Entre Israël et le Hamas, crainte de «guerre à grande échelle»

L'affrontement armé entre le Hamas et l'Etat hébreu ne donne mercredi aucun signe d'apaisement et fait craindre une « guerre à grande échelle ». (AFP).
L'affrontement armé entre le Hamas et l'Etat hébreu ne donne mercredi aucun signe d'apaisement et fait craindre une « guerre à grande échelle ». (AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 12 mai 2021

Entre Israël et le Hamas, crainte de «guerre à grande échelle»

  • Maisons ravagées, voitures foudroyées, installation pétrolière touchée, Israël s'est réveillé mercredi avec des dommages inégalés depuis la guerre de Gaza de 2014
  • L'inquiétude grandit au sein de la communauté internationale et le Conseil de sécurité des Nations unies se prépare à une nouvelle réunion d'urgence consacrée à cette crise sanglante

TEL-AVIV : Plus de 1.000 roquettes tirées vers Israël, des frappes continues sur la bande de Gaza, et au moins 55 morts: l'affrontement armé entre le Hamas et l'Etat hébreu ne donne mercredi aucun signe d'apaisement et fait craindre une "guerre à grande échelle".

Maisons ravagées, voitures foudroyées, installation pétrolière touchée: Israël s'est réveillé aussi mercredi avec des dommages inégalés depuis la guerre de Gaza de 2014. 

Les hostilités les plus intenses depuis sept ans ont fait au moins 48 morts à Gaza, dont 14 enfants et trois femmes, deux Palestiniens de Cisjordanie occupée et cinq Israéliens. Elles ont été déclenchées par les troubles le weekend dernier sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam, dans le secteur palestinien de Jérusalem annexé par l'Etat hébreu en 1967.L'inquiétude grandit au sein de la communauté internationale et le Conseil de sécurité des Nations unies se prépare à une nouvelle réunion d'urgence consacrée à cette crise sanglante.

Israël et le Hamas se dirigent vers une "guerre à grande échelle", a prévenu mardi soir l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland: "Une guerre à Gaza serait dévastatrice et ce sont les gens ordinaires qui en paieraient le prix", dans ce micro-territoire palestinien de deux millions d'habitants sous blocus, miné par la pauvreté et un taux de chômage avoisinant 50%.

En Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré l'état d'urgence dans la ville mixte juive et arabe de Lod, où la police a fait état d'émeutes par les habitants arabes.

Certains observateurs craignent une aggravation des troubles civils alors que des manifestants brandissant des drapeaux palestiniens ont brûlé des voitures et des propriétés, affronté la police israélienne et attaqué des automobilistes juifs dans plusieurs villes mixtes du pays.

L'UE appelle à la « désescalade » entre Israéliens et Palestiniens

Le président du Conseil européen Charles Michel s'est entretenu mercredi avec le président israélien Reuven Rivlin et a appelé à "une désescalade" dans les affrontements entre le Hamas et Israël, dans un message sur Twitter.

"Je suis très inquiet par la montée récente de la violence et des attaques sans discrimination. La priorité doit être donnée à la désescalade et il faut éviter les pertes de vies civiles innocentes des deux côtés", a-t-il déclaré.

« S'éloigner du gouffre »

Pour l'armée, les frappes aériennes israéliennes, les plus nourries aussi depuis 2014, se veulent une riposte aux "plus de 1.000 roquettes" lancées par des différents groupes armés de la bande de Gaza vers l'Etat hébreu depuis lundi soir.

Sur ce total, 850 roquettes ont touché Israël ou ont été interceptées par le système de défense antiaérien israélien tandis que les autres se sont écrasées à l'intérieur de Gaza, selon le ministère israélien de la Défense.

Israël a lancé des centaines de frappes aériennes sur l'enclave côtière de Gaza contrôlée par le Hamas, visant ce que l'armée décrit comme des sites militaires palestiniens.

Outre le nombre croissant de morts, plus de 300 Palestiniens ont été blessés, dont beaucoup ont été sauvés des ruines fumantes de bâtiments. Côté israélien, plus de 100 personnes ont été blessées.

Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a exhorté mercredi Israël et les Palestiniens à "s'éloigner du gouffre", appelant les deux parties à "faire preuve de retenue".

Pour sa part, la procureure en chef de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, s'est dite préoccupée par l'escalade de la violence et a déclaré que des "crimes" pourraient avoir été commis.

