Le gouvernement fait interdire la manifestation pro palestinienne de samedi à Paris

Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin arrive à une réunion avec les syndicats de la police française à l'hôtel Matignon à Paris le 10 mai 2021 (Photo, AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin arrive à une réunion avec les syndicats de la police française à l'hôtel Matignon à Paris le 10 mai 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 13 mai 2021

Le gouvernement fait interdire la manifestation pro palestinienne de samedi à Paris

  • Gérald Darmanin avait demandé au préfet d'interdire cette marche prévue du métro Barbès à la place de la Bastille
  • La demande d'interdiction de M. Darmanin avait été dénoncée dans la journée à gauche par plusieurs responsables de la France Insoumise (LFI)

PARIS: La manifestation en soutien au peuple palestinien prévue samedi à Paris a été interdite jeudi à la demande du gouvernement en raison de « risques de troubles à l'ordre public », une décision dénoncée par la France Insoumise comme une « provocation » et une atteinte à la démocratie. 

Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a pris en fin de journée un arrêté d'interdiction de la marche, prévue samedi à 15H00 de Barbès à la place de la Bastille (nord-est parisien) et organisée par « l'Association des Palestiniens en Ile-de-France ». Et ce « conformément » à la demande que lui avait adressée dans la journée le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. 

Pour motiver son arrêté, le préfet indique notamment qu'il « existe un risque sérieux que les affrontements entre palestiniens et forces de l'ordre israéliennes ne se transportent sur le territoire national », occasionnant « des troubles graves à l'ordre public ». 

Des « exactions contre des synagogues et intérêts israéliens » dans des « pays voisins comme l'Allemagne » ont « déjà eu lieu cette semaine », poursuit-il, assurant « qu'un très grand risque existe que ce type de faits se produise en France ».   

« Une forte mobilisation est attendue, rassemblant des soutiens hétérogènes », dont possiblement « de nombreux éléments à risque cherchant à provoquer des affrontements avec les forces de l'ordre », ajoute-t-il. 

Il rappelle qu'en juillet 2014 plusieurs manifestations, organisées notamment à Paris, pour dénoncer l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, avaient été le « théâtre d'heurts violents ».  

Dans sa demande d'interdiction, Gérald Darmanin avait également souligné que « de graves troubles à l'ordre public furent constatés en 2014 ». 

Dans un télégramme envoyé à l'ensemble des préfets et consulté par l'AFP, le ministre a rappelé « le précédent du 19 juillet 2014 à Paris », où le rassemblement avait dégénéré en violences. 

Il a demandé aux préfets de suivre de près les rassemblements prévus dans différentes villes (Lille, Lyon, Marseille, Nancy, Rennes, Saint-Etienne,  Strasbourg, Toulouse...). Il les enjoint notamment d'« anticiper les risques de débordement » et de « ne pas hésiter » à « interdire » les manifestations si leurs déclarations sont « hors délai », représentent un risque de « troubles à l'ordre public » ou ne « respectent pas les règles de l'état d'urgence sanitaire ».  

Et les a également appelés à assurer la « protection des lieux de culte, écoles, centres culturels et commerces de la communauté juive ». 

« Provocation »  

L'interdiction de la manifestation parisienne a entraîné des réactions politiques contrastées. A droite, le député LR des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, a indiqué soutenir l'interdiction des manifestations qui risquent selon lui de « troubler gravement l’ordre public » et de prendre pour cible des « lieux de culte et des bâtiments représentatifs des institutions juives ». 

Le maire de Nice, Christian Estrosi, a été dans le même sens en indiquant avoir, « comme c'est le cas pour Paris, demandé au préfet des Alpes-maritimes l’interdiction des manifestations pro-palestiniennes en raison des risques de troubles à l’ordre public ». 

La demande d'interdiction de M. Darmanin avait été dénoncée dans la journée à gauche par plusieurs responsables de la France Insoumise (LFI). 

« La France, seul pays au monde où sont interdites toutes les manifestations de soutien aux Palestiniens et de protestation contre le gouvernement d'extrême droite israélien ! », a dénoncé sur Twitter le chef du parti, Jean-Luc Mélenchon, ajoutant: « C'est évidemment dans le seul but de provoquer des incidents et pouvoir stigmatiser cette cause ». 

« Tout ça sent la provoc de Darmanin », a renchéri le député LFI de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel. « Pourquoi (y avait-il eu) des troubles en 2014? Car justement la manif était interdite. Depuis il y en a eu d’autres en solidarité avec la Palestine sans heurts », a-t-il souligné.  

« Dans quelle autre démocratie voit-on cela ? Solidarité avec le peuple palestinien avec ou sans l’accord de Darmanin ! », a tweeté sa collègue LFI du Val-de-Marne, Mathilde Panot. 

Lors de la manifestation du 19 juillet 2014 à Paris, des milliers de manifestants avaient bravé l'interdiction de manifester à Barbès. Le rassemblement avait dégénéré rapidement, laissant place à des heures d'émeutes urbaines. 

Mercredi à Paris, Bertrand Heilbronn, le président de l'Association France Palestine Solidarité a été placé en garde à vue quelques heures, après un rassemblement préalablement interdit par la préfecture de police.  

Son arrestation a suscité l'indignation de plusieurs personnalités politiques à gauche, dont Jean-Luc Mélenchon. 

Les affrontements entre le Hamas et Israël avaient fait jeudi 87 morts à Gaza, enclave palestinienne sous blocus israélien contrôlée par le Hamas, et 7 côté israélien, et ne montrait aucun signe d'apaisement. 

 

 


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.