La cargaison de grenades au Captagon provient de la Syrie, affirme Beyrouth

Les envois de grenade qui sont entrés par étapes ont été collectés dans un hangar abandonné de la ville de Taanayel dans la Bekaa centrale. (Photo, SPA)
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Publié le Mardi 27 avril 2021

La cargaison de grenades au Captagon provient de la Syrie, affirme Beyrouth

  • La source douanière, qui a décrit le processus de contrebande à Arab News, parle d’un défi de taille
  • Les scanners de véhicules aux postes de contrôle libanais sont vieux de 30 ans et n'ont jamais été entretenus

BEYROUTH: La cargaison de grenade truffée de millions de pilules de Captagon qui défraie la chronique a été introduite au Liban en plusieurs étapes, à travers le passage de Masnaa sur la frontière avec la Syrie, affirme un responsable des douanes libanais dans un entretien avec Arab News. Un interview où il tient à minimiser la responsabilité de son pays dans cette affaire qui vient de contraindre l'Arabie saoudite à interdire toutes les importations de fruits et de légumes en provenance du Liban.

La cargaison de stupéfiants a été saisie vendredi dernier à Dammam.

Lundi, le président Michel Aoun a affirmé qu’il est primordial pour le Liban de ne pas menacer la sécurité d’autres pays. Le premier ministre par intérim Hassan Diab a pour sa part insisté que ni le pays ni son peuple ne tolèrerait le moindre préjudice à l’encontre des Saoudiens.

«Nous nous tenons aux côtés du Royaume dans la lutte contre les réseaux de trafiquants et dans la poursuite des personnes impliquées», assure Diab.

Stopper la contrebande avant qu’elle ne franchisse les frontières libanaises a fait l’objet d’une réunion présidée par Aoun, en présence de ministres et des responsables des services de sécurité et des douanes.

En plus d’exhorter l’Arabie saoudite à «revoir» l’interdiction, qui doit entrer en vigueur dimanche, les participants ont chargé le ministre de l'Intérieur Mohammed Fahmi de coordonner avec les autorités du Royaume afin de «suivre les procédures, démasquer les coupables, et éviter une répétition de ces odieuses activités»

Mais la source douanière, qui a décrit le processus de contrebande à Arab News, parle d’un défi de taille.

«C'est une guerre perpétuelle avec les passeurs, qui nécessite l’usage de technologies de pointe, tandis que nous travaillons manuellement», explique la source. «La quantité de grenades qui révélait les comprimés de Captagon est entrée au Liban à la fin du mois de janvier par étapes, à bord de plusieurs camions, en passant par le poste de Masnaa à la frontière avec la Syrie. Les documents d’identification de l’expédition indiquent que les grenades ont été importées à des fins de consommation libanaise, et comprennent un certificat qui atteste leur origine syrienne, et qu’elles ne sont pas destinées au transit».

Les scanners franchis par les camions et les réfrigérateurs au Liban aux postes de contrôle terrestres et portuaires seraient défectueux. De fabrication chinoise, ils sont vieux de 30 ans et n'ont jamais été entretenus.

«Les marchandises sont par conséquent inspectées manuellement. Les douanes du poste-frontière de Masnaa inspectent généralement 20% du chargement des camions en transit», poursuit la source.

Les cargaisons de grenade successives ont été entreposées dans un hangar abandonné de la ville de Taanayel, au centre de la Bekaa.

Elles seront plus tard de nouveau chargées dans des camions frigorifiques locaux avant d’être exportées vers l'Arabie saoudite sous le label libanais vendu «Cedar Company». La société est en réalité détenue par deux Syriens, qui mènent leurs activités sous le couvert d’un actionnaire majeur libanais.

Les propriétaires de l'entreprise se sont acquittés des frais d'expédition, généralement élevés.

«Les trafiquants savent que les marchandises en transit de la Syrie vers l'Arabie saoudite sont soumises à une inspection minutieuse», dit-elle.

Les passeurs ont utilisé des camions frigorifiques libanais pour éviter d’être détectés, car les autorités saoudiennes entretiennent des relations de confiance avec le camp libanais, et parce que le contrôle est «moins intense», toujours selon la source.

L'expédition est partie du Liban au début du mois de février, et a mis près de 15 jours pour atteindre l'Arabie saoudite par voie maritime.

Lorsque l'existence du stupéfiant dans la cargaison a été découverte une fois dans le Royaume, les autorités en ont informé la partie libanaise avant de faire une annonce dans les médias.

Les services de sécurité libanais, qui ont suivi le fil de l’expédition, sont remonté jusqu’à Taanayel et ont arrêté les deux Syriens, des frères.

La source douanière confie à Arab News que les États du Golfe se plaignent depuis longtemps du trafic de drogue, en provenance de la Syrie via le Liban, sur leurs territoires. «Les services de sécurité libanais ont accru leur surveillance en conséquence. Mais les trafiquants de drogue inventent toujours de nouvelles méthodes auxquelles on ne s’attend pas».

Parmi les participants à la réunion de lundi figure le chef de l'Association des agriculteurs et des paysans de la vallée de la Bekaa, Ibrahim Tarshishi. Il espère que l'interdiction sera levée.

«Les nouvelles au sujet des mesures prises nous rendent optimistes quant à la possibilité d’une réouverture des frontières des pays du Golfe aux produits agricoles libanais», dit-il à Arab News.

Il indique que quarante camions chargés de produits agricoles libanais sont actuellement bloqués entre Beyrouth et Djeddah. «Leur sort est inconnu», se désole-t-il.

Aoun insiste que la contrebande dans toutes ses formes, y compris de la drogue, du carburant et d'autres produits, a nui au Liban et «lui a coûté cher. La dernière activité de contrebande vers l'Arabie saoudite en est la preuve».

Il s’est enquis des raisons du retard dans l'achat de scanners à l’intention des points de contrôle, alors que la décision a été prise en juillet dernier. Il a demandé que le processus d'achat se fasse rapidement.

Lors de la réunion au palais présidentiel, une déclaration a été émise afin d’exprimer la volonté du Liban de «maintenir la force de ses relations fraternelles» avec l'Arabie saoudite, et condamner tout ce qui pourrait «porter atteinte à sa sécurité sociale ou à la sécurité de son peuple frère, en particulier la contrebande de produits illicites et stupéfiants, d'autant plus que le Liban refuse catégoriquement que son territoire devienne une porte d'entrée pour des crimes aussi odieux».

La réunion a sommé les exportateurs de respecter les règles du commerce international, et de contrôler leurs produits exportés afin de préserver la réputation du Liban.

 

Cet article est la traduction d'un article paru sur Arab News.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".