezbollah, vous comprendrez, sans l'ombre d'un doute, l’objectif éditorial de la chaîne.

«Lors de l'invasion et de l'occupation de l'Irak par les États-Unis, l'attitude ouvertement hostile de cette chaîne de télévision financée par un allié stratégique a suscité la frustration, la colère et le désarroi des responsables américains, au point que le président George Bush aurait même envisagé de bombarder le siège d'Al-Jazeera à Doha en 2004.»

«Les responsables israéliens éprouvent probablement la même colère devant la couverture agressive qu’assure la chaîne à chaque fois qu'un conflit survient à Gaza. Ce sentiment pourrait bien nourrir des incidents tels que l'attaque contre la tour – à moins que le gouvernement israélien ne détienne, dans chaque incident, une information que le reste du monde ignore», ajoute le journaliste.

Le monde sait en revanche que les journalistes sont souvent pris dans le feu croisé de ces opinions divergentes, littéralement comme métaphoriquement.

Le Centre palestinien pour le développement et la liberté des médias, un groupe de réflexion, révèle que, sur la période allant de 2000 au mois de septembre 2018, Israël a assassiné quarante-trois journalistes en Cisjordanie et à Gaza. Par ailleurs, Ignacio Miguel Delgado Culebras, représentant pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord auprès du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), fait savoir ce lundi que le CPJ a documenté le bombardement de trois bâtiments qui abritaient quinze organes de presse au cours de la semaine écoulée.

«Certains reporters locaux ont été blessés lors des frappes aériennes et nombre d'entre eux ont assisté à la destruction du matériel qui se trouvait dans les locaux bombardés. En outre, des journalistes ont été blessés et interpellés alors qu'ils couvraient des manifestations en Cisjordanie. Rien ne semble indiquer que ces atteintes à la liberté de la presse cesseront de sitôt», indique M. Culebras à Arab News.

«Les forces de défense israéliennes savaient où se trouvaient les bâtiments et elles ont demandé aux habitants de les évacuer peu avant les frappes aériennes. Elles prétendent également que ces bâtiments abritaient les services de renseignement et les bureaux militaires ou une présence quelconque du Hamas, bien que l'AP ait affirmé ne pas en avoir connaissance.»

«Ces bombardements, auxquels s’ajoute le fait qu'aucun journaliste étranger n'est autorisé à entrer à Gaza, laissent soupçonner qu'Israël cherche à éviter toute couverture des frappes aériennes et des opérations militaires effectuées dans la bande de Gaza», explique-t-il.

Finalement, des experts considèrent que les événements survenus à Gaza et dans d'autres régions de Cisjordanie et d'Israël sont révélateurs des dangers de plus en plus grands que courent les journalistes qui travaillent dans des zones de conflit où les fronts sont souvent difficiles à distinguer.

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Selon Aidan White, fondateur de l'Ethical Journalism Network («Réseau de journalisme éthique»), si la destruction des biens des médias dans la ville de Gaza est préoccupante, elle n'a pourtant rien d'inhabituel. «Si l'on se penche sur les vingt-cinq dernières années, le ciblage des bâtiments abritant des médias et des journalistes eux-mêmes a connu une recrudescence spectaculaire», confie-t-il à Arab News.

Ce phénomène résulte «notamment de la capacité accrue des médias à couvrir les zones de guerre – et à signaler les actes répréhensibles, les comportements inappropriés ou les crimes de guerre – et de l'évolution des technologies».

«La première victime d’une guerre est la vérité»: cette réflexion semble des plus pertinentes en cette période de campagne israélienne contre Gaza. Mais, une fois encore, la vérité est rarement dite en temps de guerre. L'histoire n'est écrite que lorsque les batailles sont livrées, que les trêves sont signées et que les combats sont éteints.

Seuls les faits recueillis en temps de crise et de violence s’avèrent déterminants pour écrire l'histoire.

