PHILADELPHIE: «Le meilleur est à venir pour le rail»: Joe Biden le martèle depuis un demi-siècle, il aime le train.
En visite à la «30th Street Station», à Philadelphie en Pennsylvanie, le président américain a célébré vendredi, à l'occasion des 50 ans de la société publique Amtrak, son mode de transport préféré.
«Quand je pense à la lutte contre le réchauffement climatique, je pense à des emplois, je pense au rail», a lancé celui qui est parfois surnommé «Amtrak Joe».
Le locataire de la Maison Blanche entame une tournée baptisée «Get America Back on Track» visant à vanter le bien-fondé d'un gigantesque plan d'investissements de quelque 2.000 milliards de dollars dans les infrastructures, qu'il espère voir adopté par le Congrès dans les mois à venir.
«Nous devons investir», a-t-il appuyé, mettant en avant les «énormes besoins» pour moderniser trains, tunnels et gares à travers les Etats-Unis.
«La Chine a déjà 37 000 kilomètres de voies à grande vitesse», a-t-il souligné. «Nous sommes en retard!».
Dès ses débuts en politique, lorsqu'il a été élu sénateur du Delaware à 29 ans, «Joe» a toujours préféré le train à la voiture pour relier son fief du Delaware à la capitale fédérale.
Rapidement, cet attachement au chemin de fer de celui qui affirme avoir fait «plus de 7 000 allers-retours» entre Wilmington et Washington, est devenue une composante centrale de son identité politique, renforçant l'image d'un élu proche du terrain.
Les anecdotes sont innombrables dans le parcours de celui qui semble s'être fixé comme objectif de faire préférer le train aux Américains.
Il a raconté les liens noués avec des passagers, les conducteurs de train, les retours où il voyait, au long, à travers les vitres, «les lumières scintiller dans les maisons».
C'est depuis la gare de Wilmington, rebaptisée en 2011 «Joseph R. Biden, Jr., Railroad Station», qu'il a lancé sa première candidature à la Maison Blanche, pour l'élection de 1988.
Le 20 janvier 2017, quelques heures après avoir quitté la vice-présidence avec l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, il a rejoint son fief du Delaware... en train.
Quatre ans plus tard, il avait envisagé d'arriver à Washington en train pour sa prestation de serment, mais le projet avait été abandonné pour des raisons de sécurité.
Ces heures passées dans les trains «m'ont donné une vraie compréhension - et une forme de respect - pour le rôle du transport ferroviaire dans notre économie et dans notre société», écrivait-il en 2010 dans un texte intitulé «Pourquoi l'Amérique a besoin de trains».
«Mais mon soutien pour le rail va bien au-delà cette dimension affective», ajoutait-il, évoquant les avantages du rail en matière environnementale.
80 milliards de dollars
Joe Biden a, sur ce point, été d'une constance remarquable, se posant, depuis ses premiers pas en politique, en ardent défenseur du financement d'Amtrak.
Au début des années 1980, au moment où Ronald Reagan était président, il s'était opposé, comme sénateur, à des projets visant à raboter le budget de la compagnie ferroviaire.
Début avril, peu après avoir annoncé son gigantesque projet d'investissements, il appelait, dans un registre lyrique, les Américains à «imaginer un monde» où il serait possible de voyager entre la côte Est et la côte Ouest à bord d'un train à grande vitesse pour un trajet «presque aussi rapide» qu'une liaison aérienne.
Mais la bataille du rail est loin d'être gagnée.
Le réseau ferré américain est, de longue date, saturé et proche de l'obsolescence, et nombre d'études démontrent la nécessité d'investissements massifs pour le moderniser.
Or, jusqu'ici, toutes les tentatives en ce sens ont échoué. Et le développement d'un réseau de trains à grande vitesse à travers le territoire américain, maintes fois annoncé, peine à se concrétiser.
Densité du réseau autoroutier, décentralisation du pouvoir, absence de consensus politique à Washington: les obstacles sont nombreux.
Le projet Biden prévoit une enveloppe de 80 milliards de dollars pour le rail.
Beaucoup de spécialistes du secteur jugent que c'est insuffisant face au défi. Et, au Congrès, les débats s'annoncent âpres: nombre de républicains ne cachent pas leurs réticences sur ce dossier.
L'élu républicain Kevin McCarthy a, dès l'annonce du plan Biden, rejeté l'idée d'allouer «80 milliards de nouvelles aides à Amtrak et ses syndicats».