Lorsque la police américaine a effectué une descente dans un domicile de Louisville, dans l'État du Kentucky, l'année dernière, à la recherche de preuves dans une affaire de drogue, une femme de 26 ans a été tuée. Les policiers en civil cherchaient l'ex-petit ami de la victime, Breonna Taylor, mais ils l'ont trouvée avec son nouveau compagnon et ils ont craint une agression de sa part. De fait, il a tiré sur les intrus, ne sachant pas qu’il s’agissait de policiers, et ces derniers ont riposté, tuant Breonna Taylor.
Dans un premier temps, la police a falsifié le rapport, mais le public s’est indigné: l’attaque fut dénoncée comme une violation des droits civils et un nouvel exemple de la brutalité policière.
Aux États-Unis, la presse, les militants et le grand public prêtent une attention particulière à ces incidents violents. Parfois, la police a tort, et parfois, ses actions sont justifiées, mais les faits sont toujours présentés au public. Telle est la véritable base d'une démocratie. Ce n'est pas le cas dans un autre pays qui prétend pourtant être une démocratie: Israël.
La semaine dernière, des soldats israéliens sont entrés dans le village palestinien de Beita, près de Naplouse, après qu'un colon israélien a été la cible de tirs. La police israélienne avait déjà arrêté quelqu'un pour cette fusillade, un Palestinien qui vivait dans la ville voisine de Turmus Ayya. Alors que des soldats armés entraient dans le village, les Palestiniens ont protesté et les Israéliens ont tué un garçon âgé de 16 ans, Saïd Yousef Mohammed Odeh.
La tension était déjà à son comble, car les colons israéliens avaient incendié des fermes palestiniennes, des oliveraies et des propriétés dans une escalade de violence dirigée contre les musulmans et les quelques chrétiens qui demeurent en Cisjordanie.
La police américaine est en état de siège: les meurtres controversés sont examinés à la loupe. Dans certaines enquêtes, les preuves démontrent que les agents ont utilisé une force excessive et tué illégalement leurs victimes, comme dans le cas de George Floyd, considérablement médiatisé. La police est tenue responsable et elle est surveillée par une presse implacable qui n’hésite pas à faire pression sur les autorités afin qu'elles découvrent la vérité.
La police et l'armée israéliennes, quant à elles, ne se trouvent en aucun cas en état de siège. Les Palestiniens se font tuer en permanence, mais personne n’est tenu pour responsable. Et, au lieu de condamner la violence d’Israël contre des cibles civiles, le gouvernement américain, qu’il soit dirigé par un président républicain ou démocrate, préfère faire abstraction de semblables controverses et espérer qu’elles disparaissent.
Bien que les médias soient capables de traiter de manière distincte le cas de Taylor et celui d'Odeh, ils sont pourtant rigoureusement identiques. Les militants palestiniens qui ont soutenu de toutes leurs forces le mouvement Black Lives Matter (BLM) doivent se montrer plus exigeants et faire en sorte que BLM se développe pour inclure les vies palestiniennes. Certains dirigeants de BLM, à l’exemple de Hawk Newsome, consciencieux et responsable, ont exprimé leur indignation face à l’injustice des meurtres d'Éthiopiens commis par les Houthis au Yémen; mais le courage moral d’un seul homme ne saurait suffire.
La justice, l'État de droit, la moralité et les principes fondamentaux des droits civils et des droits de l'homme doivent être constamment appliqués.
Ray Hanania
Les Palestiniens et les Arabes ont en grande partie soutenu le mouvement américain des droits civiques, qui défend les victimes de violence policière injuste; ils sont donc en droit d'exiger que la société américaine les soutienne.
Les injustices perpétrées contre les Arabes, et en particulier contre les Palestiniens, sont trop souvent minimisées dans les rubriques des principaux médias d’information américains, politisés par la pression des immenses campagnes de relations publiques d’Israël. Les médias et le public ont trop souvent gardé le silence dans les affaires qui impliquent des victimes arabes, notamment sur le sol américain. Par exemple, après les attentats du 11 septembre 2001, près d’une douzaine d’Arabes ou de personnes qui semblaient arabes furent assassinés par des Américains qui ont avoué plus tard avoir agi sous le coup de la colère suscitée par le terrorisme d’Al-Qaïda. Et pourtant, ces victimes n'ont jamais été reconnues comme des victimes du 11-Septembre.
Aux États-Unis, la presse, les militants et le grand public prêtent une attention particulière à ces incidents violents. Parfois, la police a tort, et parfois, ses actions sont justifiées, mais les faits sont toujours présentés au public. Telle est la véritable base d'une démocratie. Ce n'est pas le cas dans un autre pays qui prétend pourtant être une démocratie: Israël.
Ray Hanania
Chaque semaine, en Israël – un pays qui reçoit un financement massif de la part des contribuables américains –, des Palestiniens sont blessés ou tués par des policiers et des soldats qui ne sont jamais tenus responsables. De tels incidents sont à peine signalés ou remarqués. La justice, l'État de droit, la moralité et les principes fondamentaux des droits civils et des droits de l'homme doivent être constamment appliqués.
Quelqu'un devrait être tenu responsable du meurtre d'Odeh. Mais, étant donné l’influence politique d’Israël et l’histoire du silence parmi les politiciens américains de tous bords, rien ne sera fait. Ce n’est pas seulement une injustice pour les Palestiniens et les Arabes; c'est une injustice pour quiconque croit aux droits civils, à la démocratie et à l'équité.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur plusieurs fois primé de l'hôtel de ville de Chicago. Il peut être joint sur son site Web personnel à www.Hanania.com.
Twitter: @RayHanania
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com