Twitter: @rebeccaaproctor 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


La reprise de la guerre à Gaza a «déclenché un nouvel enfer», affirme le CICR

La reprise de la guerre à Gaza a "déclenché un nouvel enfer" dans le territoire palestinien où Israël est en guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas depuis son attaque le 7 octobre 2023, a averti lundi le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). (AFP)
La reprise de la guerre à Gaza a "déclenché un nouvel enfer" dans le territoire palestinien où Israël est en guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas depuis son attaque le 7 octobre 2023, a averti lundi le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). (AFP)
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  • "Gaza subit et endure des morts, des blessés, des déplacements multiples, des amputations, des séparations, des disparitions, des famines et un déni d'aide et de dignité à grande échelle"
  • "Cela inclut le traumatisme des familles des otages israéliens qui font face à un cauchemar sans fin, et des familles des prisonniers palestiniens", a-t-il ajouté

DOHA: La reprise de la guerre à Gaza a "déclenché un nouvel enfer" dans le territoire palestinien où Israël est en guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas depuis son attaque le 7 octobre 2023, a averti lundi le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

"Gaza subit et endure des morts, des blessés, des déplacements multiples, des amputations, des séparations, des disparitions, des famines et un déni d'aide et de dignité à grande échelle, et juste au moment où le cessez-le-feu (...) laissait croire aux gens qu'ils avaient survécu au pire, un nouvel enfer s'est déclenché", a déclaré Pierre Krähenbühl lors d'une conférence sur la sécurité à Doha, au Qatar, l'un des pays médiateurs.

"Cela inclut le traumatisme des familles des otages israéliens qui font face à un cauchemar sans fin, et des familles des prisonniers palestiniens", a-t-il ajouté.

Selon lui, "plus de 400 travailleurs humanitaires et 1.000 travailleurs de la santé ont été tués à Gaza, parmi lesquels 36 de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge".

"Cette horreur et cette déshumanisation nous hanteront pendant des décennies", a-t-il encore dit.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le territoire israélien, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Plus tôt cette année, les deux parties sont convenues d'une trêve qui a duré près de deux mois, avant que Israël ne reprenne son offensive militaire dans la bande de Gaza le 18 mars.

Depuis cette date, les opérations militaires de l'armée israélienne ont fait au moins 2.151 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas qui fait désormais état de 52.243 morts depuis le 7 octobre 2023.


Yémen: le bilan des frappes américaines sur un centre de détention de migrants monte à 68 morts 

Des médias des rebelles houthis au Yémen ont affirmé lundi que le bilan des frappes américaines ayant visé un centre de détention de migrants dans le nord du Yémen était monté à 68 morts. (AFP)
Des médias des rebelles houthis au Yémen ont affirmé lundi que le bilan des frappes américaines ayant visé un centre de détention de migrants dans le nord du Yémen était monté à 68 morts. (AFP)
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  • Des médias des rebelles houthis au Yémen ont affirmé lundi que le bilan des frappes américaines ayant visé un centre de détention de migrants dans le nord du Yémen était monté à 68 morts
  • "La défense civile a annoncé que 68 migrants africains avaient été tués et 47 blessés dans l'agression américaine ayant visé un centre (abritant des) migrants illégaux dans la ville de Saadah"

SANAA: Des médias des rebelles houthis au Yémen ont affirmé lundi que le bilan des frappes américaines ayant visé un centre de détention de migrants dans le nord du Yémen était monté à 68 morts.

"La défense civile a annoncé que 68 migrants africains avaient été tués et 47 blessés dans l'agression américaine ayant visé un centre (abritant des) migrants illégaux dans la ville de Saadah", a rapporté la chaîne de télévision des rebelles, Al-Massirah.

