PARIS : Les forces de l'ordre ont procédé mardi matin à l'évacuation sous tension de la Gaîté Lyrique, lieu culturel de Paris qui était occupé depuis plus de trois mois par des centaines de jeunes migrants, selon des journalistes de l'AFP sur place.
Vers 6 heures (5 heures GMT), des membres des forces de l'ordre ont forcé les cordons formés devant le théâtre par plusieurs dizaines de militants soutenant l'occupation, dans un climat houleux, avant d'entrer à l'intérieur de l'édifice.
La députée de gauche radicale Danielle Simonnet, présente sur place, a dénoncé auprès de l'AFP une « intervention extrêmement violente ». Les forces de l'ordre ont frappé à coups de matraque alors que les « jeunes étaient en train de ranger leurs sacs » et que les manifestants étaient « très pacifiques », a-t-elle déploré.
Le préfet de police de Paris avait pris lundi un arrêté ordonnant l'évacuation rapide de ce lieu occupé depuis le 10 février par de jeunes migrants venus notamment d'Afrique subsaharienne, nombre d'entre eux - jusqu'à 450 environ - demandant à être hébergés et affirmant être des mineurs devant être reconnus comme tels.
Le préfet a invoqué un « trouble à l'ordre public » pour justifier l'évacuation. Il a promis que des solutions d'hébergement seraient proposées aux jeunes migrants et que leur situation administrative serait examinée.
« Nous, on ne tue pas, on ne vole pas. Nous sommes venus pour nous intégrer", a témoigné auprès de l'AFP Adama, se présentant comme un Ivoirien de 15 ans qui ne pouvait se rendre à son établissement scolaire ce mardi.
La Gaîté Lyrique avait annulé sa programmation culturelle depuis le 17 décembre, se disant compréhensive et dénonçant « à la fois l'occupation et l'inaction des autorités ». Une banderole, accrochée par les salariés, ornait toujours la façade de l'établissement mardi : « Gaîté Lyrique occupée. 400 vies en danger, 80 emplois menacés ».
Depuis le début, la mairie et l'État se renvoient la balle. Saisi par la ville de Paris, propriétaire de la salle de spectacles, le juge des référés du tribunal administratif avait ordonné le 13 février l'évacuation dans un délai d'un mois.
Cependant, la mairie a indiqué qu'elle ne ferait pas appel à la force publique, affirmant avoir lancé cette procédure pour forcer l'État, compétent en matière d'hébergement d'urgence, à « prendre ses responsabilités ».
L'occupation de la Gaîté Lyrique était devenue emblématique des tensions autour de la question migratoire : des militants de gauche radicale, soutenant les exilés, y faisaient face à des opposants de l'extrême droite, hostiles à leur accueil en France.
Le 28 février, le milliardaire et puissant allié de Donald Trump, Elon Musk, avait relayé sur Twitter un article du journal britannique Daily Mail sur la situation du théâtre parisien, fustigeant une « empathie suicidaire » qui, selon lui, menaçait la « civilisation ».