 

 « Encore beaucoup de cibles »

Mardi soir, l'aviation israélienne a pulvérisé un édifice de 12 étages, où des ténors du Hamas avaient leurs bureaux, et dans la nuit un autre édifice de neuf étages, comportant les locaux d'une télévision locale, des logements et des commerces.

L'armée dit avoir ciblé le "chef du renseignement militaire" du Hamas, Hassan Kaogi, et le "directeur du contre-espionnage" du mouvement islamiste armé, Waël Issa. 

Dans la foulée de ces frappes nocturnes, le Hamas a lancé un nouveau barrage de roquettes ciblant encore la métropole Tel-Aviv.  

Il y a encore beaucoup de cibles dans le viseur, ce n'est que le début", a prévenu mardi soir le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, ancien chef de l'armée lors de la guerre de Gaza en 2014.

"Si (Israël) veut une escalade, la résistance est prête (...)",  a rétorqué le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, appelant les forces de l'ordre israéliennes à se retirer de l'esplanade des Mosquées, théâtre de heurts entre policiers israéliens et manifestants palestiniens.

Le Hamas avait lancé lundi soir une salve de roquettes en direction d'Israël en guise de "solidarité" avec les plus de 900 Palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne à Jérusalem-Est.

Pour Berlin, Israël « a le droit de se défendre »

Le gouvernement allemand estime qu'Israël "a le droit de se défendre face aux attaques" du Hamas, a indiqué mercredi son porte-parole alors que les affrontements entre l'Etat hébreu et le mouvement islamiste inquiètent la communauté internationale.

"Israël a le droit de se défendre contre ces attaques dans le cadre de la légitime défense", a affirmé Steffen Seibert, précisant que le gouvernement allemand condamnait "fermement ces attaques persistantes à la roquette depuis la bande Gaza sur les villes israéliennes"

Trêve ?

Face aux violences, le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra mercredi une nouvelle réunion à huis clos en urgence, la deuxième en trois jours, d'après des sources diplomatiques.

La première réunion lundi s'était soldée sans aucune déclaration commune en raison de réticences des Etats-Unis à adopter un texte "à ce stade".

Des sources diplomatiques avaient affirmé lundi que l'ONU, avec l'aide du Qatar et de l'Egypte, avait amorcé une médiation auprès des parties "concernées", afin d'obtenir une désescalade.

 

Le président israélien dénonce un « pogrom » après des émeutes dans une ville mixte d'Israël

Le président israélien, Reuven Rivlin, a dénoncé mercredi un "pogrom" "impardonnable" dans la ville mixte de Lod, où un état d'urgence a été décrété après des émeutes nocturnes.


"Les scènes de pogrom à Lod (où vit une importante minorité arabe, NDLR) et les troubles à travers le pays de la part d'une foule arabe assoiffée de sang, blessant des personnes, endommageant des biens et s'attaquant même à des lieux sacrés juifs, sont impardonnables", a dit M. Rivlin dans un communiqué.


Lod, qui jouxte l'aéroport international Ben Gourion, est une ville entre Tel-Aviv et Jérusalem de 77.000 habitants, dont 47.000 juifs et 23.000 arabes israéliens.


Descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d'Israël en 1948, les Arabes israéliens constituent environ 20% de la population d'Israël. Cette communauté se dit régulièrement victime de discrimination par rapport à la majorité juive, accusant notamment les autorités de laxisme dans leurs localités.


Des violences ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi dans plusieurs villes mixtes et dans des localités arabes israéliennes, sur fond d'échange de tirs entre le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, et l'armée israélienne.


Au total, 270 personnes ont été arrêtées dans ces violences en Israël, a indiqué la police.


"Le gouvernement israélien doit poursuivre les émeutiers avec fermeté", a  déclaré M. Rivlin mercredi, fustigeant un "silence honteux" des responsables politiques arabes israéliens face aux violences.


"La destruction, par des émeutiers arabes, d'un drapeau israélien remplacé par le drapeau palestinien est une attaque brutale à l'encontre de l'existence commune dans l'Etat d'Israël", a-t-il ajouté.


A Lod, le gouvernement a déployé dans la nuit des unités de la police des frontières basées en Cisjordanie occupée, alors que, d'après des médias israéliens, trois synagogues et plusieurs commerces ont été incendiés.


Lors d'une visite sur place, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui y a décrété l'état d'urgence, a promis de rétablir l'ordre.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Short Url
  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Short Url
  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Short Url
  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.