 


Israël frappe un fief du Hezbollah près de Beyrouth

Un journaliste de l'AFP a vu de la fumée s'élever au-dessus d'un bâtiment dans le quartier de Hadath après la frappe, l'agence de presse libanaise Ani faisant état de trois missiles tirés. (AFP)
Un journaliste de l'AFP a vu de la fumée s'élever au-dessus d'un bâtiment dans le quartier de Hadath après la frappe, l'agence de presse libanaise Ani faisant état de trois missiles tirés. (AFP)
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  • Des chaînes de télévision locales ont rapporté que le bâtiment ciblé était un "hangar" et ont diffusé des images montrant un important incendie éclatant sur place
  • Dimanche également, l'armée israélienne, qui a maintenu des troupes dans le sud du pays, frontalier du nord d'Israël, a dit avoir "éliminé un terroriste du Hezbollah" dans le sud du Liban

BEYROUTH: Israël a frappé dimanche la banlieue sud de Beyrouth pour la troisième fois depuis le cessez-le-feu ayant mis fin à plus d'un an de guerre entre le Hezbollah et Israël, qui dit avoir visé un entrepôt de "missiles de précision" du mouvement.

Après la frappe contre le bastion du groupe pro-iranien, près de la capitale libanaise, les autorités ont demandé aux garants de l'accord de cessez-le-feu de "contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques".

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban, disant viser combattants et infrastructures du mouvement très affaibli par la guerre et qui affirme respecter le cessez-le-feu.

Un journaliste de l'AFP a vu de la fumée s'élever au-dessus d'un bâtiment dans le quartier de Hadath après la frappe, l'agence de presse libanaise Ani faisant état de trois missiles tirés.

Des journalistes de l'AFP à Beyrouth ont entendu les sirènes des ambulances se dirigeant vers la banlieue sud.

La frappe est intervenue après un appel sur X de l'armée israélienne à évacuer de manière "urgente", laissant présager une frappe sur "des installations appartenant au Hezbollah" dans cette zone.

Des chaînes de télévision locales ont rapporté que le bâtiment ciblé était un "hangar" et ont diffusé des images montrant un important incendie éclatant sur place.

"Sur instruction du Premier ministre (israélien Benjamin) Netanyahu et du ministre de la Défense Katz, l'armée a frappé avec force un entrepôt à Beyrouth où le Hezbollah avait stocké des missiles de précision, constituant une menace significative pour l'Etat d'Israël", a annoncé le bureau de M. Netanyahu dans un communiqué.

"Israël n'autorisera pas le Hezbollah à se renforcer ni à faire peser une quelconque menace de n'importe où au Liban", ajoute ce communiqué.

"Panique" 

L'armée a accusé le Hezbollah de "violation flagrante" des dispositions de la trêve entre Israël et le Liban, pour avoir stocké selon elle des missiles sur le site visé.

Le président libanais Joseph Aoun a appelé les Etats-Unis et la France, garants de l'accord de cessez-le-feu, à "assumer leurs responsabilités et contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques".

M. Aoun a mis en garde contre "la poursuite par Israël de ses actes de déstabilisation", qui aggravent les tensions et risquent "de saper la sécurité et la stabilité de la région".

La représentante des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis, a indiqué que la frappe avait "semé la panique et la crainte d'une reprise des violences parmi ceux qui aspirent désespérément à un retour à la normale".

"Nous exhortons toutes les parties à cesser toute action susceptible de compromettre davantage l'accord de cessation des hostilités et la mise en œuvre de la résolution 1701" qui a servi de base à l'accord de cessez-le-feu, a-t-elle ajouté.

Le 1er avril, une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth a tué un responsable du Hezbollah. Une autre frappe avait visé ce même secteur le 28 mars, pour la première fois depuis l'entrée en vigueur de la trêve.

Dimanche également, l'armée israélienne, qui a maintenu des troupes dans le sud du pays, frontalier du nord d'Israël, a dit avoir "éliminé un terroriste du Hezbollah" dans le sud du Liban, où le ministère libanais de la Santé a fait état d'un mort dans une frappe de drone dans la matinée.

Au début de la guerre à Gaza en octobre 2023, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas, le Hezbollah avait ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban, son fief, affirmant agir en soutien à son allié palestinien.

Ces hostilités ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2024 avec des bombardements israéliens intenses au Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, dont la direction a été quasiment décimée.