ALGER: La police a empêché les étudiants de manifester à Alger, comme ils le font chaque mardi, pour la première fois depuis la reprise fin février des marches du mouvement prodémocratie du Hirak, selon des journalistes de l'AFP et des témoins.
Des policiers, déployés en grand nombre dans le centre de la capitale, ont dispersé les protestataires et procédé à de nombreuses interpellations sur la place des Martyrs, au pied de la célèbre Casbah (vieille ville), point de départ du défilé hebdomadaire des étudiants.
Les personnes arrêtées ont été ensuite conduites dans des fourgons de la police vers des commissariats de la wilaya (préfecture) d'Alger, a témoigné Karim, un commerçant habitué des marches étudiantes.
A la mi-journée, seuls des policiers étaient présents place des Martyrs et dans les ruelles qu'emprunte traditionnellement le cortège, selon un photographe de l'AFP.
La Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH) s'est élevée contre la répression policière et a dénoncé une "nouvelle dérive autoritaire".
L'interdiction de la manifestation intervient dans un contexte d'intensification de la répression contre des militants hirakistes, des opposants politiques et des journalistes, à l'approche des élections législatives anticipées organisées par le régime le 12 juin.
Selon le site spécialisé Algerian Detainees, 66 détenus d'opinion sont actuellement incarcérés dans le pays, poursuivis en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles.
Né en février 2019 du rejet massif d'un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, le Hirak réclame un changement radical du "système" politique en place depuis l'indépendance en 1962.