AL-MUKALLA: Les Houthis soutenus par l'Iran ont congédié un procureur qui a ordonné la libération de la mannequin yéménite enlevée Entesar Al-Hammadi, en plus de harceler son avocat pour qu'il abandonne l'affaire.
Khaled Mohammed Al-Kamal révèle que les autorités judiciaires houthies ont remplacé mercredi Riyad Al-Aryani, le procureur qui a interrogé la jeune femme et constaté qu'elle n'est pas coupable d'aucun crime, et par la suite ordonné qu’elle soit libérée. Les Houthis menacent toujours de la traduire en justice.
«Ils veulent lui faire passer le message qu'il devrait dire qu'elle a commis un crime, au lieu d'ordonner sa libération», estime Al-Kamal. Il raconte d’ailleurs qu'un inconnu l'avait arrêté dans la rue et menacé de représailles s'il continue défendre les intérêts d’Entesar.
«J'ai alerté mes collègues de l’Union des avocats yéménites au sujet de la menace de mort qui m’a été adressée. Ma cliente n'est pas une criminelle. Et plus, elle a été arrêtée en pleine rue», dit-il.
La mannequin et actrice de 20 ans a été enlevée en compagnie de deux de ses collègues dans une rue de Sanaa le 20 février, alors qu’elles se dirigeaient vers un plateau de tournage.
Étant donné que les Houthis refusent de divulguer des raisons claires pour la détention de la mannequin, l’avocat prédit qu’Entesar sera accusée d’avoir violé le code vestimentaire islamique, ou d’avoir montré ses cheveux. «Je les mets au défi de nous fournir des accusations claires contre mon client. Elle a été arrêtée dans la rue. Elle n'a rien fait de mal», insiste-t-il.
Entesar, qui soutient sa famille qui comprend sa mère, un père aveugle et un frère handicapé, a longtemps exprimé son souhait de devenir mannequin sur la scène internationale. Suivie par des milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux, elle a souvent posté des images d'elle-même en costume traditionnel.
L'avocat yéménite explique que la vaste couverture médiatique de l'affaire a irrité les Houthis, ce qui les a incités à placer la mannequin enlevée en isolement, et à remplacer le procureur chargé de son dossier.
La mannequin a menacé de débuter une grève de la faim lorsque les Houthis ont refusé de la libérer ou de permettre aux procureurs locaux de l'interroger.
Les groupes des droits de l’homme yéménites et les responsables du gouvernement craignent que la mannequin et ses collègues ne subissent le même sort que des centaines d’individus enlevés dans les rues de Sanaa et d'autres zones contrôlées par les Houthis, et qu’elles soient soumises à des tortures psychologiques et physiques en prison.
«Nous exigeons qu'elle soit libérée, même sous caution, afin qu'elle puisse vivre avec sa famille», a insisté l'avocat.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com