ATHÈNES: Un journaliste grec, propriétaire de l'hebdomadaire Documento et d'un site d'information, a été placé sous protection policière après avoir publiquement fait état « de menaces sur sa vie », a-t-on appris dimanche de source judiciaire.
Les dénonciations de Kostas Vaxevanis, journaliste d'investigation, interviennent quinze jours après l'assassinat d'un journaliste grec devant son domicile dans la banlieue d'Athènes, un crime qui a choqué le pays et qui a été condamné par le gouvernement et l'Union européenne.
Dans une lettre adressée à ses lecteurs, publiée sur sa page Facebook ce week-end ainsi qu'à la Une de son hebdomadaire et largement relayée sur les réseaux sociaux, Kostas Vaxevanis écrit avoir été averti par deux personnes que « sa tête est mise à prix ».
A la suite de ces déclarations, le ministre de la Protection du citoyen Michalis Chryssochoïdis a annoncé samedi que « des mesures supplémentaires visant la protection du journaliste ont été prises ».
Le ministre a souligné qu'une enquête était en cours en coopération avec le parquet d'Athènes.
Selon Kostas Vaxevanis ces menaces sont liées à des révélations récentes de son journal sur un animateur télé controversé auquel le gouvernement avait accordé une protection policière trop importante. Cette affaire a provoqué un tollé et mis à mal le gouvernement, qui a aussitôt ouvert une enquête pour « fraude » contre l'animateur.
Spécialisé dans les affaires de corruption, Kostas Vaxevanis est réputé pour avoir publié en pleine crise financière en Grèce en 2012, une partie de la « liste Lagarde », un document qui regrouperait près de 2 000 noms de personnes qui feraient l’objet d’enquêtes pour corruption et évasion fiscale.
Il avait été alors arrêté et poursuivi pour diffusion illégale de « données personnelles » avant d'être relaxé un an plus tard par un tribunal d'Athènes.
Kostas Vaxevanis comme de nombreux journalistes grecs surtout de l'opposition, ne cessent d'accuser l'actuel gouvernement de Kyriakos Mitsotakis de vouloir contrôler l'information.
Reporters sans frontières (RSF) a qualifié de « cocktail dangereux » la situation de la presse en Grèce en 2020, dans son rapport annuel publié la semaine dernière.
Pour faire face à la pandémie de Covid-19 et à la crise des réfugiés, « le gouvernement a tenté - directement ou indirectement - de contrôler étroitement la diffusion de l'information », souligne RSF.