LONDRES : Le ministre britannique des affaires étrangères a fait l'objet de critiques pour avoir condamné les roquettes qui ont visé Israël, sans condamner pour autant les bombardements de Gaza, qui ont fait des dizaines de morts dont des enfants, ni les violences qui ont fait des centaines de blessés palestiniens à Jérusalem au cours des jours précédents.
Dans un tweet de Dominic Raab – retweeté par le ministre d'État pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, James Cleverly – le Royaume-Uni affirme qu'il «condamne les tirs de roquettes sur Jérusalem et sur certains endroits en Israël. La violence qui sévit actuellement à Jérusalem et à Gaza doit cesser. Il faut parvenir de toute urgence à une désescalade à tous les niveaux, et mettre fin au ciblage des civils».
Roua Naboulsi, responsable de la communication et des relations avec les médias au sein de la Campagne de solidarité avec la Palestine, déclare à Arab News qu'il n'est «pas surprenant mais tout de même consternant» que M. Raab choisisse de condamner les tirs de roquettes depuis Gaza tandis qu'il «passe sous silence le ciblage et les assassinats systématiques de civils et d'enfants par Israël, le nettoyage ethnique que celui-ci mène actuellement à Jérusalem, ainsi que ses lois et politiques discriminatoires à l'égard des Palestiniens, qui les privent de leurs droits».
Selon elle, «ces lois et politiques sont assimilables à un apartheid, comme l'a récemment reconnu Human Rights Watch. Israël est incapable de commettre ces crimes sans le soutien et la complicité de gouvernements comme celui du Royaume-Uni. Il est grand temps de changer cette attitude. Le gouvernement (britannique) est tenu de dénoncer ces crimes contre l'humanité et de demander des comptes à Israël».
Au terme de la violence qui a fait rage pendant plusieurs jours à l'intérieur et dans les environs de la mosquée Al-Aqsa, des militants palestiniens ont tiré lundi des roquettes vers Jérusalem et le sud d'Israël. Ils soutiennent que cette action représente une punition pour les violences infligées aux Palestiniens dans la ville.
Amnesty International a annoncé lundi qu'Israël avait fait «usage de la force de manière répétée, injustifiée et excessive» contre des «manifestants palestiniens en grande partie pacifiques ces derniers jours» à Jérusalem, ce qui a fait 840 blessés.
Des policiers israéliens ont été vus en train de tirer des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes, dont plusieurs ont atterri à l'intérieur de la mosquée Al-Aqsa. Par ailleurs, des images publiées sur les réseaux sociaux montrent des Israéliens qui font la fête alors que des incendies ravagent le lieu saint.
Pour leur part, les députés de l'opposition britannique ont condamné les bombardements israéliens. «En regardant les images des frappes aériennes israéliennes qui tuent hommes, femmes et enfants à Gaza, je transmets ma solidarité, mon amour et mes prières au peuple palestinien», a tweeté la députée travailliste Zarah Sultana.
«Ces attaques barbares doivent être condamnées et les colonies illégales, l'occupation et le siège imposés par Israël doivent cesser.»
Dans un entretien accordé à Arab News, Chris Doyle, directeur du Conseil pour la compréhension arabo-britannique, a déclaré: «La communauté internationale doit amener toutes les parties impliquées dans ce conflit à assumer leurs obligations. Principalement, Israël n'aurait jamais dû procéder à des expulsions forcées des Palestiniens, à la construction de colonies et au traitement sévère et violent des protestations, et aux agressions qu'il a commises devant la mosquée Al-Aqsa.»
M. Doyle affirme par ailleurs: «Le Hamas a tort de lancer des roquettes sur Israël sans discernement et le ministre des Affaires étrangères a bien raison de condamner cette pratique. Cependant, l'expérience douloureuse du passé nous apprend que les bombardements israéliens sur Gaza ne visent pas avec précision les lanceurs de roquettes. Les guerres antérieures ont montré qu'Israël a tendance à “tondre la pelouse” et finit par tuer des centaines de milliers de Palestiniens et détruire de vastes zones de la bande de Gaza.»
M. Doyle souligne qu’ «il est indispensable que la communauté internationale demande des comptes à toutes les parties impliquées. C'est en s’abstenant de demander aux parties de rendre des comptes – en particulier à Israël, qui a souvent obtenu un “feu vert” par le passé – que nous en sommes arrivés à la situation actuelle».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com